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Sarkozy et « The Artist » : délit de récupération

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Laurent Louis d'Aumale
Published : March 22nd, 2012
896 words - Reading time : 2 - 3 minutes
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« Au-delà de la manifestation du talent éclatant de ses auteurs et de ses interprètes, le succès de The Artist témoigne de la vitalité exceptionnelle de notre cinéma et de la réussite de la politique conduite par les pouvoirs publics (…) »                                                                                                                           Nicolas Sarkozy, UMP


«Cette victoire à Hollywood est la preuve de la vitalité créative du cinéma français (…) Les politiques publiques, via le Conseil national du Cinéma (CNC), et le soutien des chaines de télévision sont nécessaires à cette création exceptionnelle »                                                                                                                           Pierre Laurent, PCF


Cherchez l’erreur. Dès l’annonce du triomphe de « The Artist » aux Oscars, les communiqués des hommes politiques ont poussé comme des champignons. Que ce soit Nicolas Sarkozy, François Fillon, François Hollande ou Pierre Laurent, ils ont tous trompété le même air : le succès international du film serait un hommage à l’exception culturelle française. Seul problème : l’exception culturelle française n’est strictement pour rien dans l’aventure de « The Artist ».


Le Ministère de la Culture eût-il été englouti par un tsunami que ce film aurait quand même vu le jour. Le plus clair des financements provient de maisons de production indépendantes. Il y a, certes, France 3. Mais rappelons que les télévisions françaises ont l’obligation, imposée par l’État, de soutenir financièrement l’industrie cinématographique. Et en l’absence de cette loi, rien ne dit qu’elles n’auraient pas spontanément coproduit une comédie proposée par un réalisateur à succès (Michel Hazanavicius) avec une immense star en tête d’affiche (Jean Dujardin). Même muette et en noir et blanc.


Les défenseurs de la « filière culturelle » n’ont visiblement pas pris la peine de se renseigner : la distribution du film dans les salles du territoire français est assurée par… la firme américaine Warner Bros. Notre Centre National du Cinéma, quant à lui, avait refusé toute avance sur recettes à « The Artist », qui en avait fait la demande. Le producteur Thomas Langmann, un brin rancunier peut-être, ne s’est d’ailleurs pas privé de le faire savoir aux journalistes. Le CNC, piqué au vif, s’est foulé d’un petit démenti officiel, brandissant plus de deux millions d’aides, mais sans préciser en quoi elles auraient consisté… Quant à l’exception française, elle n’est pas si exceptionnelle que cela puisque la très progressiste Californie, où fut tourné le film, possède aussi un système de soutien aux œuvres dont la production espérait bénéficier. Or là aussi, « The Artist » a été boudé par les financeurs publics. Mais le comble de l’absurde consiste à se féliciter de la planification culturelle au lendemain d’un triomphe made in the USA qui doit tout… à une colossale campagne de communication, orchestrée par un des nababs d’Hollywood, Harvey Weinstein. Si la cérémonie des Oscars se tenait dans un pays où la culture est planifiée, les Oscars s’appelleraient… les Césars, il y aurait tout un tas de « comédies dramatiques » avec des migrants malades surendettés, et le monde entier s’en ficherait comme d’une guigne. Dans ces conditions, si le triomphe de « The Artist » est un hommage au modèle culturel français, peut-on en déduire que l’Oscar attribué à « Une Séparation » constitue un hommage au modèle culturel iranien ?


Pour financer « le cinéma » français misérabiliste, revendicatif et assommant, il y a certes l’exception culturelle française. Mais pour financer les films, il y a les capitalistes. Dont Thomas Langmann. Un producteur unique en son genre et par sa surface financière mais qui en l’occurrence a pris un risque important. Après tout il lui était arrivé de se tromper et de perdre de l’argent. Son propre argent, à l’instar de ce qui arrive au héros du film, George Valentin. Nos hommes politiques semblent avoir des idées bien arrêtées sur le monde du cinéma. Mais il se trouve que « The Artist » nous parle justement du monde du cinéma et, chose étrange, dans cet univers dépeint avec amour par Michel Hazanavicius, il n’y a ni CNC, ni exception culturelle, ni ministère de la culture, ni subventions à gogo. Son seul critère est la loi du marché qui récompense le talent. Heureusement pour le héros, même s’il a l’accent frenchie et qu’il approche la cinquantaine, il en a à revendre. À cinquante ans, on n’est pas foutu… Comment se peut-il qu’un président de droite, dont c’est pourtant le leitmotiv, n’ait pas relevé le message foncièrement libéral et aimablement conservateur du film ? Entre la liberté et la responsabilité individuelle des deux protagonistes, l’optimisme et la bonne volonté de Peppy Miller, le courage et la loyauté sans faille du vieux majordome... il y avait fort à dire. En lieu et place, nous avons donc eu droit à un couplet sur les subventions au cinéma… Ça fait rêver.


Accompagné d’un producteur audacieux et d’un comédien inimitable, Michel Hazanavicius a eu le génie d’utiliser les dernières technologies (seul l’équipement numérique des salles, aujourd’hui généralisé, permet de projeter le film au vieux format 3/4) pour faire redécouvrir, l’espace d’un film, le charme du mime, la magie du muet, secrets de l’universalité de Charlot. Heureusement pour Michel Hazanavicius, après un tel triomphe, il n’aura plus à se poser ces questions byzantines sur le modèle culturel français. Comme il le confie à l’AFP : «L’énorme chance pour un réalisateur, c’est de devenir international (…) Vous devenez moins dépendant des modes de financement traditionnels, comme les télévisions, donc vous gagnez en liberté. Et c’est ce qu’on recherche tous».




 

 

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Laurent-Louis d’Aumale est chanteur, comédien et metteur en scène. Il est également interprète et traducteur en diverses langues : anglais, allemand, espagnol, russe… et est coauteur, avec Renaud Dozoul, de « 10 (très) bonnes raisons de restaurer la monarchie » aux éditions Muller.
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A quoi sert tant d'aigreur et de ressentiments ? La gloire et les profits iront bien à ceux qui l'ont créé et réalisé et financé. La formation des participants a bien été faite en France et donc à la charge de la société française. Un peu de recul dans les jugements éviterai probablement d'ajouter des ennemis aux indifférents originaux. Attention aux fossés de Vincennes.
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"A la charge de la société française" qu'est-ce que cette récupération de la formation qui devrait avoir un compte débiteur envers les Français?
Tous les Français bénéficient de la même école pendant la même durée (sauf ceux qui profitent plusieurs fois des mêmes classes: les gourmets!). Dès lors ils auraient une dette en retour surtout s'il y a réussite. j'ose espérer que l'auteur Philvar aura la même exigeance envers les ratés, car eux ils ont une double dette c'elle de la formation reçue et la non contribution rétroactive à la société française. On vivrait dans un monde de fous qu'on ne si prendrait pas autrement. C'est à vous dégoûter d'aller à l'école
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Raté est un terme odieux qui montre une tendance fascisante ; de plus elle permet à leurs juges de se sentir supérieurs et plus importants.
Un balayeur des rues est-il moins important qu'un technocrate imbu de sa suffisance ? Il y a un sketch de Fernand Raynaud qui prend toute sa saveur ici :
http://www.musicme.com/Fernand-Raynaud/titres/Heureux-t115704.html
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CLAUDE F. - 3/22/2012 at 4:19 PM GMT
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