Sommes-nous sur le point de
manquer d’or ? La réponse à cette question est que les chances de voir
l’or manquer sont précisément de zéro pourcent.
Mais ce n’est pas la
conclusion qu’insinue l’article de Zero Hedge intitulé Pic de l'or? Goldman pense qu'il ne nous reste que vingt
années de réserves.
Duquel sont tirés ces
graphiques :
Pic de l’or
Les diamants ne durent pas
toujours
L’or est-il sur le point de
manquer ?
Voici ce que nous dit Zero
Hedge :
Si les « réserves d’or prouvées » venaient à
plonger au cours des dix années à venir, alors quelles que soient les
quantités de vente de contrats à terme et les positions à découvert sur GLD
de la BRI, le prix de l’or devra grimper, jusqu’à ce que nous assistions au
développement de nouveaux projets miniers susceptibles de nous apporter tout
autour du globe de nouvelles tonnes d’or à ajouter à nos réserves.
Et si cela ne se produisait pas, alors le pic de l’or dont
nous parle Goldman a peut-être déjà eu lieu. Ce sera d’autant plus vrai si,
au cours de ces prochaines années, une panique liée aux devises fiduciaires
se propageait sur la planète, et si une révulsion générale face aux
politiques des banques centrales forçait une ruée vers l’or dont la valeur
(sinon le prix, puisque les monnaies seront redondantes) grimpera.
L’avenir reste
peu clair, mais ce qui est certain, c’est que de la même manière que la
découverte du prix du pétrole au cours de la décennie passée et jusqu’en
automne dernier est devenue quelque peu crédible, ce qui se passera sur le
secteur de l’or physique n’aura aucun impact marginal sur le prix d’une
marchandise qui dispose de 100 onces de contrats papiers pour chaque once
livrable. Il faudra attendre que les distorsions du prix de l’or au travers
du marché dérivé soient éliminées pour que les forces de prix triviales que
sont l’offre et la demande puissent reprendre le dessus.
L’or n’est pas sur le point de manquer
L’or n’est pas sur le point de manquer, pour la simple
raison que presque chaque once qui a jusqu’à présent été produite existe
toujours. En ce sens, la production minière, les achats des banques
centrales, la demande en bijouterie, etc. sont essentiellement sans
importance.
L’or et les idées reçues
J’ai discuté
de la demande en bijoux et d’autres sujets en 2007 dans Misconceptions about Gold. L’article est indiqué comme
ayant été écrit par Trotsky et édité par Mish. « Trotsky » était
alors le pseudonyme de Pater Tenebrarum, du blog Acting Man.
Offre et demande en or
Si le prix de l’or était déterminé par la seule demande en
fabrication (bijouterie et usages industriels), il ne pourrait pas
possiblement s’échanger à 650 dollars l’once.
De nombreux
analystes de l’or, depuis le secteur conventionnel jusqu’aux groupes plus
marginaux tels que le Gold
Anti-Trust Action Committee (GATA), disent pouvoir prédire l’avenir du
prix de l’or en faisant l’addition de la demande annuelle en fabrication et
la demande en investissement (ainsi que la demande en réduction d’opérations
de couverture par les sociétés minières), et en comparant le total à l’offre
annuelle (production minière, ventes des banques centrales, désinvestissement
et recyclage). En clair, ils analysent le marché de l’or de la même manière
que s’il s’agissait du marché du cuivre.
Il devrait être immédiatement évident que cette logique n’est pas correcte.
Après tout, près de l’intégralité des réserves d’or déjà produites (entre
150.000 et 160.000 tonnes) existent toujours. L’offre potentielle est dont 97
à 98% plus importante que l’or produit chaque année (approximativement 2.600
tonnes).
En ce sens, il n’est pas logique d’appliquer les analyses
traditionnelles de l’offre et de la demande aux tendances annualisées du
marché de l’or.
Plus simplement, il y a une grande différence entre des
marchandises qui sont consommées (hors résidus recyclés qui réintègrent le
marché chaque année) et une marchandise dont le caractère indestructible et
durable en fait une « marchandise monétaire ».
Demande en bijoux et demande monétaire
Nous pourrions illustrer le rôle unique de l’or en tant
que monnaie en comparant le prix de l’or à la demande en bijoux. Si la
demande en fabrication (bijouterie) est bonne pour le prix de l’or, alors une
hausse historique de la demande en bijoux doit en théorie coïncider avec un
prix de l’or élevé.
En revanche, le record de la demande en bijoux enregistrée
en 1999-2000 a coïncidé avec le creux d’un marché baissier de vingt ans – le
contraire de ce que suggèrent les analyses traditionnelles de l’offre et de
la demande.
Nous pouvons donc en conclure qu’il doit y avoir une
source de demande bien plus importante que celle de la bijouterie et du
secteur industriel, et que cette demande constitue le facteur principal de la
détermination du prix de l’or en termes de devises fiduciaires.
Cette demande est la demande monétaire. Elle représente
l’offre et la demande en or qui est mieux décrite comme le « degré d’hésitation
des propriétaires d’or actuels à se séparer de leur or au prix actuel »
puisque, comme je l’ai dit plus haut, quelques 160.000 tonnes de métal jaune
ont déjà trouvé propriétaire.
Sur le marché, l’or joue plus un rôle de devise que de
marchandise. Il définit souvent les cours croisés entre les devises, tels que
le cours dollar/euro, et a tendance à ignorer les analyses traditionnelles de
l’offre et de la demande publiées par les médias grand public (dont le Conseil mondial de l'or, qui
devrait être plus avisé).
