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Solutions d’attente

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Published : December 30th, 2011
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Symbole de la situation, l’attente de la dégradation de la note AAA de la France, qui pourrait être suivie de celle du Royaume-Uni, se poursuit et le profond mal-être des banques se confirme.


Les dépôts au jour le jour à la BCE de ces dernières accumulent les records, en dépit d’un taux de rémunération de 0,25% inférieur au 1% payé pour emprunter les mêmes fonds. 489 milliards d’euros ont été empruntés et 452 milliards ont été déposés dans les coffres de la BCE pour la nuit de mardi à mercredi : il est plus sûr, en attente des grosses échéances de remboursement des banques du trimestre à venir, de conserver les fonds à l’abri, quitte à perdre de l’argent avec cette solution d’attente, que d’investir ici ou là. Les banques font donc le pari que le dysfonctionnement du marché interbancaire est durable, déjouant les pronostics de ceux qui les voyaient investir sur le marché obligataire ou développer le crédit à l’économie. Rendez-vous est maintenant pris au 29 février prochain, pour la deuxième opération de prêt à trois ans.


Le gouvernement italien vient certes de passer haut la main le test de deux émissions obligataires à six mois et à deux ans, qui ont vu les taux spectaculairement diminuer de moitié. Mais la mariée est trop belle et il n’est pas difficile de deviner qui sont les investisseurs de cette opération miraculeuse. Il ne faut probablement pas chercher plus loin que les banques nationales de l’Eurosystème, car il est significatif qu’en dépit d’une demande très forte, destinée à faire baisser les taux, le trésor italien n’a placé ses obligations que pour un montant s’inscrivant dans le bas de la fourchette qu’il avait annoncé. Une émission à dix ans aura lieu demain jeudi. Deux chiffres résument la précarité de la situation italienne: elle va devoir trouver 450 milliards d’euros sur le marché, dont la moitié durant les quatre premiers mois de l’année à venir, elle va continuer d’être en récession au long de celle-ci, la prévision actuelle étant une contraction de 0,4%.


Sur le départ du conseil des gouverneurs de la BCE à la fin de l’année, Lorenzo Bini Smaghi a de son côté mis les pieds dans le plat en s’étonnant des “discussions quasi religieuses à propos de l’assouplissement quantitatif, si la déflation menaçait la zone euro”. Ajoutant que la BCE avait “un devoir d’action” pour assurer la transmission de sa politique monétaire (le subterfuge inventé par Jean-Claude Trichet pour justifier les achats sur le second marché) et que si ce n’était pas le cas actuellement, il ne voyait pas pourquoi “un instrument taillé pour les caractéristiques de la zone euro ne devrait pas être utilisé” si cela changeait.


En attendant que ce tournant se réalise le cas échéant, l’application du plan “A” se poursuit, et ses conséquences ne changent pas. Emanation des mégabanques, l’Institute of International Finance (IIF) voit son rôle et autorité continuer de croître et pronostique une contraction économique de 1% de la zone euro l’année prochaine. Il se révèle plus pessimiste que l’OCDE, la Commission européenne et la BCE, dans l’attente de la révision prochaine des anticipations de la FMI, qui table encore sur 1,1%.


C’est dans ce contexte que Mario Monti, le président du conseil italien, a commenté l’adoption de son plan d’austérité, selon lui la condition préalable à un “travail énorme pour libérer l’économie italienne des freins qui depuis trop longtemps ont ralenti sa croissance”. A l’entendre, la croissance serait donc là, à l’état naturel en quelque sorte, il suffirait de supprimer les obstacles lui faisant obstacle, d’abattre les totems, suivant l’expression d’Elsa Fornero, la ministre des affaires sociales.


Fortement engagée dans les pays entrés dans la zone des tempêtes, la mise en cause de “l’État providence” se généralise progressivement. Tous les secteurs sont touchés : aides sociales, pensions, prestations maladie. Le filet de protection se rétrécit partout, au prétexte de la faible croissance et d’une évolution démographique qui n’a pas été anticipée.


Dans le laboratoire européen que représente la Grèce, la situation va de mal en pis. La troïka va revenir à Athènes le mois prochain pour faire le point, le gouvernement ne parvenant pas à remplir ses engagements et envisageant de nouvelles mesures d’austérité. “L’avenir du pays se décidera entre le 16 janvier et les deux ou trois semaines suivantes, au cours des négociations sur le nouveau programme d’aide”, a prédit Loukas Papademos, le premier ministre. Mais comment le pays pourrait-il sortir de la spirale descendante dans laquelle il a été engagé dans ces conditions ?


La même question se pose à propos de l’Espagne, qui a pour l’instant évité d’entrer dans cette logique dévastatrice qualifiée de sauvetage. La crise de la dette s’y exprime dans toute sa dimension, associant vulnérabilité du système bancaire ne pouvant plus être dissimulée et conséquences d’une austérité budgétaire sans cesse accentuée. A peine sorti de la récession début 2010, le pays s’apprête à y replonger au dernier trimestre 2011, ce qui va à nouveau peser sur un taux de chômage établi officiellement à 21%. Les conséquences de l’éclatement de la bulle immobilière sont loin d’être toutes reconnues et maîtrisées, les banques étant durement atteintes et rebelles à la solution d’une bad bank envisagée par le gouvernement.


Au Royaume-Uni, le vice premier ministre Nick Clegg a formulé ses bons vœux, tout en précisant que “l’année prochaine, chacun en Grande-Bretagne va être confronté à de nombreuses et grandes épreuves”, puis en ajoutant “mais cette mission de sauvetage de l’économie n’est pas encore terminée et nous devons encore en faire beaucoup plus”. En guise de consolation, il a conclu en faisant remarquer : « il suffit de regarder ce qui se passe à notre porte, dans d’autres pays en Europe, pour voir où l’on pourrait en être arrivés ».


La compétition au sein de l’Union européenne était au moins-disant fiscale, elle a changé de nature pour se placer sur le terrain des mesures de rigueur budgétaire. En s’y inscrivant avec autant de fougue, le malade va finir par mourir guéri.

 

 



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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Il y'a quelqu'un sur ce blog qui ne peut s'empêcher de noter négativement les articles de Mr Jorion,sans pour autant avoir quoique ce soit de pertinent à dire,montrant ainsi plus son fiel hystérique et sa lâcheté qu'une quelconque intelligence.
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"489 milliards d’euros ont été empruntés" ... Hmmm... et à qui?
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Ex nihilo bien sûr
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Elsa - 12/30/2011 at 7:01 PM GMT
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