In the same category

Semer l'inflation pour récolter la déflation

IMG Auteur
Published : February 29th, 2016
1572 words - Reading time : 3 - 6 minutes
( 1 vote, 5/5 ) , 1 commentary
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
0
Send
1
comment
Our Newsletter...
Category : Editorials

Beaucoup d'entre vous m'ont demandé de commenter sur un article écrit par Antal E. Fekete intitulé Counter-Productive Monetary Policy of the Fed.

Le sous-titre de cet article est Semer l'inflation pour récolter la déflation. Il est long de 16 pages et n'est pas facile à lire.

D'une façon générale, je suis d'accord avec Fekete. Il ne fait aucun doute que les politiques de la Fed soient contre-productives, pour un certain nombre de raisons dont Fekete ne fait pas mention.

  • La Fed crée des bulles dont l'amplitude augmente au fil du temps.
  • La Fed alimente la spéculation grâce à des politiques de refinancement qui représentent un danger moral.
  • Les politiques de la Fed bénéficient à ceux qui ont accès les premiers à la monnaie, c'est-à-dire les banques, les gouvernements et les plus fortunés, aux dépens de tous les autres.
  • La Fed est largement responsable de l'élargissement de l'écart entre les salaires dont même elle se plaint.


Voici quelques paragraphes de l'article de Fekete qui ont attiré mon attention :

 

Ma théorie selon laquelle des taux d'intérêt en baisse (contrairement à des taux d'intérêt bas, mais stables) génèrent une destruction générale du capital est, je l'admets, controversée. J'apprécierais énormément que quelqu'un de compétent et d'impartial se penche sur ma théorie et examine la supériorité de l'« auto-liquidation du crédit » sur le crédit basé sur la dette gouvernementale (qui pourrait être appelée « dette auto-perpétuée »). Nous nous pencherons ici sur trois effets destructeurs d'une baisse des taux : (a) la hausse de la valeur de liquidation de la dette, (b) la détérioration du travail en termes d'industrie, et (c) la disparition des quotas de dépréciation.

La théorie selon laquelle le prix des obligations varie inversement aux taux d'intérêt n'est pas controversée et est universellement acceptée. Elle décrit les effets d'une baisse des taux du point de vue du créditeur. Curieusement, les gens ont des difficultés à comprendre des théories équivalentes qui décrivent le même effet du point de vue du débiteur, ou plus précisément, qui expliquent que la valeur de liquidation de la dette varie également à l'inverse des taux d'intérêt.

Une baisse des taux fait notamment grimper le coût de la liquidation d’une dette avant sa maturité. La valeur de liquidation est la somme qui doit être versée par le débiteur pour rembourser sa dette avant son arrivée à maturité. Puisque cette valeur de liquidation grimpe, la baisse des taux d'intérêt alourdi le poids de la dette. Par exemple, si le taux d'intérêt est réduit de moitié, alors la règle veut que la valeur de liquidation de la dette de long terme soit doublée (sa liquidation coûte deux fois plus cher qu'avant la baisse des taux).

 

« Si le taux d'intérêt est réduit de moitié, la liquidation de la dette coûte deux fois plus cher. »

Revenons sur cette dernière phrase.

J'ai demandé à mon ami Keith Weiner s'il pouvait m'expliquer les propos de Fekete.

Il m'a répondu ceci :

 

Calculons la valeur d'une série de paiements. Supposons que vous devez payer 100 dollars par an pendant 10 ans. La valeur actualisée nette n'est pas simplement de 100 x 10 = 1 000 dollars. Chaque paiement futur doit être actualisé en utilisant le taux d'intérêt qui prévaut. Si le taux est de 10%, nous obtenons la somme de la série ainsi : 90 + 81 + 72,90... = 586 dollars. Si le taux d'intérêt est réduit de moitié et passe à 5%, la somme de cette série est de 762 dollars.

« Ahah! », vous dîtes-vous. « Ce n'est pas le double. » Non, une obligation à dix ans ne double pas avec une division des taux par deux. Mais c'est le cas pour une obligation perpétuelle.

Une autre idée développée par Fekete veut qu'au sein d'un système de monnaie papier non-échangeable, la dette ne disparaisse jamais. La monnaie elle-même, le dollar, est juste une obligation (une part de la dette du gouvernement). Quand nous remboursons une dette en or, cette dernière disparaît. Mais parce que nous ne remboursons plus nos dettes qu'en dollars, la dette ne fait qu'être transmise de mains en mains. Toutes les dettes devraient par conséquent être traitées comme perpétuelles.

Il y a un côté pratique à tout ça. Supposons que vous empruntez 1 million de dollars pour construire un restaurant, et que vos intérêts soient de 10%. Et que le taux passe ensuite à 5%. Un compétiteur pourrait construire un même restaurant et devoir rembourser bien moins. Ou il construire un restaurant plus cossu pour la même somme.

 

Le poison de la Fed

Keith Weiner discute de ces points en détails dans un article écrit pour Forbes intitulé The Fed Poisons The Market.

Le problème que j'ai avec le modèle de Fekete, c'est que je suis quelqu'un de pratique.

Bien que je sois d'accord sur le fait que la dette soit une part d'une obligation gouvernementale, et que chaque morceau de papier en existence soit une obligation, les dettes entre individus et entreprises peuvent être annulées. Keith le comprend aussi ; nous en avons discuté au téléphone.

