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La stéganographie, qu’est-ce ? Ce terme de
prime abord hermétique ne signifie rien d’autre que
« l’art de la dissimulation de communication. Son objectif
est de pouvoir dissimuler des données qui doivent être tenues
secrètes dans un support paraissant anodin. Ces données ne
doivent pouvoir être récupérées que par une
personne ayant connaissance de l’algorithme utilisé pour la
dissimulation ».
Internet est
un outil rêvé pour ceux qui souhaiteraient s’adonner
à un tel art. La stéganographie
s’est développée de cette façon. De nombreuses
entreprises (Windows, Linux, Mac) proposent ainsi des logiciels permettant de
stéganographier les documents.
Les forces policières
sont très attentives à la stéganographie
au point d’avoir même mis en place de véritables
unités d’investigation en la matière. Il est vrai
qu’Al-Qaïda, pour ne citer qu’elle, avait une maîtrise
magistrale de la stéganographie. Toutefois,
le risque d’atteinte à la liberté et à la
confidentialité des données est, de ce fait, bafoué, de
nombreuses personnes – physiques et morales – étant
attachées à ce secret et voulant se servir d’Internet comme
d’une sorte de « cyber-coffre », ce qui n’a
rien d’illégitime. Les forces policières invoqueront, de
leur côté, l’atteinte à la sécurité,
voire à la souveraineté.
Il est vrai
qu’Internet représente un terrain de jeu rêvé pour
les terroristes
et les fraudeurs de
tout poil. Dans un tel contexte, un grand nombre de personnes, de plus en
plus inquiètes face à une supposée absence
de cadre juridique de ce moyen de communication, réclament une
réglementation.
Toutefois, les
gouvernements, sous le prétexte de la protection de la
sécurité des réseaux, en ont surtout profité pour
mettre le Net sous
surveillance. Le décret publié au Journal officiel de la
République française du 1er mars 2011 en
était la preuve flagrante puisqu’il contraignait les
fournisseurs d’accès à Internet, les hébergeurs et
prestataires de services Web et de réseaux sociaux à conserver les
données permettant d’identifier les personnes allant sur le Net.
L’objectif était bien évidemment de lutter contre la
cryptographie et la stéganographie abusives.
L’État
français s’est, de la sorte, opposé au Parlement
européen qui, dès juillet 2001, avait refusé la
conservation des traces de connexion au juste motif que cela reviendrait
à « donner carte blanche dans l’intrusion dans la vie
privée des citoyens, en dérogation des droits de l’homme
et des libertés fondamentales ». Le 11 septembre 2001 a tout
changé et instauré, en France comme à
l’étranger, un climat nauséabond de dérive
sécuritaire, particulièrement bien illustré par les
propos du sénateur socialiste, Michel Dreyfus-Schmidt :
« Il y a des mesures désagréables à prendre
en urgence, mais j’espère que nous pourrons revenir à la
légalité républicaine avant la fin 2003 ».
Le changement de majorité ne
s’accompagna d’aucune rupture en la matière, le duo Estrosi-Sarkozy gravant dans le marbre, en cette
année 2003, le principe de surveillance préventive des
internautes. La loi
HADOPI ne fera que parachever cette triste évolution. Et,
malheureusement, comme le rappelle Philip Zimmermann, les grands perdants de
ces diverses législations ne seront pas les pirates du Web qui
trouveront toujours un moyen de les contourner. Non, ce seront les
honnêtes internautes, dépassés par ce cadre juridique de
plus en plus complexe. Ces lois ne peuvent qu’encourager la stéganographie malsaine puisque, quoi qu’il
arrive, les utilisateurs d’Internet seront surveillés à
la loupe par les autorités sécuritaires du Web.
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