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En
dépit de toutes les pressions des dirigeants européens, aucun
accord concernant la décote grecque n’a pu encore être
enregistré à Bruxelles à une heure trente du matin, ce
qu’a confirmé l’Institute of International Finance.
Voilà qui illustre le rapport de force entre les mégabanques
et les chefs d’Etat et de gouvernement, Angela Merkel
et Nicolas Sarkozy allant jusqu’à interrompre le sommet pour
négocier avec les représentants des banques dans le bureau du
président de l’Union européenne, Herman van Rompuy. Dans quel monde sommes nous
dans lequel les dirigeants de l’Allemagne et de la France doivent
composer avec les banques sans pouvoir imposer leurs vues ?
Au
terme de près d’une semaine de négociations, le
résultat reste cette nuit très maigre. Afin de sauver les
apparences, il est mis en avant l’accord intervenu à propos de
la recapitalisation des banques, devenu par la force des choses le principal
objectif du sommet, seul résultat tangible à présenter.
Le montant global qu’elle représentera sera annoncé
« en temps utile par les autorités européennes », a
précisé le ministre polonais des Finances, Jacek Rostowski, qui a poursuivi : « Il faut bien
comprendre qu’il s’agit d’une procédure
exceptionnelle [qui ne] se reproduira pas [et] ne sera pas permanente
».
Mais
Traian Basescu, le
ministre Roumain des finances, a aussitôt malencontreusement vendu la
mèche dans un couloir en déclarant « Que le montant soit
de 100 ou 200 milliards d’euros, il sera suffisant pour les six ou sept
premiers mois. S’il faut des montants supérieurs, nous en
parlerons plus tard ». L’EBA, régulateur européen
des banques, a de son côté donné le chiffre de 106
milliards d’euros, alors que la décote grecque n’a pas
été fixée, dont l’incidence sur les besoins de
recapitalisation est forte…
Tout
cela a un petit côté stress test qui ne dit pas son nom, ne
pouvant plus être crédible ! Il est par ailleurs prévu
que des garanties publiques permettront aux banques de s’assurer des
financements à moyen et long terme, le court terme étant du ressort
de la BCE, qui va par ailleurs continuer d’acheter des obligations sur
le marché secondaire.
Sur
le troisième volet du triptyque, le résultat des sommets est en
pointillé. Deux mécanismes de levée de fonds ont
été retenus dans leurs grandes lignes, comme prévu, mais
seul le premier a été accompagné d’un chiffrage
des moyens financiers qu’il permettra de mobiliser. La somme ronflante
de 1.000 milliards d’euros est mise en avant, en oubliant de signaler qu’il
s’agit d’un montant potentiel et que l’attitude des
investisseurs au montage financier qui leur sera proposé – une
garantie de leurs pertes à hauteur plafonnée de 25% du montant
de leur investissement – est une totale inconnue.
Le
second mécanisme, qui pourrait concerner la Chine, le Brésil et
la Russie, et impliquer le FMI, est totalement dans les limbes et ne pourra
pas être prêt pour être présenté au G20, sa
configuration étant à géométrie variable. On en
reste donc à l’esquisse, car presque tout reste à faire,
une fois enregistré les manifestations d’intérêt
des pays concernés, qui ont été sollicitées. On
peut seulement retenir que sa mise sur pied est indispensable, vu la surface
financière potentielle limitée du premier dispositif.
Il
est question qu’une nouvelle réunion des ministres des finances
soit organisée dans les tous prochains jours, afin de tenter de
finaliser ce qui pourra l’être.
Billet
rédigé par François Leclerc
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