Une hausse du
prix de l’or est souvent la source d’un déclin de la demande en bijoux, ce
qui est exactement ce que suggère la théorie de l’élasticité
des prix. Mais dans le même temps, une hausse du prix de l’or tend à
faire grimper la demande en investissement, de la même manière qu’une hausse
du marché de l’action fait grimper la demande sur ce secteur.
Quel est le facteur qui détermine le prix de l’or sur le
long terme ?
Une majorité des analystes n’ont aucune idée de l’or et
des marchés de l’or. Ils citent le secteur de la bijouterie, les ventes des
banques centrales et toutes sortes de facteurs superflus dans leurs rapports.
Dans une
interview avec Gold Switzerland, Robert Blumen discute du facteur qui détermine le prix de l'or sur le long terme :
L’or est un actif. Les gens achètent de l’or pour le
conserver. Le prix de l’or est déterminé à mesure que les gens équilibrent
les quantités d’unités de métal supplémentaires qu’ils désirent posséder par
rapport à leurs autres marchandises et devises, ou à leur consommation.
Si vous percevez un acheteur potentiel comme étant
quelqu’un qui se dirait « Est-ce que je préférerais une once d’or à mes
1.800 dollars ? », sachez que la réponse à cette question diffère
pour chaque personne, et pour chaque once additionnelle. Si vous n’aviez pas
d’or, vous pourriez vous dire « Oui, je préfèrerais avoir une once
d’or », mais une fois que vous en posséderiez une, vous dire que vous en
avez suffisamment.
Du côté de l’offre se trouvent ceux qui possèdent déjà de
l’or. Ils doivent se poser la question de savoir s’ils préfèreraient
conserver leur once d’or ou la vendre pour en tirer 1.800 dollars. Ces 1.800
dollars peuvent ensuite être conservés sous forme de liquide ou être utilisés
pour acheter une autre marchandise. Tous ceux qui possèdent de l’or sont du
côté de l’offre, et ceux qui souhaitent utiliser leur argent pour acheter de
l’or sont du côté de la demande.
Ceux qui possèdent déjà de l’or peuvent être actifs des
deux côtés du marché. Tous ceux qui possèdent de l’or sont du côté de
l’offre, non pas au prix actuel, mais à un certain prix.
Beaucoup de
ceux qui ont acheté de l’or ces dernières années ne sont pas intéressés par
vendre aujourd’hui, ou même pour le double du prix actuel, mais il y a
toujours un niveau ou une combinaison de prix et des circonstances qui font
que quelqu’un décide de mettre son or en vente – peut-être pas tout son or,
mais une partie. Ceux qui se trouvent du côté de la demande se posent la même
question en relation à l’or. Le marché équilibre tous ces choix, et détermine
un prix qui équilibre l’offre et la demande.
Peut-être que
ce n’est pas entièrement vrai, et que certaines quantités d’or sont entre les
mains de gens qui refuseront toujours de vendre. Mais j’estime que le concept
d’avocat de l’or déterminé à emporter son métal avec lui est exagéré. J’ai
demandé à un membre du secteur si le marché au détail comptait plus de
vendeurs que d’acheteurs. « Bien sûr que non, m’a-t-il dit. Il y a
toujours des acheteurs et des vendeurs ». Après tout, quel est l’intérêt
d’acheter une valeur de réserve si vous n’en utilisez jamais la valeur ?
Il est
important de comprendre que le coût de la propriété d’or n’est pas
nécessairement la quantité de monnaie que vous pourriez tirer de sa vente.
Les prix ne sont qu’un moyen de quantifier les coûts réels. Le coût de la
propriété d’une once d’or est l’opportunité économique que vous sacrifiez en
possédant de l’or. Ceux qui possèdent de l’or se demandent tous les jours
quelles sont les opportunités économiques qu’ils abandonnent en possédant
leur métal, et s’ils ne préfèreraient pas convertir une once contre quelque
chose d’autre susceptible de leur offrir un meilleur rendement. Si vous
pouviez échanger une once d’or contre une unité du Dow Stock Average à l’époque
où ce dernier rapportait 12%, alors le coût votre la propriété d’or était
alors de ne pas posséder une unité du DJIA. Le coût de propriété de l’or est
un coût d’opportunité, et la conversion de l’or en liquide n’est qu’une
possibilité parmi tant d’autres.
Quelles quantités d’or existe-t-il ?
Voici quelques graphiques, que nous devons à Sharelynx
Gold, et qui sont tirés de mon article Swiss Gold Referendum in Perspective, dans lequel
j’explique que le référendum suisse n’a eu aucune importance, si ce n’est
d’un point de vue psychologique.
Production d’or annuelle
Production
d’or cumulée depuis 1835
Réserves des banques centrales et production cumulée
Les banques
centrales possédaient 31.877 tonnes du total enregistré en 2013.
Les achats de la Banque nationale suisse n’ont aucune
importance
Il nous faut exclure les réserves des banques centrales
des quantités d’or qui leur sont disponibles à l’achat. Comme je l’ai déjà
dit, il est également possible de retirer les pièces rares, mais dans
l’ensemble, les chiffres montrent qu’acheter « 1.800 tonnes tous les
cinq ans » n’a aucune importance du point de vue des quantités d’or
disponibles.
Aucune importance
En laissant de côté les facteurs psychologiques de court
terme, la production minière n’a aucune importance, les achats des banques centrales
n’ont aucune importance, la demande en bijoux n’a aucune importance, et les
ventes de pièces n’ont aucune importance pour le prix de l’or.
Pour finir (et contrairement au pétrole), parce que tout
l’or déjà produit existe encore, le concept de pic de l’or ne pourra pas se
produire avant que les activités minières ne s’arrêtent complètement.