Revenons-en encore une fois à ce passage : « Si le taux d'intérêt est réduit de moitié, la liquidation de la dette coûte deux fois plus cher. »

Commençons avec un intérêt initial d'1%. La liquidation de votre dette vous coûtera deux fois plus cher si le taux passe à 0,5%. Et une fois encore deux fois plus cher si le taux passe à 0,25%. Et une fois encore deux fois plus cher si le taux passe à 0,125%.

Les taux d'intérêt peuvent être réduits de moitié indéfiniment sans jamais atteindre zéro. Et à mesure qu'ils se trouvent réduits, la liquidation de la dette coûte indéfiniment plus cher.

Plutôt que de réduire le taux, supposons qu'il passe simplement à zéro. Que se passerait-il alors si la Fed décidait de le faire grimper ?

Selon le modèle de Fekete, il se passerait quelque chose de très curieux. Que les taux passent à 0,1%, 1% ou encore 100% n'aurait aucune importance, puisqu'une division par zéro serait appliquée, et n'importe quelle hausse depuis zéro rendrait votre dette moins chère à rembourser.

Ne confondons pas changement du pourcentage d'une obligation théoriquement perpétuelle avec ce que nous avons dans le monde réelle, où nous pouvons rembourser des dettes et nous refinancer, et ne pouvons pas (du moins pour le moment) obtenir d'obligation perpétuelle.

Dans le monde réel, réduire les taux d'intérêt de moitié de 8 à 4% a une grande importance. Réduire les taux depuis 0,2 jusqu'à 0,1% n'a pas d'importance, bien que les deux réductions de taux fassent théoriquement doubler la valeur de liquidation d’une dette.

Un aspect particulier du monde réel devrait être mentionné ici, avec lequel Fekete et Weiner seraient d'accord : Plus la Fed force les taux d'intérêt à la baisse, plus il y a de dette dans le système. La dette totale devient de plus en plus difficile à rembourser, et la Fed a de plus en plus de difficultés à faire grimper les taux.

Nous approchons rapidement d'un point où les banques centrales en général trouveront très difficile de faire grimper les taux, malgré leur bonne volonté. Le Japon en est déjà là aujourd'hui.

Acting Man nous apporte son grain de sel

J'ai transmis mon opinion à Pater Tenebrarum, du blog Acting Man. Il a dit la partager. J'ai ajouté à sa réponse quelques-unes de mes pensées, entre crochets...

 

Certaines obligations peuvent être échangées au pair avant leur maturité. Mais le fait que les obligations s'échangent à premium en raison d'un ratio rendements-maturité ou à prix réduit en raison d'une hausse du ratio rendements-maturité n'est qu'un artéfact du point de vue d'une corporation, qui se contente simplement de laisser l'obligation arriver à maturité, et de remplacer sa dette arrivée à maturité par de la nouvelle dette à des taux moins élevés.

Ce qui je pense est plus important et détruit activement le capital est le fait que les intérêts manipulés par les banques centrales ne reflètent plus les préférences temporelles d'une société. Au lieu de cela, ils envoient un mauvais signal aux entrepreneurs [ainsi qu'aux ménages et aux sociétés], qui pensent avoir plus d'épargne qu'ils n'en ont de disponible.

Les investissements sur des projets de long terme au sommet de la structure de production sont encouragés - malgré le fait que les quantités de « capital gratuit » (les fonds réels dont dispose une économie) ne soient pas suffisantes pour mener ces projets à une conclusion satisfaisante. La fracturation hydraulique en est un exemple récent. [L'explosion de la bulle sur l'immobilier est un exemple classique au cours duquel, grâce à la Fed, la spéculation a pris une telle ampleur que beaucoup ont cru en une pénurie des logements !]

Fekete dit la même chose, mais d'une manière différente et plus convolutée.

 

Conclusion

Je ne pense pas qu'il soit valide d'ajouter des formules mathématiques à tout cela, parce que les chiffres commencent à devenir abêtissants à mesure que l'on approche de zéro.

Et dans la pratique, les obligations perpétuelles n'existent pas. La dette des consommateurs et des entreprises peut être annulée même si le dollar lui-même est une dette. Deuxièmement, parce que les bulles gonflent, je ne pense pas que les dommages causés par la Fed soient linéaires.

Le point à retenir ici est que les politiques monétaires de la Fed sont extrêmement contre-productives. Fekete, Weiner, Tenebrarum et moi-même sommes tous d'accord sur ce point essentiel.

Mike "Mish" Shedlock
http://globaleconomicanalysis.blogspot.com

 

<< Previous article
Rate : Average note :5 (1 vote)
>> Next article
IMG Auteur
Mish 13 abonnés
Réflexions sur de débat de l’inflation /déflation/stagnation et autres remarques sur l’or, l’argent, les monnaies, les taux d’intérêts et les politiques monétaires affectant les marchés mondiaux.
Comments closed
  All Favorites Best Rated  
La FED est nuisible, d'accord
Mais au profit de qui ?

La BCE est nuisible, d'accord
Mais au profit de qui ?

Des mêmes ?

Qui peut faire changer çà ?

Merci
Latest comment posted for this article
La FED est nuisible, d'accord Mais au profit de qui ? La BCE est nuisible, d'accord Mais au profit de qui ? Des mêmes ? Qui peut faire changer çà ? Merci Read more
Petipolak - 3/1/2016 at 2:46 PM GMT
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS
Take advantage of rising gold stocks
  • Subscribe to our weekly mining market briefing.
  • Receive our research reports on junior mining companies
    with the strongest potential
  • Free service, your email is safe
  • Limited offer, register now !
Go to website.