Je reconnais bien là notre Hubert pour qui, là encore, le savoir, la Kulture, pardon la culture, la connaissance sont des éléments fondamentaux si l’on veut ne serait-ce qu’avoir le droit de parler de l’idée d’ascenseur social.
En nivelant par le bas, en baissant sans cesse le degré d’exigence, nous formons des con-sommateurs, pas des citoyens susceptibles de faire fonctionner un « ascenseur » social et encore moins une centrale nucléaire.
L’excellence n’est pas une option. Nous avons l’obligation d’aller la chercher, et respecter les gens, les autres, c’est exiger d’eux le maximum de leurs capacités.
Maintenir la médiocrité ou la développer n’est pas un programme, encore moins de gauche !
SPORT : Ce mot sert à désigner une activité physique, le plus souvent de plein air et nécessitant généralement un entraînement. Il s’exerce sous forme de jeu ou de compétition individuelle ou collective, suivant des règles déterminées. Bien qu’emprunté à l’anglais, ce mot évoque immanquablement, pour nous Français, les Jeux olympiques modernes et son instigateur, le baron Pierre de Coubertin.
En janvier 2017, le cabinet Deloitte publiait la 20e édition de sa célèbre étude annuelle « Money Football League 2017 ». Ce document analyse finement les différentes composantes qui forment le chiffre d’affaires des clubs pour la saison 2015-2016, tel que l’origine de ses revenus, les évaluations de valeurs des joueurs… pour aboutir au classement des 20 clubs de football les plus riches du monde.
Sans surprise, les trois premiers sont… Manchester United (689 millions d’euros), loin devant le deuxième, FC Barcelona (620,2 millions d’euros), suivi de très près par son éternel rival, le Real Madrid (620,1 millions d’euros). Il est « amusant » de constater que ces trois clubs, déjà sur le podium dans la saison 1996-1997 mais dans un ordre différent (Real Madrid, FC Barcelone et Manchester United), génèrent en 2015-2016 près de deux milliards d’euros de revenus, soit sept fois plus qu’à l’époque.
Ces chiffres sont élevés, car « le foot se vend bien » et par conséquent, les montants des droits de retransmission télévisuelle grimpent en flèche, tout comme les sponsors qui suivent cette tendance. Même en Allemagne où les textes interdisent la prise de contrôle d’un club à plus de 50 % par un investisseur étranger, le Bayern Munich, avec 592 millions d’euros, attire des investisseurs comme les pétromonarchies du Golfe, des conglomérats chinois et des milliardaires américains. Bénéficiant du récent Euro 2016 de football, le nouveau patron de la société allemande Adidas, Kasper Rorsted, « annonce la couleur » en estimant les prévisions de bénéfices nets du groupe, compris entre 975 millions et 1 milliard d’euros.
Bizarre, vous avez dit bizarre ?? Cette même société Adidas a cessé de financer… l’agence antidopage allemande fin 2016 !! Mais… « Adidas restera bien sûr engagé dans la lutte contre le dopage », a déclaré le porte-parole de l’équipementier sportif. OUUUUF, me voilà rassuré.
Hacienda, vous connaissez ?
Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas suivi les aventures de Zorro à la télévision, il suffit de consulter « la bible »… Je parle ici de Wikipédia. La célèbre « encyclopédie libre » nous apprend qu’une « hacienda est une exploitation agricole de grande dimension, entourant des locaux d’habitation présentant fréquemment un grand intérêt architectural, originaire d’Espagne et plus particulièrement d’Andalousie. Elle a été importée par les Espagnols en Amérique latine, durant leur colonisation ».
L’Andalou d’adoption que je suis le sait bien, mais ce n’est pas de celle-là dont je veux vous parler. En effet, pour nous autres, Hacienda, c’est ……l’administration fiscale espagnole.
Citant l’enquête fouillée réalisée par des journalistes de Mediapart, le site Internet de la radiotélévision belge francophone (RTBF) nous apprend que Hacienda a contraint le club de foot l’AS Monaco à lui verser la « modique » somme d’environ 11,7 millions d’euros au titre de l’impôt sur les plus-values, pour la vente de trois joueurs de foot en Espagne.
Hélas, il y a bien longtemps que les joueurs de foot, comme d’autres sportifs de haut niveau d’ailleurs, sont traités comme un produit purement financier. En cette période où les liquidités déversées par les banques centrales cherchent du rendement et quand parallèlement un joueur parisien, Edinson Cavani, voit sa « valeur marchande » augmenter de 437 %, durant ses deux dernières saisons à Naples. Quand celle du Madrilène Gareth BALE s’envole de 680 % au cours de ses six années passées au club de Tottenham, quel investisseur tournerait le dos à de tels bénéfices ? C’est mieux que les 1,8 % (avant les prélèvements sociaux de 15,5 %) que vous rapporte votre contrat d’assurance vie, non ?
