Tout ce qui s’est passé depuis
2007, toutes les décisions des banques centrales, toutes les décisions politiques
relatives aux grosses banques, toutes les tendances, se sont concentrées sur
un seul problème.
Le problème du collatéral.
Qu’est-ce que le
collatéral ?
Il est un actif sous-jacent
qui est utilisé comme nantissement dans le cadre d’un arrangement financier.
Il est essentiellement une promesse. Si cet arrangement tournait mal, il
resterait possible d’obtenir un actif de valeur de la part de l’autre partie
afin de couvrir ses pertes.
Vous êtes certainement
familier avec ce concept d’un point de vue personnel : à chaque fois que
votre banque vous accorde un prêt, elle vous demande de lui présenter un
collatéral qu’elle pourrait saisir au cas où vous ne pourriez pas vous
acquitter de votre dette. Pour ce qui est des propriétés, elles sont généralement
elles-mêmes le collatéral utilisé contre le prêt immobilier qui leur est lié.
Si vous manquez de rembourser votre prêt immobilier, votre banque peut vous
saisir votre domicile pour couvrir ses pertes sur le prêt qu’elle vous a
accordé (en théorie).
En ce sens, le collatéral est
une forme d’assurance contre toute transaction financière. Il est un moyen
pour les parties impliquées de mitiger le risque lié à un prêt.
Comme vous le savez peut-être
déjà, notre système financier tout entier est basé sur de la monnaie
empruntée. Le collatéral est ce qui permet à ce système de fonctionner. Sans
lui, les institutions financières ne pourraient se faire confiance. Sans
confiance, personne ne pourrait emprunter. Et sans emprunts, de la monnaie ne
pourrait pas intégrer le système financier.
En ce sens, le collatéral est
la réalité sous-jacente du composant « imaginaire » ou
« emprunté » de l’endettement : l’actif est réel et peut être
utilisé pour garantir un accord qui n’a pas été satisfait.
Pour les firmes financières, qui
se trouvent au sommet de la chaine alimentaire corporatiste, les obligations
souveraines sont la forme suprême de collatéral.
La théorie financière moderne
dicte que les obligations souveraines ne sont pas les actifs les moins
risqués au sein du système financier (actions, obligations municipales,
obligations d’entreprise etc. sont tous inférieures aux obligations
souveraines en termes de risque). La raison en est qu’il est bien plus
probable de voir sombrer une société qu’un pays tout entier.
Pour cette raison, le système
financier occidental a vu les obligations souveraines (américaines,
allemandes, japonaises, etc.) devenir l’actif le plus utilisé comme
collatéral… avec plusieurs centaines de trillions de dollars d’arrangements.
Le marché global des produits
dérivés s’élève désormais à environ 700 trillions de dollars. C’est plus de
dix fois le PIB du monde. Et les obligations souveraines… à l’inclusion des
obligations de pays insolvables comme l’Espagne… sont le collatéral le plus
utilisé pour la garantie de ces accords.
Comment le monde en est arrivé
là ?
En 2004, les plus grosses
banques (Goldman, JP Morgan…) ont fait pression sur la SEC pour obtenir un
rehaussement de leur plafond d’endettement. En termes simples, les banques
ont voulu utiliser le même collatéral pour garantir des accords bien plus
importants. Alors qu’auparavant, une banque pouvait avoir un dollar de
collatéral pour dix dollars d’accords commerciaux, sous ce nouveau système,
elles sont capables d’avoir un dollar de collatéral pour vingt, trente voir
cinquante dollars d’accords.
Un autre composant de cette
décision a été la possibilité pour les banques d’abandonner les valeurs de
marché pour évaluer leurs titres. Cela signifie que les banques n’avaient
plus à évaluer correctement les actifs en leur possession, ou en fonction de
ce que les marchés paieraient pour en obtenir.
Les banques ont donc pu
évaluer les actifs en leur possession, à l’inclusion de leurs portefeuilles
de produits dérivés de plusieurs trillions de dollars, grâce à des modèles
internes… ou des faux-semblants.
Cette explication commence à
devenir quelque peu technique. Observons donc quelques exemples du monde
réel. Imaginez que vous disposiez de 100.000 dollars d’épargne, et qu’une
banque vous laisse utiliser ces 100.000 dollars pour acheter des millions et
des millions de dollars de biens immobiliers. Et imaginez que la banque vous
dise « nous n’allons pas faire évaluer vos propriétés indépendamment par
nos analystes, vous pouvez simplement nous dire ce que vous pensez qu’elles
valent ».
Vous pourriez potentiellement
acheter 10 millions de dollars de biens immobiliers, voire plus, avec 100.000
dollars. Mais que se passerait-il si vos propriétés perdaient 5 millions de
dollars ? Vous pourriez simplement dire à votre banque, « mes
analyses indiquent que mes propriétés valent 20 millions de dollars ».
Et la banque vous croirait et vous laisserait en acheter plus.
Voilà qui semble ridicule,
mais c’est précisément dans cet environnement que les banques opèrent depuis
2004. En conséquence, les banques américaines sont à elles-seules assises sur
plus de 200 trillions de dollars de produits dérivés. Ce sont des accords que
les banques peuvent évaluer à leur gré.
