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« Sécu : comment
faire mieux » de Patrick de Casanove
Convaincre les
Français de la nécessité de changer leur système
de protection sociale est une gageure.
En effet, pendant des décennies, l’assistance de
l’État leur a été présentée comme
indispensable à leur survie, au point qu’ils ne peuvent imaginer
vivre sans elle. C’est pourtant ce défi que relève dans
un livre récent un médecin, disciple de Bastiat (*).
En
vérité, si les Occidentaux bénéficient des
meilleurs soins, explique Patrick de Casanove, ce
n’est pas grâce à la Sécu mais c’est parce
que les innovations technologiques ont permis à
l’humanité de vaincre bien des maladies et de réaliser
des exploits.
Certes, on peut dire
que le système actuel, malgré
tous ses défauts, permet
encore à la plupart des gens d’avoir accès à des
soins performants. Mais ce qu’on ne voit pas, dit Patrick de Casanove à la manière de Bastiat dans son
pamphlet Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas,
c’est qu’il est très coûteux, qu’il
n’assure pas l’atteinte de son objectif de manière
pérenne et qu’il est surtout néfaste pour le pays.
C’est sa face cachée (extrait n°1).
Par ailleurs,
écrit-il, le déficit de la Sécu n’est pas un
problème de gestion, de gaspillage ou autre, c’est un
problème de concept et de structure. Le fondement de la Sécu,
c’est une logique collectiviste qui repose sur des droits sociaux qui
sont de faux droits (voir
l’extrait n°2). Mais
aujourd’hui personne ne remet en cause ce fondement.
C’est
pourquoi, écrit l’auteur, la solution aux difficultés de
notre système de santé n’est pas dans les plans de
sauvetage de la Sécu, elle est dans l’économie de
marché. Elle seule autorise les progrès et les innovations qui
engendrent les utilités gratuites. En libérant
l’initiative privée, le marché retrouvera sa souplesse et
l’offre de soins répondra à la demande. Avec la
privatisation d’immenses secteurs, la disparition des charges et
impôts sociaux permettra d’enclencher le cercle vertueux :
diminution des dépenses publiques et des prélèvements
obligatoires, retour de la croissance et de la création de richesses (extrait
n°3).
Mais pour
parvenir à cette privatisation il faut commencer par restituer aux
individus la quasi-totalité de leurs revenus. D’où
l’insistance de l’auteur sur le salaire complet (extrait
n°4). Il faut que les hommes de l’État cessent de
considérer les gens comme des irresponsables, incapables de la moindre
prévoyance et inaptes à se prendre en charge. Ainsi, le retour
à la responsabilité individuelle et à la
propriété de sa vie est la seule solution pour assurer de
façon pérenne l’accès de chacun à des soins
de qualité (extrait n°4).
Extraits
choisis :
1° La face cachée de la
Sécu
La
plupart des Français sont attachés à la
Sécurité Sociale parce qu’ils en perçoivent les
avantages et bénéficient de ses services. C’est un fait,
que malgré tous ses défauts le système perdure et
permet, à la plupart des gens, d’avoir accès à des
soins performants. Compte tenu des sommes gigantesques investies
c’est un minimum à attendre. Même avec beaucoup
d’évaporation les montants qui parviennent aux soins restent
conséquents. Les Français en profitent, en ressentent les
effets bénéfiques et apprécient positivement ses
prestations. Ils sont dans le « ce qu’on voit » :
les avantages. Quand ils sont
gravement malades, qu’ils soient hospitalisés ou non, ils sont
pris en charge par des professionnels compétents,
dévoués et bénéficient de soins de grande
qualité. Cela les rassure, ils font confiance au système. Pour
eux la Sécu est efficace, rassurante, familière et ils ne peuvent
concevoir autre chose. Le coût ressenti est presque nul, les
formalités d’accès aux soins sont minimes et simples.
Quand ils comparent avec ce qui existe, ou ce qu’ils croient qui
existe, dans d’autres pays, ils ont le sentiment d’être des
privilégiés. Il est
logique que les Français dans leur immense majorité aient une bonne opinion de la
Sécu. Avec la Sécu ils n’ont pas l’angoisse de
l’abandon. C’est abandonner la Sécu qui serait angoissant.
