Un simple coup d’œil au
graphique du prix de l’or suffit à révéler la sévérité du marché baissier qui
s’est installé depuis maintenant trois ans.
Plus alarmant encore,
même pour les investisseurs les plus durs à cuire, certains des facteurs
fondamentaux qui auraient pu forcer l’or à la hausse, comme l’affaiblissement
du dollar, se sont renversés.
Ajoutez à cela un marché
boursier de Wall Street défiant toute forme de correction, et le dédain du
grand public pour l’or, et vous pourriez ne percevoir aucune raison de
continuer d’acheter. Le marché baissier semble être là pour durer.
Mais j’ai une question.
Et même plusieurs.
Si nous sommes dans un
marché baissier…
Pourquoi
la Chine continue-t-elle d’accumuler des quantités d’or phénoménales ?
Les rapports grand
public nous disent que les importations de la Chine depuis Hong Kong sont en
baisse. C’est le cas.
Mais les importations
totales sont en hausse. Une majorité des journalistes continuent d’oublier
que la Chine importe désormais du métal directement à Pékin et Shanghai. Et
nous avons connaissance d’au moins douze banques importatrices.
Une fois ces sources
prises en compte, nous remarquons que les importations chinoises ont
fortement augmenté. Comment le savons-nous ? Parce que c’est ce que
prouvent les chiffres d’exportation des autres pays :
En 2014, la Suisse a
envoyé 153 tonnes d’or vers la Chine. Voilà qui représente plus de 50% de l’or
qui a été envoyé vers Hong Kong (299 tonnes).
Le Royaume-Uni a
également exporté 15 milliards de livres d’or sur l’année. Londres a envoyé
tant d’or vers la Chine (et vers d’autres pays asiatiques) que son marché
domestique s’est significativement amoindri.
Pourquoi
la Chine poursuit-elle son travail d’accumulation ?
C’est une tendance qui
s’intensifie. La Banque populaire de Chine prévoit aujourd’hui l’ouverture
des importations d’or aux sociétés minières qualifiées ainsi qu’aux banques
membres du SGE. Même le fabricant de pièces commémoratives China Gold Coin
pourrait recevoir une licence d’importation. Non seulement les importations
s’en trouveront accrues, les premiums baisseront, ce qui rendra les achats
plus abordables.
Preuve du bourgeonnement
de la demande, le négoce d’or sur le plus gros marché chinois excède déjà les
niveaux de l’an dernier. Entre janvier et octobre 2014, les volumes
enregistrés sur le SGE étaient de 12.077 tonnes, contre 11.614 sur l’année
2013.
La vague chinoise a pris
des proportions sans précédent – et continue de gonfler.
Pourquoi
d’autres pays accumulent-ils de l’or ?
Le Conseil mondial de
l’or a rapporté qu’au cours de l’année qui a précédé septembre 2014, la
demande en or hors Chine et Inde a été de 1.566 tonnes. Le problème, c’est
que la demande de la Chine et de l’Inde était déjà égale à la production
mondiale.
L’Inde et la Chine
représentent actuellement 3.100 tonnes d’or annuellement, et le Conseil
mondial de l’or estime à 3.115 tonnes la production d’or globale.
Malgré les tentatives
gouvernementale de baisser les importations, l’Inde a enregistré un record
d’importations d’or sur 41 mois, le pays ayant importé plus de 39 tonnes de
métal jaune pour le seul mois de novembre 2014.
Et n’oublions pas la
Russie. Non seulement la banque centrale russe continue d’acheter
agressivement sur le marché international, Moscou achète désormais
directement de l’or aux sociétés minières russes. La raison en est notamment
que les banques et courtiers du pays ne sont en raison des sanctions
américaines pas autorisés à utiliser les marchés internationaux. La Russie
n’a pas besoin d’acheter de l’or, mais continue de le faire malgré tout.
La demande globale en or
représente désormais plus que ce que peuvent produire les sociétés minières
du monde. Ces pays savent-ils quelque chose que nous ne savons pas ?
Pourquoi
les investisseurs au détail ne vendent-ils pas leurs parts SLV ?
Les investissements sur
l’ETF GLD continuent de suivre le prix de l’or, mais ce n’est pas le cas des
investissements sur SLV, qui enregistre plus d’investisseurs au détail que
GLD. Ces investisseurs ne vendent pas, alors que les investissements sur GLD
continuent de décliner.
Le prix de l’argent a
perdu 16,5% depuis le début de l’année, et les investissements sur SLV ont
grimpé de 9,5%.
Pourquoi tant
d’investisseurs refusent de vendre, et pourquoi continuent-ils d’acheter ?