C’est là qu’entrent en scène des sociétés comme Gestifute, ou bien la société XXIII Capital, ou encore l’Internationales Bankhaus Bodensee AG, sans oublier le fonds d’investissement Doyen Sports Investments limited. Toutes ces entités ont comme activité le négoce de parts de footballeurs professionnels. Vous avez bien lu : des PARTS de footballeurs. Elles permettent à des clubs qui n’en ont pas les moyens d’acheter des joueurs et/ou de les conserver tout en lui revendant ses droits.
Le montage est « simple » :
- un club A vend un joueur à un club B, le montant du transfert est payable en plusieurs fois ;
- le club B ne payant pas au moment prévu, A revend la créance à une société financière (par exemple XXIII Capital) ;
- A touche immédiatement le montant total du transfert, moins la commission de la société financière ;
- celle-ci fait son affaire de récupérer l’argent auprès du club B.
Là où « ça sent le déjà-vu », c’est que cette société financière mélange les différentes dettes qu’elle a rachetées aux clubs avec lesquels elle travaille régulièrement (dont certains sont moins solvables que d’autres, évidemment) au sein d’un produit financier « asset backed securities » qu’elle revend à la découpe. Voilà comment les dettes d’un club de foot français se retrouvent cotées en Bourse aux îles Caïmans (paradis fiscal, si je ne m’abuse et je ne m’abuse pas si souvent !!) et potentiellement, j’ai bien dit « potentiellement », achetées par… allez, soyons fous, je me lance… votre compagnie d’assurance vie !! Bien sûr que je fabule, c’est évident que je fabule, tout cela est parfaitement impossible… Quoique !! Je vous propose de relire le paragraphe « Les crédits dérivés : du BISTRO aux CDS et aux CDO » de mon billet du 13 avril 2012… Bis repetita placent.
Vous avez aimé Panama papers dont je vous ai relaté certains des dessous dans mon billet du 14 mai dernier ? Vous allez adôôôôrer le Football Leaks.
Un « mystérieux John », qui serait un jeune portugais polyglotte, qui parlerait russe et porterait jeans et tee-shirt été comme hiver, a transmis en avril 2016 à l’hebdomadaire Der Spiegel 18,6 millions de documents confidentiels (contrats, factures, comptes bancaires, emails, etc.) appartenant à Doyen Sport. Il met en ligne lui-même ses révélations en créant le 29 septembre 2015 le site Football Leaks, hébergé par des serveurs russes. Il veut, écrit-il, nettoyer « ce sport que nous aimons tant » des parasites qui l’ont pourri. Douze journaux européens regroupés au sein du nouveau réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC), dont Mediapart est l’un des membres fondateurs, révèlent à partir du vendredi 2 décembre 2016 l’opération Football Leaks, la plus grande fuite de l’histoire du sport. Je renvoie mes lecteurs intéressés par cette passionnante enquête, très fouillée, c’est leur marque de fabrique, au site de Mediapart.
L’émoi provoqué par « l’affaire des paris truqués dans le handball français » en 2012 est heureusement maintenant loin de nous. C’est peut-être la pratique de ce merveilleux sport dans ma jeunesse qui me fait terminer ce billet sur une note beaucoup plus positive.
Alors que nombre de notre personnel politique nous rebat les oreilles avec « l’ascenseur social », savez-vous que la Fédération française de handball a conclu un partenariat avec une société privée spécialisée dans le soutien scolaire, pour procurer aux jeunes joueurs une solide base de connaissances générales. Malgré un bon niveau sportif, l’accès à l’équipe de France de handball est impossible sans un sérieux socle de connaissances.
En France, contrairement à des pays comme les États-Unis, il est très difficile de conjuguer réussite scolaire et sportive. Dans d’autres sports comme le football, la partie scolaire n’est pas jugée comme importante ou indispensable. Un joueur peut être très bon sur le terrain et ne pas savoir lire. En ce qui concerne le handball, l’accès à l’équipe première n’est pas possible sans une bonne éducation. La Fédération associe l’exigence éducative et sportive. Et le directeur général d’Acadomia de conclure dans les colonnes d’Atlantico.fr : « Quand on regarde les résultats de l’équipe de France de handball depuis vingt ans, sa gestion passe par la responsabilité et l’autogestion de chaque joueur. Les racines de cette autonomie viennent de l’éducation. »
Chers lecteurs, je vous aime et vous salue.
Hubert Boeltz