Faute de méthode ou bien de concept, on peut dire n'importe quoi.
Mais forts de ceux-ci, on peut en dire autant.
Pour l'éviter, il convient, en particulier, de distinguer plusieurs
questions.
1. Pas de définition ou galaxie de définitions.
Il revient au même de ne pas définir un mot de la réalité ou le concept du
mot, ou de lui donner maintes définitions.
Sous prétexte qu'il est jugé qu'il y a parfois "trop" de
définitions, certains savants en arrivent à dire que la définition à
considérer est fonction du problème qu'on se pose.
La liste des concepts de chose à maintes définitions est longue en
économie politique : "valeur", "monnaie",
"coût", etc., équilibre, économie...
2. Mesure ou évaluation.
Il convient de distinguer la question de la mesure (du concept) d'une
chose et celle de sa valeur .
Evaluer une chose de la réalité n'est pas la mesurer.
On donne une valeur à la chose, objet ou service, on ne la mesure pas
nécessairement.
On peut aussi la mesurer et ne pas lui donner de valeur.
. Cas du service.
Le service, notion économique en général mal définie, pose, pour sa
part, une difficulté de mesure, et non pas de valeur.
Quand le service n'est pas mesuré par une quantité de monnaie échangée comme
tel, il l'est, en général, par la durée de temps qu'il
recouvre comme c'est le cas en théorie économique bien que la durée de
temps ne soit pas une notion d'économie politique !
On ne peut que s'en étonner.
3. Sans valeur ou de valeur nulle.
Il convient de ne pas confondre quelque chose à quoi on n'a pas donné
de valeur et quelque chose à quoi on a donné une valeur nulle.
Algébriquement, dans les deux cas, le concept de la chose n'apparaît pas
dans le résultat du raisonnement, il a disparu.
Reste qu'empiriquement, les deux situations n'ont rien à voir l'une avec
l'autre.
Et attention aux conséquences tirées de la dualité.
. Sans coût ou de coût nul.
Ainsi, un échange de marchandises à quoi on ne donne pas un coût, aspect
de sa valeur, n'est pas comparable, dans son principe, à un échange dont
le coût donné est nul.
Soit dit en passant, il en est de même d'un équilibre économique de marché
ou général, ou d'un équilibre macro économique.
Qu'on le veuille ou non, il faut savoir que ce qu'on dénomme
"monnaie" est une conséquence du coût de l'échange.
Si on suppose que le coût de l'échange n'existe pas, son implication, à
savoir ce qu'est ce qu'on dénomme "monnaie", ne saurait
exister, ni le coût de ce dernier.
Car sans coût de l'échange, il n'y a pas d'amoindrissement du coût à
rechercher, pas de moyen d'échange à trouver, pas de marchandise
intermédiaire monnaie à inventer, pas de coût de la monnaie.
D'ailleurs, si le coût de l'échange n'avait pas existé, la monnaie et a
fortiori son coût n'auraient jamais vu le jour.
4. Coût de l'échange et coût de la monnaie.
Il convient de distinguer le coût de l'échange de choses et le coût de ce
qu'on dénomme "monnaie".
Le coût de la monnaie n'est jamais qu'un élément du coût de l'échange de choses,
lui-même élément du coût de la réalité dont on parle.
Si le coût de l'échange est supposé positif, alors le coût de la monnaie
est nécessairement positif ou nul.
Si on suppose que le coût de l'échange est nul, nécessairement son
implication - à savoir la monnaie - est d'un coût nul.
a. Analyse économique.
Chaque fois qu'un économiste situe ce qu'il explique dans un contexte où
le coût de l'échange est supposé nul, il se situe donc dans un contexte de
coût inférieur au coût de la réalité où il se trouve, lui, en pratique.
Il se situe, de fait, dans une économie où le coût de la réalité est
supérieur à ce qu'il avance, mais sans apparemment s'en soucier.
Ce coût de la réalité supérieur inclut, autre particularité, des échanges
qui n'ont pas pu avoir lieu, justement à cause des coûts laissés de côté, et
que n'évoque pas toujours la théorie.
On peut considérer que l'hypothèse du coût de l'échange nul a conduit et
son rapprochement avec le coût de la réalité ont conduit leurs auteurs à
mettre le doigt sur des échanges jusqu'alors ignorés.
b. La monnaie est supposée ne pas exister.
A l'opposé, chaque fois que le savant situe ce qu'il explique dans un
contexte où le coût de l'échange existe et est positif, mais où la monnaie
est supposée ne pas exister, il se situe dans une économie où le coût de la
réalité où il se trouve en pratique est inférieur à ce qu'il avance, mais là
encore sans s'en soucier.
Ce coût de la réalité inférieur inclut des échanges qui peuvent avoir lieu
en pratique, mais dont se moque le raisonnement, la théorie. Ces
échanges en sont donc exclus.
c. La grande ambiguïté.
Reste que, dans la théorie de l'équilibre économique général ou bien dans
la théorie macro économique, où soit la monnaie est supposé ne pas exister,
soit son coût est supposé nul, on ne sait pas ce qu'il en est (cf. ce texte
de A. Marget, 1935, "The Monetary Aspects of the Walrasian System",
The Journal of Political Economy, Vol. 43, No. 2, Apr., pp.
145-186).
On est confronté à l'une ou l'autre des erreurs précédentes sans
le savoir.
Et cette ambiguïté est désolante.
Bref, le coût de l'échange n'est pas toujours supposé "nul" en
théorie économique, ainsi que le "coût de la monnaie".
Mais la nullité du coût de l'échange, supposée par certaines théories
économiques, implique celle du coût de la monnaie et non pas l'inverse
comme c'est malheureusement souvent expliqué.
Beaucoup, qui sont malheureusement écoutés, commencent en effet leur
raisonnement par la quantité de monnaie et ne la relient pas, au préalable,
aux échanges de choses.
Folles thèses, foutaises.