Sommes-nous sur le point de manquer d’or ?

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Published : March 01st, 2016
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Category : Today's Editorial

Sommes-nous sur le point de manquer d’or ? La réponse à cette question est que les chances de voir l’or manquer sont précisément de zéro pourcent.

Mais ce n’est pas la conclusion qu’insinue l’article de Zero Hedge intitulé Pic de l'or? Goldman pense qu'il ne nous reste que vingt années de réserves.

Duquel sont tirés ces graphiques :

Pic de l’or

Les diamants ne durent pas toujours

L’or est-il sur le point de manquer ?

Voici ce que nous dit Zero Hedge :

Si les « réserves d’or prouvées » venaient à plonger au cours des dix années à venir, alors quelles que soient les quantités de vente de contrats à terme et les positions à découvert sur GLD de la BRI, le prix de l’or devra grimper, jusqu’à ce que nous assistions au développement de nouveaux projets miniers susceptibles de nous apporter tout autour du globe de nouvelles tonnes d’or à ajouter à nos réserves.

Et si cela ne se produisait pas, alors le pic de l’or dont nous parle Goldman a peut-être déjà eu lieu. Ce sera d’autant plus vrai si, au cours de ces prochaines années, une panique liée aux devises fiduciaires se propageait sur la planète, et si une révulsion générale face aux politiques des banques centrales forçait une ruée vers l’or dont la valeur (sinon le prix, puisque les monnaies seront redondantes) grimpera.

L’avenir reste peu clair, mais ce qui est certain, c’est que de la même manière que la découverte du prix du pétrole au cours de la décennie passée et jusqu’en automne dernier est devenue quelque peu crédible, ce qui se passera sur le secteur de l’or physique n’aura aucun impact marginal sur le prix d’une marchandise qui dispose de 100 onces de contrats papiers pour chaque once livrable. Il faudra attendre que les distorsions du prix de l’or au travers du marché dérivé soient éliminées pour que les forces de prix triviales que sont l’offre et la demande puissent reprendre le dessus.

 

L’or n’est pas sur le point de manquer

L’or n’est pas sur le point de manquer, pour la simple raison que presque chaque once qui a jusqu’à présent été produite existe toujours. En ce sens, la production minière, les achats des banques centrales, la demande en bijouterie, etc. sont essentiellement sans importance.

L’or et les idées reçues

J’ai discuté de la demande en bijoux et d’autres sujets en 2007 dans Misconceptions about Gold. L’article est indiqué comme ayant été écrit par Trotsky et édité par Mish. « Trotsky » était alors le pseudonyme de Pater Tenebrarum, du blog Acting Man.

 

Offre et demande en or

Si le prix de l’or était déterminé par la seule demande en fabrication (bijouterie et usages industriels), il ne pourrait pas possiblement s’échanger à 650 dollars l’once.

De nombreux analystes de l’or, depuis le secteur conventionnel jusqu’aux groupes plus marginaux tels que le Gold Anti-Trust Action Committee (GATA), disent pouvoir prédire l’avenir du prix de l’or en faisant l’addition de la demande annuelle en fabrication et la demande en investissement (ainsi que la demande en réduction d’opérations de couverture par les sociétés minières), et en comparant le total à l’offre annuelle (production minière, ventes des banques centrales, désinvestissement et recyclage). En clair, ils analysent le marché de l’or de la même manière que s’il s’agissait du marché du cuivre.

Il devrait être immédiatement évident que cette logique n’est pas correcte. Après tout, près de l’intégralité des réserves d’or déjà produites (entre 150.000 et 160.000 tonnes) existent toujours. L’offre potentielle est dont 97 à 98% plus importante que l’or produit chaque année (approximativement 2.600 tonnes).

 

En ce sens, il n’est pas logique d’appliquer les analyses traditionnelles de l’offre et de la demande aux tendances annualisées du marché de l’or.

Plus simplement, il y a une grande différence entre des marchandises qui sont consommées (hors résidus recyclés qui réintègrent le marché chaque année) et une marchandise dont le caractère indestructible et durable en fait une « marchandise monétaire ».

Demande en bijoux et demande monétaire

Nous pourrions illustrer le rôle unique de l’or en tant que monnaie en comparant le prix de l’or à la demande en bijoux. Si la demande en fabrication (bijouterie) est bonne pour le prix de l’or, alors une hausse historique de la demande en bijoux doit en théorie coïncider avec un prix de l’or élevé.

En revanche, le record de la demande en bijoux enregistrée en 1999-2000 a coïncidé avec le creux d’un marché baissier de vingt ans – le contraire de ce que suggèrent les analyses traditionnelles de l’offre et de la demande.

Nous pouvons donc en conclure qu’il doit y avoir une source de demande bien plus importante que celle de la bijouterie et du secteur industriel, et que cette demande constitue le facteur principal de la détermination du prix de l’or en termes de devises fiduciaires.

Cette demande est la demande monétaire. Elle représente l’offre et la demande en or qui est mieux décrite comme le « degré d’hésitation des propriétaires d’or actuels à se séparer de leur or au prix actuel » puisque, comme je l’ai dit plus haut, quelques 160.000 tonnes de métal jaune ont déjà trouvé propriétaire.

Sur le marché, l’or joue plus un rôle de devise que de marchandise. Il définit souvent les cours croisés entre les devises, tels que le cours dollar/euro, et a tendance à ignorer les analyses traditionnelles de l’offre et de la demande publiées par les médias grand public (dont le Conseil mondial de l'or, qui devrait être plus avisé).

