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D’importants fonds russes auraient pris la poudre d’escampette de Chypre
pendant la semaine chaotique qui a précédé l’accord obtenu à l’arraché. Ioannis Kasoulides, le ministre
chypriote des Affaires étrangères, l’a confirmé et les filiales londoniennes
des banques chypriotes sont pointées du doigt pour avoir permis l’évasion des
fonds… d’un paradis fiscal vers un autre. La Lituanie, qui se prépare à
entrer dans la zone euro début 2014, aurait été l’un des destinataires de ces
transferts. Une commission parlementaire chypriote a demandé des noms à la
banque centrale du pays.
Le gouvernement a de son côté rendu publiques les restrictions apportées
aux retraits de fonds des banques du pays, sans indication de durée, et
annoncé la réouverture des banques demain jeudi. Même dans ce cadre, la
réaction des déposants est redoutée. La bourse grecque a aujourd’hui été très
secouée. Le destin de l’île n’est pas réjouissant, son modèle économique
cassé, ce qui d’après l’Institute of International Finance (IIF) – qui
exprime le point de vue des grandes banques internationales – nécessitera un
nouveau soutien européen tôt ou tard, car l’économie du pays va être
« en chute libre » et sa dette insoutenable en dépit des efforts
pour la limiter.
Après Chypre, à qui le tour dans la liste des paradis fiscaux européens ?
Certains se sentent visés, ou l’ont même été nommément, et réagissent sur le
ton de l’indignation vertueuse. Malte et le Luxembourg sont dans ce cas, en
raison de l’hypertrophie de leurs systèmes bancaires, critère retenu par
Wolfgang Schäuble pour justifier le lego bancaire
chypriote. Les situations n’ont rien à voir, est-il expliqué des deux côtés.
L’exposition des banques maltaises à la dette grecque ou similaire est très
limitée, annonce le gouverneur de la banque centrale maltaise, tandis que les
autorités luxembourgeoises se défendent sur le thème : « ce
secteur contribue ainsi à la compétitivité générale de tous les États
membres. Sa clientèle diversifiée, ses produits sophistiqués, sa supervision
efficace et l’application rigoureuse des standards internationaux font sa
spécificité ». Les dépôts représentent 500 % du PIB du pays.
L’annonce de Jeroen Dijsselbloem continue quant
à elle de faire son chemin. L’IFF vient sur le même thème de formuler une
mise en garde : « Selon nous, les investisseurs seraient bien avisés de
considérer la solution trouvée à Chypre (…) comme le reflet de la façon dont
les tensions seront gérées ». Pas un analyste ne croit en effet à une bourde
du nouveau chef de file de l’Eurogroupe, qui est
soupçonné d’avoir agi en service commandé du gouvernement allemand. Restés
très sages ces derniers temps, les taux obligataires se tendent à nouveau
devant cette inquiétante perspective.
Un autre éclairage de la situation du système financier vient d’être
apporté au Royame-Uni. George Osborne, le
chancelier de l’Échiquier, a dû une nouvelle fois repousser d’un an
l’objectif de la réduction de la dette publique britannique, qui continue à
augmenter en dépit (ou à cause) de trains successifs de mesures de rigueur.
Faute de mieux, il venait auparavant d’annoncer la révision du mandat donné à
la Banque d’Angleterre, afin de permettre à « la politique monétaire de
jouer un rôle plus actif pour soutenir l’économie ». De son côté, la
Banque d’Angleterre a informé que les banques britanniques allaient devoir
renforcer d’ici la fin de l’année leurs fonds propres « durs » de 25
milliards de livres (environ 30 milliards d’euros), afin d’atteindre le ratio
de 7 % requis par Bâle III. Ce véritable trou, le double de ce que les
banques prévoyaient de financer, résulte de plusieurs ajustements : les
pertes attendues sur les actifs risqués – titres immobiliers ou de la dette
souveraine de pays vulnérables – une nouvelle pondération des risques et
l’impact du coût des amendes encore à venir à propos de la manipulation du Libor et des ventes abusives de produits financiers. La
Banque d’Angleterre a également précisé que d’autres augmentations des ratios
étaient à attendre l’année prochaine, qui justifieront
un nouveau renforcement des fonds propres.
La crise politique italienne se poursuit, les consultations engagées par
Pier Luigi Bersani au nom du parti démocrate
mettant en évidence l’absence de solution. Ce qui ne pourra aboutir qu’à une
nouvelle convocation des électeurs, à condition toutefois de parvenir à
mettre sur pied un gouvernement de transition et de trouver une majorité pour
modifier la loi électorale. Une question qui semble-t-il agite plus les
partis politiques que la détérioration de la situation économique de
l’Italie… Quant à la rencontre entre Pier Luigi Bersani
et le Mouvement 5 étoiles, qui n’a pas abouti comme prévu, elle a été
diffusée en streaming en direct !
Bonne nouvelle : rien à signaler concernant la République de Saint-Marin,
la Principauté de Monaco et celle d’Andorre. Au Vatican, les affaires suivent
leur cours.
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre,
Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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