Tiers-payant,
praticiens territoriaux, maisons de santé pluridisciplinaires…
chacune des mesures exposées par Marisol
Touraine, la ministre de la santé, depuis plus d’un an et
finalisées dans la stratégie nationale de santé
présentée le 23 septembre sont toutes sous-tendues par un seul
principe : l’étatisation de la santé.
Depuis
son arrivée au ministère de la santé, il y a 16 mois de
cela, jamais Marisol Touraine n’a
caché ses intentions collectivistes, ni son rejet catégorique
de l’économie de marché.
Pour
le comprendre, il faut revenir à quelques discours fondateurs prononcés
par la ministre en 2012 qui annonçaient l’idéologie de la
stratégie nationale de santé ainsi que les principes
collectivistes que Monsieur Hollande tient à imposer au secteur
privé de la médecine.
Marisol Touraine a ainsi martelé
à longueur de discours les deux principes étatiques non
négociables qui guident son action : d’une part le service
public de santé est le ciment social de la République ;
d’autre part la santé n’est pas un marché.
Le service public de
santé est le ciment social de la République
Le
22 juin 2012, lors d’un colloque organisé par la Chaire
santé de Sciences Po et l’Institut droit et santé de
l’Université de Paris Descartes, Marisol
Touraine a expliqué le « sens profond » de la notion de
service public de santé : « Cette notion, qui fait écho
aux fondements de la République, renvoie à une certaine vision
de la société, de notre pays et du monde. Sans service public
de santé, notre devise républicaine perdrait beaucoup du sens
qui est le sien. Sans service public de santé, les valeurs de justice
ou de solidarité, qui fondent notre pacte social, seraient presque
orphelines. »
Elle
va plus loin dans son discours sur le pacte de confiance pour l’hôpital
du 7 septembre 2012 : « Notre système de santé est
au cœur de notre pacte social… Or sans pacte social, il n’y
a pas de pacte républicain ».
Qu’on
se le dise : le service public de santé est consubstantiel à la
République.
Le
service public est non négociable, rien ne peut le remettre en cause.
La
conséquence économique est claire et sans ambigüité
: le système de redistribution est gravé dans le marbre.
La santé
n’est pas un marché
C’est
la suite logique de la « sacralisation » du service public de
santé.
Le
7 septembre 2012, lors de son discours sur le pacte de confiance pour
l’hôpital, Marisol Touraine a
scandé par trois fois ce qui est le pilier central de la
stratégie nationale de santé.
Elle
a déclaré : « Parce que la santé n’est pas
un marché, je refuse de laisser les dépassements
d’honoraires devenir la règle dans certains territoires. »
Elle
a affirmé : « Parce que la santé n’est pas un
marché, l’accès aux soins d’urgence en moins de
trente minutes doit être garanti. »
Elle
a juré : « Parce que la santé n’est pas un
marché, nous ne pouvons pas laisser des pans entiers de la population
sans professionnel de santé. »
Soyons
logique : si la santé n’est pas un marché, alors nous
sortons de l’économie de marché et de la logique de
l’offre et de la demande. Il n’y aura donc qu’un service
public organisé par l’Etat qui procurera des soins réglementés
et régulés à la population. Dans un tel contexte, il ne
saurait y avoir aucune profession libérale de santé.
Cette
phrase programmatique, lourde de conséquence mais totalement
passée inaperçue il y a un an, annonçait pourtant le
monopole d’un grand service public de santé où les trois
grands domaines de la santé, l’hospitalier, l’ambulatoire
et le médico-social seraient contrôlés et
rémunérés par l’Etat.
La médecine sera
nationalisée
En
toute logique et suivant les deux principes déjà
énoncés, la loi de financement de la sécurité
sociale (LFSS) de 2013 a annoncé la création de 200 postes de
« praticiens territoriaux de médecine
générale ».
La
fonction de ces « praticiens territoriaux » – et non plus « médecins »,
la sémantique est importante, on croirait entendre «
fonctionnaires territoriaux »… - est d’apporter un appui
aux médecins généralistes proches de la retraite,
exerçant dans des déserts médicaux et avec la perspective
de leur succéder.
Ces
« praticiens territoriaux » sont de jeunes médecins sortis
de l’internat qui, ayant choisi de s’installer dans un
désert médical, bénéficieront d’une
garantie de revenus assurée par l’Etat. Marisol
Touraine avait expliqué : « Un jeune médecin doit gagner
55.000 euros dans l’année. S’il n’arrive pas
à ce plafond-là, on lui paiera la différence entre ce
qu’il a gagné et 55.000 euros, ce qui lui permet d’avoir
une forme d’assurance ».
L’instauration
de ces « praticiens territoriaux de médecine
générale » constitue le premier acte concret de
l’intégration de nos docteurs dans un grand service public de
santé où ils passeront, petit à petit, inexorablement,
de la qualité de « médecins libéraux » ayant
une clientèle à celui de « praticiens territoriaux
» rémunérés par l’Etat.
Marisol Touraine n’a pris personne en
traître. Il n’y a eu aucune surprise. Tous ces principes ont
été exposés dans des discours publics. Ce qui est
surprenant est d’entendre aujourd’hui des médecins crier
au scandale. Or, pour avoir discuté avec de nombreux médecins
notamment dans la circonscription d’élection de Marisol Touraine où elle a intensifié son
action, il est possible de conclure que les dés étaient
jetés depuis longtemps. Chacun dans la profession savait à
quelle sauce il allait être mangé.
La
vérité est qu’il n’y a jamais eu de réelles
discussions, ni même de vraies négociations. Le pouvoir en place
ne cherche aucun compromis. Les socialistes possèdent la
majorité à l’assemblée nationale, donc toutes les
lois, mêmes les plus liberticides, passeront selon le bon vouloir de
Monsieur Hollande.
Comprenez
bien, une fois pour toute, que la survie de la République sociale et
égalitaire se fera au détriment de la propriété
et du secteur privé.
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