Une hausse du prix de l’or est souvent la source d’un déclin de la demande en bijoux, ce qui est exactement ce que suggère la théorie de l’élasticité des prix. Mais dans le même temps, une hausse du prix de l’or tend à faire grimper la demande en investissement, de la même manière qu’une hausse du marché de l’action fait grimper la demande sur ce secteur.

 

Quel est le facteur qui détermine le prix de l’or sur le long terme ?

Une majorité des analystes n’ont aucune idée de l’or et des marchés de l’or. Ils citent le secteur de la bijouterie, les ventes des banques centrales et toutes sortes de facteurs superflus dans leurs rapports.

Dans une interview avec Gold Switzerland, Robert Blumen discute du facteur qui détermine le prix de l'or sur le long terme :

 

L’or est un actif. Les gens achètent de l’or pour le conserver. Le prix de l’or est déterminé à mesure que les gens équilibrent les quantités d’unités de métal supplémentaires qu’ils désirent posséder par rapport à leurs autres marchandises et devises, ou à leur consommation.

Si vous percevez un acheteur potentiel comme étant quelqu’un qui se dirait « Est-ce que je préférerais une once d’or à mes 1.800 dollars ? », sachez que la réponse à cette question diffère pour chaque personne, et pour chaque once additionnelle. Si vous n’aviez pas d’or, vous pourriez vous dire « Oui, je préfèrerais avoir une once d’or », mais une fois que vous en posséderiez une, vous dire que vous en avez suffisamment.

Du côté de l’offre se trouvent ceux qui possèdent déjà de l’or. Ils doivent se poser la question de savoir s’ils préfèreraient conserver leur once d’or ou la vendre pour en tirer 1.800 dollars. Ces 1.800 dollars peuvent ensuite être conservés sous forme de liquide ou être utilisés pour acheter une autre marchandise. Tous ceux qui possèdent de l’or sont du côté de l’offre, et ceux qui souhaitent utiliser leur argent pour acheter de l’or sont du côté de la demande.

Ceux qui possèdent déjà de l’or peuvent être actifs des deux côtés du marché. Tous ceux qui possèdent de l’or sont du côté de l’offre, non pas au prix actuel, mais à un certain prix.

Beaucoup de ceux qui ont acheté de l’or ces dernières années ne sont pas intéressés par vendre aujourd’hui, ou même pour le double du prix actuel, mais il y a toujours un niveau ou une combinaison de prix et des circonstances qui font que quelqu’un décide de mettre son or en vente – peut-être pas tout son or, mais une partie. Ceux qui se trouvent du côté de la demande se posent la même question en relation à l’or. Le marché équilibre tous ces choix, et détermine un prix qui équilibre l’offre et la demande.

 

Peut-être que ce n’est pas entièrement vrai, et que certaines quantités d’or sont entre les mains de gens qui refuseront toujours de vendre. Mais j’estime que le concept d’avocat de l’or déterminé à emporter son métal avec lui est exagéré. J’ai demandé à un membre du secteur si le marché au détail comptait plus de vendeurs que d’acheteurs. « Bien sûr que non, m’a-t-il dit. Il y a toujours des acheteurs et des vendeurs ». Après tout, quel est l’intérêt d’acheter une valeur de réserve si vous n’en utilisez jamais la valeur ?

 

Il est important de comprendre que le coût de la propriété d’or n’est pas nécessairement la quantité de monnaie que vous pourriez tirer de sa vente. Les prix ne sont qu’un moyen de quantifier les coûts réels. Le coût de la propriété d’une once d’or est l’opportunité économique que vous sacrifiez en possédant de l’or. Ceux qui possèdent de l’or se demandent tous les jours quelles sont les opportunités économiques qu’ils abandonnent en possédant leur métal, et s’ils ne préfèreraient pas convertir une once contre quelque chose d’autre susceptible de leur offrir un meilleur rendement. Si vous pouviez échanger une once d’or contre une unité du Dow Stock Average à l’époque où ce dernier rapportait 12%, alors le coût votre la propriété d’or était alors de ne pas posséder une unité du DJIA. Le coût de propriété de l’or est un coût d’opportunité, et la conversion de l’or en liquide n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres.

 

Quelles quantités d’or existe-t-il ?

Voici quelques graphiques, que nous devons à Sharelynx Gold, et qui sont tirés de mon article Swiss Gold Referendum in Perspective, dans lequel j’explique que le référendum suisse n’a eu aucune importance, si ce n’est d’un point de vue psychologique.

Production d’or annuelle

Production d’or cumulée depuis 1835

 

Réserves des banques centrales et production cumulée

Les banques centrales possédaient 31.877 tonnes du total enregistré en 2013.

 

Les achats de la Banque nationale suisse n’ont aucune importance

Il nous faut exclure les réserves des banques centrales des quantités d’or qui leur sont disponibles à l’achat. Comme je l’ai déjà dit, il est également possible de retirer les pièces rares, mais dans l’ensemble, les chiffres montrent qu’acheter « 1.800 tonnes tous les cinq ans » n’a aucune importance du point de vue des quantités d’or disponibles.

Aucune importance

En laissant de côté les facteurs psychologiques de court terme, la production minière n’a aucune importance, les achats des banques centrales n’ont aucune importance, la demande en bijoux n’a aucune importance, et les ventes de pièces n’ont aucune importance pour le prix de l’or.

Pour finir (et contrairement au pétrole), parce que tout l’or déjà produit existe encore, le concept de pic de l’or ne pourra pas se produire avant que les activités minières ne s’arrêtent complètement.

 

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Mish 13 abonnés
Réflexions sur de débat de l’inflation /déflation/stagnation et autres remarques sur l’or, l’argent, les monnaies, les taux d’intérêts et les politiques monétaires affectant les marchés mondiaux.
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