Les autorit�s europ�ennes, la BCE, la Commission, les chefs Etats,
l�avaient affirm� haut et fort : la restructuration de la dette grecque
restera une exception, la premi�re et la derni�re du genre, aucun autre pays
ne b�n�ficiera d�une telle mansu�tude. Il fallait �viter la contagion, car si
chaque pays en difficult� demande une restructuration de sa dette (qui se
traduit par une perte s�che pour les investisseurs), c�est la confiance
globale dans la zone euro qui est remise en cause.
Pourtant, loin des cam�ras, et sans convoquer des � sommets de la
derni�re chance �, un autre pays a b�n�fici� d�une
restructuration : l�Irlande. Les grands m�dias n�en ont pas parl� ?
C��tait l�effet recherch�. Il est vrai que les choses �taient plus faciles
car seule la BCE a sorti son porte-monnaie, les investisseurs priv�s, qui
auraient pu se faire entendre, n��taient pas concern�s.
Le pays a b�n�fici� d�une aide de 85 milliards d�euros pour le sauvetage
de ses banques en 2009. Mais en d�cembre dernier, le gouverneur de la banque
centrale d�Irlande avait clairement fait comprendre que les �ch�ances ne
seraient pas tenues : � le d�lai de remboursement devrait �tre
consid�rablement allong� � expliquait-il sur le ton du � c�est
�a ou rien �.
Coinc�e, la Banque centrale europ�enne (BCE) a accept� (le 7 f�vrier) un
rallongement des �ch�ances moyennes (qui passent de 7 � 34 ans) et une baisse
des taux d�int�r�t. Ce faisant, la BCE renonce � 20 milliards d'euros
d'int�r�t sur dix ans. Un sacr� cadeau quand on sait que pour la Gr�ce elle
avait fait une croix sur 8 milliards d�euros d�int�r�ts. Le premier
remboursement du principal aura lieu en 2038 et le dernier en 2053, ce qui
laisse le temps � d�autres � discussions �. Bien jou� Dublin !
L�Irlande a pr�vu de revenir sur les march�s avant la fin de l�ann�e, il
fallait �viter tout psychodrame. Bien s�r, le pays fait de r�els efforts qui
commencent � payer, les exportations repartent, la croissance pr�vue pour
2013 est de 1,3%, ce qui n�est pas si mal. Mais la crise de la bulle
immobili�re n�est pas encore sold�e, les cr�dits hypoth�caires de mauvaise
qualit� sont log�s dans la bad bank NAMA (National Asset Management Agency),
soutenue par l�Etat. Les risques demeurent.
On le comprend, il ne fallait pas faire la publicit� d�un tel accord pour
ne pas d�tourner les investisseurs des dettes souveraines europ�ennes. Mais
d�j� le Portugal frappe � la porte de la BCE et explique qu�il ne voit pas
pourquoi il ne b�n�ficierait pas des m�mes arrangements que la Gr�ce et
l�Irlande. L�Espagne doit surveiller avec int�r�t les d�marches de son
voisin� Franchement, �a va finir par se savoir !