Il
est un domaine dans lequel l’État excelle : la
créativité sémantique.
Impôts,
taxes, contributions, redevances, ressources propres, participations,
écluses, égaient chaque année le triste horizon fiscal.
L’autre terrain d’innovation est celui des emplois aidés.
TUC, CES, CPE, CIP, emplois jeunes…
Confrontés
à la montée du chômage, les élus inventent
régulièrement une nouvelle variété d’emplois
de secours pour les trop jeunes, les trop vieux, les
peu qualifiés etc.
L’échec
de ces multiples expériences est systématiquement au
rendez-vous, mais l’ouvrage ne cesse de revenir sur le métier,
pour préparer le prochain naufrage. En répondant à une
demande artificielle, les emplois aidés finissent toujours par
s’épuiser d’eux-mêmes et la pérennité
espérée se transforme en précarité
subventionnée.
Pendant
que l’État ouvre un robinet pour arroser le sable, un acteur
tout à fait inattendu s’est imposé sur le terrain de
l’emploi de la dernière chance, jusque dans le langage
proverbial :
« Je
pourrai toujours aller travailler au Mc Do. »
Quelle
ironie de l’histoire que l’icône du capitalisme sauvage
mondialisé ultralibéral soit devenue l’ultime filet de
sauvetage que l’État n’a jamais réussi à
tisser. Le maillage territorial est dense et régulier, et
l’odieux management à l’américaine apporte en
réalité la souplesse dont ont souvent besoin les
étudiants, mères célibataires, et autres candidats
à ces jobs polyvalents.
« Venez
comme vous êtes ! »
Le
fameux slogan publicitaire vaut aussi pour le recrutement. Étudiant
cherchant un job d’appoint, jeune sans diplôme voulant miser sur
le travail et le mérite, qui gravira les échelons d’une
entreprise dans laquelle la culture de la récompense est au cœur
de la gestion des ressources humaines, et qui deviendra peut-être
responsable d’un ou de plusieurs magasins. La liberté
d’organisation et la mobilité professionnelle sont les plus forts
arguments de Mc Donald’s en matière
d’embauche, faisant du vendeur de hamburgers le premier employeur de
jeunes de France, avec 50% d’étudiants salariés.
C’est
bien le modèle de flexibilité qui donne à une entreprise
comme Mc Donald’s sa capacité
d’ajustement et de croissance, qui sera toujours plus efficace que la
planification centralisée, fut-elle animée des meilleures
intentions.
Les
conclusions ne sont pas difficiles à tirer. L’État
prélève de l’argent sur la croissance du secteur
privé pour faire moins bien que lui, faisant ainsi peser sur les vrais
créateurs d’emplois le fardeau de son incompétence.
Ronald
emploie aujourd’hui soixante mille personnes en France et crée
environ deux mille emplois par an. Une simple règle de trois confirme
avec un certain plaisir qu’une trentaine de clowns vaudraient donc
mieux pour résorber le chômage que la longue file des ministres
du travail. Mais en attendant le plein emploi, il faut manger cinq fruits ou
légumes par jour…
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