Les bons
résultats des banques européennes lors des « stress
tests » de juillet 2011 n’ont pas ramené le calme sur
les marchés. Le choix de ne pas tester le scénario d’un
défaut de paiement de l’État grec a renforcé
l’inquiétude des investisseurs et un vent de panique souffle sur
la zone euro, même si le dernier sommet européen semble les
avoir calmés pour un temps.
« Le système bancaire français
est solide. Il faut y voir le signe d'une gestion des risques solide (...) et
de la solidité du système de banque universelle »,
a déclaréle ministre français
des Finances François Baroin, qui ne cachait pas sa
satisfaction au lendemain de la publication du résultat des stress
tests le 15 juillet. Menée par l’Autorité des banques
européenne (EBA), cette batterie d’épreuves devait
prouver aux investisseurs la bonne santé des banques
européennes et mettre fin au capharnaüm qui secoue la zone euro.
Bilan honorable, a
estimé l’EBA au terme de différents scénarios catastrophes :
seuls huit établissements sur 90 ont échoué à
conserver un ratio de fonds propres supérieur à 5% par rapport
à leurs actifs. Treize autres se sont trouvé à la
limite, entre 5 et 6%, mais ont tout de même réussi
l’« examen ».
De quoi calmer, enfin, la
fébrilité des investisseurs, pensait-on. En vain, hélas.
Ces tests n’ont en rien rassuré les marchés. Pire,
immédiatement après leur parution, les banques
européennes connaissaient leurs pires résultats depuis les huit
derniers mois et leur cours en bourse dégringolait de près de
3%.
Dans le même temps,
l’Italie et l’Espagne ont vu leurs taux d’emprunt à
10 ans grimper à 6 et 6,4%. La sévérité des
critères de contrôle avait pourtant été renforcée.
Mais les stress tests ont tout simplement
« oublié » d’inclure
l’hypothèse d’un défaut de paiement de la dette
souveraine grecque dans les scénarios de test. Et étant
donné l’imminence d’une telle situation, c’est la
crédibilité de l’EBA qui a été mise en
cause.
Un
éléphant au milieu du salon.
Tant
de bruit pour rien ? Sans doute pas. Ces tests ont poussé les banques qui participaient à divulguer des informations sur
leurs avoirs sous forme de dettes souveraines. Cela devrait permettre aux
analystes d'identifier les établissements qui sont les plus
exposés à la crise en domino de la zone euro. Sur les 200 milliards de dette
espagnole, portugaise et grecque, près de 30
milliards sont détenus par les banques des autres pays
européens, au premier rang desquels l’Allemagne (9%), la France
(8%), Chypre (6%) et la Belgique (4%). Par ailleurs, en dehors de la dette
publique, l’exposition des banques étrangères aux
établissements financiers grecs atteint 17,2 milliards d’euros de
plus.
D’autre part, les résultats de ces tests devraient également encourager
certaines banques à augmenter leur capitalisation : certaines ont
d’ores et déjà levé près de 50 milliards d’euros
entre janvier et avril cette année, ce qui a permis à celles qui avaient mal
réussi les stress tests en novembre 2010 de mieux s’en sortir en
juillet 2011
Mais
tant que le scénario du défaut de paiement de la Grèce
ne sera pas testé, il sera difficile d’estimer le risque pour la
zone euro et de calmer l’inquiétude des investisseurs. La
faillite grecque est pourtant l’éléphant dans le salon
que les dirigeants des États européens ne veulent pas voir.
Malmenée par les crises grecque, irlandaise, portugaise, espagnole,
italienne, puis grecque à nouveau, la zone euro doit finalement
s’y résoudre : l’hypothèse d’un
défaut de paiement de l’un de ses membres ne peut plus
être exclue.
Sommet
après sommet, l’Union monétaire européenne glisse
inexorablement vers une telle issue. Et les soubresauts boursiers qui ont
fait écho aux différentes annonces de plan de sauvetage
tiennent plus, pour le moment, à des mouvements spéculatifs
qu’à une sérénité retrouvée sur les
marchés. Preuve que la réponse politique n’est pas la
hauteur de la situation. Ce n’est d’ailleurs que sous la pression
allemande que la France s’est ralliée à un nouveau plan
de sauvetage qui envisage un défaut de paiement grec. Certes, on ne
parle pour le moment que d’un défaut de paiement « sélectif »,
mais le plus dur est fait.
La
formule « sauvetage de l’euro » a vécu. À
la lumière de la crise actuelle, il est de plus en plus manifeste que
ce n’est pas tant la monnaie que les vieux États-providence
ruinés que les dirigeants européens tentent de sauver. En la
matière, hélas, ils auront toujours un plan de retard sur les
marchés.
Benoit Toussaint
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