Si l’or n’est pas une monnaie… pourquoi les chambres de compensations pensent le contr

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Published : February 29th, 2016
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Category : Today's Editorial

Tout ce qui s’est passé depuis 2007, toutes les décisions des banques centrales, toutes les décisions politiques relatives aux grosses banques, toutes les tendances, se sont concentrées sur un seul problème.

Le problème du collatéral.

Qu’est-ce que le collatéral ?

Il est un actif sous-jacent qui est utilisé comme nantissement dans le cadre d’un arrangement financier. Il est essentiellement une promesse. Si cet arrangement tournait mal, il resterait possible d’obtenir un actif de valeur de la part de l’autre partie afin de couvrir ses pertes.

Vous êtes certainement familier avec ce concept d’un point de vue personnel : à chaque fois que votre banque vous accorde un prêt, elle vous demande de lui présenter un collatéral qu’elle pourrait saisir au cas où vous ne pourriez pas vous acquitter de votre dette. Pour ce qui est des propriétés, elles sont généralement elles-mêmes le collatéral utilisé contre le prêt immobilier qui leur est lié. Si vous manquez de rembourser votre prêt immobilier, votre banque peut vous saisir votre domicile pour couvrir ses pertes sur le prêt qu’elle vous a accordé (en théorie).

En ce sens, le collatéral est une forme d’assurance contre toute transaction financière. Il est un moyen pour les parties impliquées de mitiger le risque lié à un prêt.

Comme vous le savez peut-être déjà, notre système financier tout entier est basé sur de la monnaie empruntée. Le collatéral est ce qui permet à ce système de fonctionner. Sans lui, les institutions financières ne pourraient se faire confiance. Sans confiance, personne ne pourrait emprunter. Et sans emprunts, de la monnaie ne pourrait pas intégrer le système financier.

En ce sens, le collatéral est la réalité sous-jacente du composant « imaginaire » ou « emprunté » de l’endettement : l’actif est réel et peut être utilisé pour garantir un accord qui n’a pas été satisfait.

Pour les firmes financières, qui se trouvent au sommet de la chaine alimentaire corporatiste, les obligations souveraines sont la forme suprême de collatéral.

La théorie financière moderne dicte que les obligations souveraines ne sont pas les actifs les moins risqués au sein du système financier (actions, obligations municipales, obligations d’entreprise etc. sont tous inférieures aux obligations souveraines en termes de risque). La raison en est qu’il est bien plus probable de voir sombrer une société qu’un pays tout entier.

Pour cette raison, le système financier occidental a vu les obligations souveraines (américaines, allemandes, japonaises, etc.) devenir l’actif le plus utilisé comme collatéral… avec plusieurs centaines de trillions de dollars d’arrangements.

Le marché global des produits dérivés s’élève désormais à environ 700 trillions de dollars. C’est plus de dix fois le PIB du monde. Et les obligations souveraines… à l’inclusion des obligations de pays insolvables comme l’Espagne… sont le collatéral le plus utilisé pour la garantie de ces accords.

Comment le monde en est arrivé là ?

En 2004, les plus grosses banques (Goldman, JP Morgan…) ont fait pression sur la SEC pour obtenir un rehaussement de leur plafond d’endettement. En termes simples, les banques ont voulu utiliser le même collatéral pour garantir des accords bien plus importants. Alors qu’auparavant, une banque pouvait avoir un dollar de collatéral pour dix dollars d’accords commerciaux, sous ce nouveau système, elles sont capables d’avoir un dollar de collatéral pour vingt, trente voir cinquante dollars d’accords.

Un autre composant de cette décision a été la possibilité pour les banques d’abandonner les valeurs de marché pour évaluer leurs titres. Cela signifie que les banques n’avaient plus à évaluer correctement les actifs en leur possession, ou en fonction de ce que les marchés paieraient pour en obtenir.

Les banques ont donc pu évaluer les actifs en leur possession, à l’inclusion de leurs portefeuilles de produits dérivés de plusieurs trillions de dollars, grâce à des modèles internes… ou des faux-semblants.

Cette explication commence à devenir quelque peu technique. Observons donc quelques exemples du monde réel. Imaginez que vous disposiez de 100.000 dollars d’épargne, et qu’une banque vous laisse utiliser ces 100.000 dollars pour acheter des millions et des millions de dollars de biens immobiliers. Et imaginez que la banque vous dise « nous n’allons pas faire évaluer vos propriétés indépendamment par nos analystes, vous pouvez simplement nous dire ce que vous pensez qu’elles valent ».

Vous pourriez potentiellement acheter 10 millions de dollars de biens immobiliers, voire plus, avec 100.000 dollars. Mais que se passerait-il si vos propriétés perdaient 5 millions de dollars ? Vous pourriez simplement dire à votre banque, « mes analyses indiquent que mes propriétés valent 20 millions de dollars ». Et la banque vous croirait et vous laisserait en acheter plus.

Voilà qui semble ridicule, mais c’est précisément dans cet environnement que les banques opèrent depuis 2004. En conséquence, les banques américaines sont à elles-seules assises sur plus de 200 trillions de dollars de produits dérivés. Ce sont des accords que les banques peuvent évaluer à leur gré.