Pourquoi
les ventes de métal physique enregistrent de nouveaux records ?
2013 a marqué une année
record pour l’or et l’argent acheté auprès de l’atelier monétaire américain.
Ce qui est assez haussier au vu de l’effondrement du prix de l’or et des gros
titres universellement pessimistes.
Mais 2014 est en passe
d’excéder le record établi l’année dernière, notamment pour ce qui concerne
l’argent.
- Au
mois de novembre 2014, les ventes de Silver Eagles ont représenté
3.426.000 onces, soit 49% de plus qu’en novembre 2013. Si les ventes de
décembre surpassaient 1,1 million de pièces – ce qui est une certitude –
alors 2014 marquera une nouvelle année record.
- Les
ventes de pièces d’argent de Perth Mint ont également atteint des
records au mois de novembre 2014. Ses ventes de pièces d’argent ont
grimpé jusqu’à atteindre 851.836 onces, contre 655.881 onces en octobre.
- Les
importations d’argent de l’Inde ont gagné 14% au cours des dix premiers
mois de 2014 pour atteindre un record sur la période. Les importations
indiennes ont atteint 169 millions d’onces, et ont vidé de nombreux
coffres britanniques.
L’atelier
monétaire royal canadien a annoncé une baisse de son volume de ventes de
pièces d’or et d’argent au troisième trimestre de 2014. Mais les volumes
restent historiquement élevés.
Pourquoi
des investisseurs grand public investissent-ils sur l’or ?
Les gros titres
pessimistes sont partout dans les médias grand public. Et pourtant, certains
investisseurs grand public achètent…
Ray Dalio est
responsable du plus gros hedge fund du monde, avec plus de 150 milliards de
dollars d’actifs. Comme mon collègue Marin Katusa l’explique très bien,
« quand Ray dit quelque chose, il faut écouter ».
Et Ray a récemment
alloué 7,5% de son portefeuille à l’or.
Et il n’est pas le seul.
Joe Wickwire, gestionnaire de portefeuille chez Fidelity Investments, a
expliqué la semaine dernière qu’il « pense qu’il est aujourd’hui temps
de tirer avantage du sentiment négatif de court terme sur l’or ».
Et puis il y a les fonds
de pension japonais, qui jusqu’en 2011 n’investissaient pas du tout sur l’or.
Aujourd’hui, plusieurs centaines de fonds de pension japonais investissent
activement sur le métal. Le Japon est le deuxième plus gros marché de fonds
de pension du monde.
Vendredi dernier, le
Crédit Suisse a vendu 24 millions de billets américains liés à un indice des
actions aurifères. C’est un pari qui permettra aux producteurs de rebondir.
Ces investisseurs, comme
d’autres, ne s’attendent pas à voir l’or et les actions aurifères continuer
de baisser.
Pourquoi
les pays rapatrient-ils leur métal ?
Ce n’est pas comme si le
coffre de New York n’était pas sécurisé. Celui-ci et Fort Knox comptent parmi
les infrastructures les plus sécurisées au monde. Ce qui rend les
développements suivants plus que curieux :
- Les
Pays-Bas ont rapatrié 122 tonnes (3,9 millions d’onces) le mois dernier.
- Le
Front National français a demandé à la Banque de France de rapatrier son
or depuis les coffres étrangers dans lesquels il est déposé, et
d’accroître ses actifs de 20%.
- L’Initiative
pour l’or de la Suisse, qui n’a pas passé le vote populaire, visait à ce
que l’or suisse placé à l’étranger soit rapatrié, et à ce que l’or du
pays représente 20% de ses actifs.
- L’Allemagne
a annoncé le rapatriement de ses réserves d’or, bien que le projet n’ait
pas encore été finalisé.
- La banque
centrale de Belgique réfléchirait aujourd’hui au rapatriement de ses
réserves d’or.
Qu’est-ce que l’or a de
si important qui pousse de nombreux pays à se rapprocher de leurs réserves
nationales ?
Une telle demande ne
correspond généralement pas à un marché baissier.
Avez-vous
entendu parler d’un autre marché baissier qui aurait enregistré une demande
similaire ?
Moi non plus.
Une seule explication
possible : ces partis s’attendent à voir la tendance se renverser. Vous
et moi ne sommes pas les seuls à voir la lumière au bout du tunnel.
Un
rêve de Noël devenu réalité
Notre directeur, Doug
Casey en personne, pense que l’or a atteint un cours plancher.
Je pense que le temps
est venu de remplir nos réserves et de faire l’affaire du siècle. De la même
manière que ceux d’en haut le font déjà.