Notez également que tous les
courtiers et banques savent que les banques avec lesquelles ils passent des
accords surévaluent leurs titres. En conséquence, ces produits dérivés, comme
tous les instruments financiers, demandent à ce qu’un collatéral soit utilisé
comme garantie. Au cas où quelque chose tournait mal, l’autre partie
disposerait d’un actif capable de couvrir la perte encourue.
En conséquence, la garantie la
plus utilisée pour les plus de 700 trillions de dollars de produits dérivés
est les obligations souveraines.
Quand cela sera devenu
évident, les décisions prises par les banques centrales au cours de ces cinq
dernières années deviendront claires. Chacune d’entre elle a eu l’un de ces
deux objectifs :
1) offrir aux
banques surendettées un accès à des fonds pour répondre à leurs besoins de
financement immédiats (QE1, 2, 3 et 4 aux Etats-Unis, et Opérations de
refinancement à plus long terme 1 et 2 en Europe).
2) permettre aux
banques d’échanger du collatéral de mauvaise qualité (titres adossés à des
prêts hypothécaires) contre des fonds pouvant être utilisés immédiatement
pour acheter du collatéral de meilleure qualité (Operation Twist 2, qui a
permis aux banques de vendre leurs obligations de long terme pour acheter des
obligations de court terme).
Tout cela n’a été qu’un tour
de magie destiné à détourner notre attention du fait que le système financier
avance en terrain dangereux du fait que très peu de collatéral de qualité
soit utilisé pour garantir le marché des produits dérivés de plus de 700
trillions de dollars.
Si vous n’êtes pas encore
convaincu que les élites financières se préparent déjà à un défaut de
l’Espagne et à un effondrement du collatéral, vous devriez considérer le fait
que les grosses chambres de compensation (ICE, CEM et LCH, qui supervisent le
négoce sur le marché des produits dérivés) ont toutes commencé à
accepter l’or comme collatéral.
L’or accepté comme
collatéral pour des raisons de marges
A partir du 28 août 2012, de
l’or non-alloué (Loco London) a commencé à être accepté par LCH.Clearnet
Limited (LCH.Clearnet) en tant que collatéral pour des raisons de couverture
de marges.
Cette nouvelle addition au
collatéral est sujette au critère suivant :
Disponible aux membres de
compensation des contrats à terme de gré à gré sur les métaux précieux (LCH
EnClear, division de métaux précieux) ou des contrats sur les métaux du Hong
Kong Mercantile Exchange. Acceptable pour la couverture des marges pour tous
les marchés compensés par la Chambre et les comptes clients ségrégués.
http://www.lchclearnet.com/member_notices/cir.../2012-08-21.asp
CME Clearing Europe
accepte l’or comme collatéral
CME Clearing Europe accepte
désormais l’or physique comme collatéral, et a élargi la liste des actifs
qu’il est prêt à recevoir alors qu’à l’échelle globale, les régulateurs
poussent de plus en plus de produits dérivés vers les chambres de
compensation.
La division européenne de CME
Group Inc., qui est basée à Londres, a nommé Deutsche Bank (DBK), HSBC
Holdings Plc et JPMoegan Chase en tant que dépositaires. Les dépôts d’or
seront l’objet de frais de 15% de leur valeur marché, et d’une limite de 200
millions de dollars ou de 20% des exigences de marge initiales par membre de
compensation, dépendamment de ce qui représente la somme la moins élevée.
Cette annonce a été faite officiellement par Andrew Lamb, directeur de CME
Clearing Europe.
« Nous avons débuté avec
une palette d’obligations gouvernementales que nous commençons maintenant à
élargir. Nous sommes conscients que la demande en collatéral augmentera suite
à ce mandat de compensation. Notre décision s’inscrit dans le cadre de nos
efforts de maintenir le risque manageriel et d’offrir une meilleure
flexibilité à nos membres de compensation et à nos clients. »
http://www.bloomberg.com/news/2012-08-17/c...-demand-1-.html
Ce n’est pas une coïncidence
si cela a commencé avec la possibilité de voir apparaître un défaut de la
Grèce ou de l’Espagne. Les plus grosses chambres de compensation ont pu voir
ce qui se passait (des défauts arrivent, accompagnés d’une ruée vers le
collatéral) et s’éloignent désormais du papier (obligations souveraines) pour
se rapprocher de la monnaie physique.
Le point le plus important ici
est que les chambres de compensation perçoivent désormais l’or comme de la
monnaie. C’est un fait que nous pouvons également voir dans d’autres
articles concernant des entités qui demandent à conserver personnellement
leur or au cas où les choses tournaient mal.
Même Alan Greenspan, l’homme
qui est responsable de la crise financière de 2008, a admis que l’or est une
monnaie. Il ne pouvait bien entendu pas l’admettre avant de quitter la Fed.
Mais il est un homme qui ne sait que trop bien comment fonctionne le système
financier.
L’or est désormais une monnaie
aux yeux des entités les plus puissantes du monde. Elles n’acceptent pas
seulement de l’or comme collatéral, elles tentent ouvertement de s’assurer
soit en sûreté.
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