Les
événements se précipitent. On attendait la Grèce
et l’Espagne la devance. Des marées humaines ont envahi hier
soir les rues des villes espagnoles, devenues ces jours-ci le lieu permanent de
mini-manifestations à l’occasion des pause-déjeuner ou de
la sortie du travail. Aujourd’hui, au moment même où les
ministres de l’Eurogroupe adoptaient le plan
de renflouement des banques, le taux obligataire à 10 ans du pays
frise les 7,20 % et la Bourse de Madrid plongeait de plus de 5 %. Au lieu de
baisser comme prévu le taux de chômage officiel va atteindre
24,6 % fin 2012, a annoncé le gouvernement. Un plan de sauvetage
en bonne et due forme va vite s’imposer, préconisé par la
Bundesbank et des députés du Bundestag qui y voient
l’occasion de faire une brillante démonstration en
l’assortissant d’un round de plus de mesures de rigueur.
L’histoire dira sans tarder laquelle.
L’Italie
se prépare à être le domino suivant. Les principales
valeurs financières chutent autour de 5 % à la Bourse de Milan,
les banques italiennes étant gorgées de titres d’une
dette qui se déprécie au fur et à mesure que le taux
obligataire monte, arrimé à celui de l’Espagne. Le
scénario espagnol se répète en raison de
l’étroite imbrication qui s’est renforcée au cours
de ces derniers mois entre la dette publique et privée. Sans bulle
colossale immobilière, mais avec une dette publique qui ne l’est
pas moins.
La
CGIL, principale centrale syndicale, annonce une grève
générale pour septembre, date d’entrée en vigueur
d’une augmentation de 2 % de la TVA, parmi d’autres mesures
d’austérité. Au fur et à mesure que le
gouvernement de Mario Monti augmente les taxes et en crée de nouvelles
afin de résister à la diminution des recettes fiscales de
l’État, l’économie informelle se développe
sous toutes ses formes pour éviter de les payer. La province de Sicile
est au bord de la banqueroute et le maire de Palerme, Leoluca
Orlando (porte-parole de l’Italie des Valeurs – gauche)
prévient que « à cause du mélange explosif du
désespoir de nombreuses familles et de la mainmise de la
criminalité organisée, une guerre civile pourrait même
éclater ».
La
coalition gouvernementale grecque cherche fébrilement de son
côté la dizaine de milliards d’euros d’économies
qui lui manquent pour montrer patte blanche et recevoir dans les semaines
à venir des fonds indispensables pour ne pas faire défaut.
Serrant encore un peu plus la vis, la BCE vient d’annoncer
qu’elle n’accepte plus les titres de la dette grecque en
garantie.
Enfin,
contredisant les explications à la crise européenne qui voient
ses raisons dans la construction imparfaite de la zone euro, les finances
publiques britanniques continuent de se détériorer, en
dépit ou plutôt à cause du plan d’austérité
mis en œuvre. Désormais un classique du genre, les revenus
fiscaux reculent et les allocations sociales augmentent. Au lieu de diminuer,
la dette publique croît irrésistiblement et, pour se
défausser, David Cameron et George Osborne incriminent la crise de la
zone euro.
Que
font les autorités européennes ? Elles font silence.
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre, Les
CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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