Mais
la médaille a son revers. Ils
en oublient le coût. Pour l’instant beaucoup de choses
sont encore prises en charge par la Sécu. En l’absence de
Sécu, les Français ne se voient pas les prendre en charge
eux-mêmes. Ils oublient qu’ils les ont, en quelque sorte, prépayées. Ils oublient ce qu'on leur
prélève pour leur rendre ce service. Les
prélèvements sont indolores puisqu’ils sont, en grande
partie, prélevés avant que le Français ne touche son
salaire net. Une partie des prestations leur
paraît payée par d’autres. C’est la fameuse
« part patronale ». Ils ne sont pas conscients du prix
social à payer pour la Sécu. Il est socialement coûteux
en dégâts humains, par les conséquences
économiques néfastes qu’engendrent les codes, les
règlements et les charges. Cela se paie en chômage, travailleurs
pauvres, accroissement de la misère et des exclus. Il y a aussi des
dégâts en termes de santé. De plus en plus de secteurs
sont laissés à la charge
directe des patients et, malgré tout, certaines personnes ont du mal
à se soigner. Nous
revenons en fait à la chaîne du tri. Pour maintenir ces
prestations de haut niveau, bien des soins sont laissés pour compte. La
situation des soins quotidiens et courants se dégrade. Au gré des décisions
politiques, la Sécu ne prend plus en
charge les pathologies qu’elle dit peu graves, les traitements
qu’elle dit inutiles ou de confort. Restent sur le carreau ceux qui
n’ont pas « droit à ». Le système
des droits sociaux, qui sont des
faux droits, implique que pour avoir « droit à »
il faut rentrer dans des cases. Celui qui n’y rentre pas n’a
« droit à » rien !
« Sécu en
déficit » est un pléonasme, et souvent un sujet
de plaisanterie. Cela dure depuis des décennies. Force est de
constater qu’un pays aussi évolué que la France
n’arrive pas à sortir du gouffre son système de
protection sociale.
Le premier réflexe des
Français est de vouloir sauver la Sécu. Chacun, et c’est
naturel, a une idée pour y parvenir à coup sûr. Pour le
premier c’est la faute de l’hôpital, pour le
deuxième c’est la médecine de ville, pour le
troisième c’est la Sécu qui est simplement mal
gérée, puis c’est le chômage qui tarit les
recettes, ou bien ce sont les 35 heures,
ou l’industrie pharmaceutique, les étrangers, ou les arrêts de
travail abusifs et autres gaspillages etc. Si l’on suit bien, tous les
secteurs de la protection sociale sont en cause.
La
situation est tellement mauvaise que personne ne peut l’ignorer, les
organismes officiels s’en inquiètent, les médias
s’en font l’écho, le peuple murmure « Mais
que fait le gouvernement ?» Ce sont les gouvernements qui l’ont mis dans la
peine, mais le peuple est conditionné pour tout attendre du
gouvernement !
L’échec
est devenu tellement patent, que nos hommes
politiques, ont dû se fendre de plans
de sauvetage,
ne serait-ce que pour montrer qu’ils
faisaient quelque chose. Chacun des plans tord dans tous les sens un
système vicié au départ, et aboutit toujours à
l’échec. Il donne ainsi, à chaque fois, la preuve de
l’incurabilité du système qu’il est censé sauver.
2° Les
faux droits : les droits sociaux :
« La
chimère du jour est d'enrichir toutes les classes aux dépens
les unes des autres; c'est de généraliser la Spoliation sous
prétexte de l'organiser.
Or, la spoliation légale peut s'exercer d'une multitude infinie de
manières; de là une multitude infinie de plans d'organisation:
tarifs, protection, primes, subventions, encouragements, impôt
progressif, instruction gratuite, Droit au travail, Droit au profit, Droit au
salaire, Droit à l'assistance, Droit aux instruments de travail,
gratuité du crédit, etc. Et c'est l'ensemble de tous ces plans,
en ce qu'ils ont de commun, la spoliation légale, qui prend le nom de
Socialisme ».
C’est « la » faute de
conception. Ce sont de faux droits qui sont des droits de tirages des uns aux
dépens des autres. Le « Droit à »
la santé n’y échappe pas.
En
France la relation de confiance interindividuelle disparaît. Nous vivons au sein d’une
société de défiance parce qu’elle repose sur la
« spoliation légale ». Dans notre système
de santé chacun se fait soigner aux dépens d’un autre. Le
système français ne fait pas confiance aux individus pour
assurer leur couverture sociale, santé-retraite, ni venir en aide aux
plus démunis. Cette défiance, cette spoliation, dressent les
gens les uns contre les autres. Comme point de départ pour un
système de solidarité il y a mieux !