Notez également que tous les courtiers et banques savent que les banques avec lesquelles ils passent des accords surévaluent leurs titres. En conséquence, ces produits dérivés, comme tous les instruments financiers, demandent à ce qu’un collatéral soit utilisé comme garantie. Au cas où quelque chose tournait mal, l’autre partie disposerait d’un actif capable de couvrir la perte encourue.

En conséquence, la garantie la plus utilisée pour les plus de 700 trillions de dollars de produits dérivés est les obligations souveraines.

Quand cela sera devenu évident, les décisions prises par les banques centrales au cours de ces cinq dernières années deviendront claires. Chacune d’entre elle a eu l’un de ces deux objectifs :

1)   offrir aux banques surendettées un accès à des fonds pour répondre à leurs besoins de financement immédiats (QE1, 2, 3 et 4 aux Etats-Unis, et Opérations de refinancement à plus long terme 1 et 2 en Europe).

2)   permettre aux banques d’échanger du collatéral de mauvaise qualité (titres adossés à des prêts hypothécaires) contre des fonds pouvant être utilisés immédiatement pour acheter du collatéral de meilleure qualité (Operation Twist 2, qui a permis aux banques de vendre leurs obligations de long terme pour acheter des obligations de court terme).

Tout cela n’a été qu’un tour de magie destiné à détourner notre attention du fait que le système financier avance en terrain dangereux du fait que très peu de collatéral de qualité soit utilisé pour garantir le marché des produits dérivés de plus de 700 trillions de dollars.

Si vous n’êtes pas encore convaincu que les élites financières se préparent déjà à un défaut de l’Espagne et à un effondrement du collatéral, vous devriez considérer le fait que les grosses chambres de compensation (ICE, CEM et LCH, qui supervisent le négoce sur le marché des produits dérivés) ont toutes commencé à accepter l’or comme collatéral.

L’or accepté comme collatéral pour des raisons de marges

A partir du 28 août 2012, de l’or non-alloué (Loco London) a commencé à être accepté par LCH.Clearnet Limited (LCH.Clearnet) en tant que collatéral pour des raisons de couverture de marges.

Cette nouvelle addition au collatéral est sujette au critère suivant :

Disponible aux membres de compensation des contrats à terme de gré à gré sur les métaux précieux (LCH EnClear, division de métaux précieux) ou des contrats sur les métaux du Hong Kong Mercantile Exchange. Acceptable pour la couverture des marges pour tous les marchés compensés par la Chambre et les comptes clients ségrégués.

            http://www.lchclearnet.com/member_notices/cir.../2012-08-21.asp

CME Clearing Europe accepte l’or comme collatéral

CME Clearing Europe accepte désormais l’or physique comme collatéral, et a élargi la liste des actifs qu’il est prêt à recevoir alors qu’à l’échelle globale, les régulateurs poussent de plus en plus de produits dérivés vers les chambres de compensation.

La division européenne de CME Group Inc., qui est basée à Londres, a nommé Deutsche Bank (DBK), HSBC Holdings Plc et JPMoegan Chase en tant que dépositaires. Les dépôts d’or seront l’objet de frais de 15% de leur valeur marché, et d’une limite de 200 millions de dollars ou de 20% des exigences de marge initiales par membre de compensation, dépendamment de ce qui représente la somme la moins élevée. Cette annonce a été faite officiellement par Andrew Lamb, directeur de CME Clearing Europe.

« Nous avons débuté avec une palette d’obligations gouvernementales que nous commençons maintenant à élargir. Nous sommes conscients que la demande en collatéral augmentera suite à ce mandat de compensation. Notre décision s’inscrit dans le cadre de nos efforts de maintenir le risque manageriel et d’offrir une meilleure flexibilité à nos membres de compensation et à nos clients. »

http://www.bloomberg.com/news/2012-08-17/c...-demand-1-.html

Ce n’est pas une coïncidence si cela a commencé avec la possibilité de voir apparaître un défaut de la Grèce ou de l’Espagne. Les plus grosses chambres de compensation ont pu voir ce qui se passait (des défauts arrivent, accompagnés d’une ruée vers le collatéral) et s’éloignent désormais du papier (obligations souveraines) pour se rapprocher de la monnaie physique.

Le point le plus important ici est que les chambres de compensation perçoivent désormais l’or comme de la monnaie. C’est un fait que nous pouvons également voir dans d’autres  articles concernant des entités qui demandent à conserver personnellement leur or au cas où les choses tournaient mal.

Même Alan Greenspan, l’homme qui est responsable de la crise financière de 2008, a admis que l’or est une monnaie. Il ne pouvait bien entendu pas l’admettre avant de quitter la Fed. Mais il est un homme qui ne sait que trop bien comment fonctionne le système financier.

L’or est désormais une monnaie aux yeux des entités les plus puissantes du monde. Elles n’acceptent pas seulement de l’or comme collatéral, elles tentent ouvertement de s’assurer soit en sûreté.

 

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