Les
Français vivent depuis des décennies dans une
société socialiste, donc de pénurie, qu’aucun
politicien ne remet en cause. Chacun est persuadé de la
véracité de la lutte des classes, que patrons et
employés sont adversaires, que l’enrichissement des uns
entraîne l’appauvrissement des autres. On fait croire que
l’entraide naturelle n’existe pas et qu’il faut contraindre
les gens à être « solidaires ». Ces
idées sont fausses mais très largement admises! Pourtant elles
sont heureusement démenties tous les jours par
l’actualité! Il suffit de regarder le nombre de personnes qui en
secourent d’autres en difficulté, parfois au péril de
leur vie, sans qu’aucune loi ne les y contraigne !
La
coopération individuelle préexiste à la loi.
Il
est un sophisme très répandu qui dit que si les personnes
avaient la liberté de choix, elles ne feraient pas le
nécessaire pour être soignées. Elles ne porteraient pas
assistance aux autres.
L’évolution
de la société humaine démontre le contraire. Si cette
société avait été dès l’origine,
uniquement conflictuelle, cela voudrait dire que les hommes ne pourraient
coopérer spontanément. C'est-à-dire qu’il n’y
aurait pas création de richesses nouvelles mais exploitation de
richesses existantes limitées. Une fois les biens préexistants
consommés il ne resterait plus rien, le groupe mourrait.Or
le degré de civilisation auquel l’humanité est parvenue
aujourd’hui montre le contraire. L’homme n’a pas eu
qu’une activité de prédation, mais une véritable
activité de création. Il a multiplié les richesses. La
condition humaine s’est améliorée et
s’améliore toujours.
L’altruisme
et la coopération spontanée sont naturels à
l’homme libre.
Ils
sont plus forts que toutes les contraintes que certains hommes inventent et
imposent à leurs semblables. La Sécu en est une.
Notre système de
Sécurité Sociale a
été conçu par une poignée d’individus.
C’est une organisation artificielle qui entraîne la contrainte,
le délire réglementaire et la spoliation légale. Cela
définit le socialisme. C’est « donne
moi ton argent, je te dirai comment le dépenser »,
ou « donne moi ta montre je te donnerai
l’heure ». La conséquence est la ruine et la
pénurie. Il n’y a pas d’exception.
Au
sens large nous considérerons comme
socialiste (collectiviste, étatique) un système reposant sur la
collectivité, l’irresponsabilité collective, le non-respect de la Propriété, la
coercition et la contrainte. Le Socialiste croit en
« l’État » parce que l’individu est
dit « incapable ».
Est
socialiste tout système vivant en totalité ou en partie de
revenus de redistribution obtenus par la contrainte. Que la structure soit la
collectivité nationale, ou une collectivité locale ; un
organisme public ou para public ; une organisation non autonome en
matériel, personnel ou finances. Une collectivité peut
être une administration, une entreprise, une association, un syndicat,
une masse guidée par une soi-disant élite
éclairée, une personnalité physique ou morale soumise au
Pouvoir. En résumé : tout ce qui n’est pas libre est
« l’État. ».
On
y trouve ceux que Pascal SALIN appelle « les
constructivistes », parce qu’ils veulent
« construire le monde à leur image ». Mais le
terme est interprété positivement par beaucoup. Il suffit de
voir l’attrait en France pour les politiques
« volontaristes ». Ces gens-là
ne construisent pas, ils détruisent, et servent un État
délétère. En fait, ce sont des
« socialistes » ou des
« collectivistes ». Quelle que soit leur situation sur
l’échiquier politique français ce sont des adeptes de la
« spoliation légale ».
Un État qui s’occupe de tout est de
prime abord rassurant. Ne pas être responsable a des avantages.
Malheureusement si le système de
sécurité sociale déresponsabilise, il ne donne aucune
sécurité. Il prend de plus en plus, rembourse de moins en
moins, personne ne sait s’il sera soigné, personne ne sait
s’il bénéficiera d’une retraite de qualité.
Les conditions et prestations changent sans cesse selon le bon vouloir des
politiciens. Les Français n’ont pas le choix.
Le système français cumule
l’insécurité juridique, l’insécurité
de prestation, la déresponsabilisation, l’absence de choix, des
lacunes, des performances relativisées par son coût
élevé. Soit beaucoup de soucis et pas de
tranquillité !
C’est le règne de l’arbitraire
et de l’insécurité sociale.
A
suivre…
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