Les cycles, les cycles, on ne parle que de ça. Nous avons déjà évoqué
l’état actuel du cycle économique américain en expliquant pourquoi nous
pensons qu’il devrait encore se poursuivre, même s’il est plus avancé qu’en
Europe. Cependant, les cycles économiques ne sont pas les seules créatures
qui vivent dans le zoo économique. Dans la macroéconomie moderne, elles sont
simplement les plus populaires.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les cycles économiques ont
duré en moyenne 6 années. Les économistes ont également identifié des cycles
plus courts, appelés cycles Kitchin, qui sont censés être provoqués par la
réaction tardive des entrepreneurs aux signaux du marché (au niveau de l’accumulation
et de la réduction des stocks), et qui durent en moyenne 40 mois. La
typologie des cycles identifie également des périodes plus longues : le cycle
de Kuznets et le cycle de Kondratiev. Le premier est provoqué par les
investissements dans les infrastructures et dure de 15 à 25 ans, tandis que
le second est lié aux changements technologiques et dure de 45 à 60 ans. Vu
que le cycle de Kuznets est parfois considéré comme une composante du cycle
de Kondratiev, nous allons nous focaliser sur ce dernier.
L’idée des super-cycles a été développée en 1925 par l’économiste russe
Nikolaï Kondratiev. Il a identifié 3 phases au sein de ces cycles. Selon lui,
leurs moteurs sont les changements sociaux (modification des inégalités,
opportunités). Néanmoins, sa théorie a été affinée au fil du temps, ce cycle
est divisé en 4 « saisons » :
- Printemps : revirement économique, l’innovation
technologique favorise la productivité, l’inflation est basse, les
marchés actions grimpent tandis que la confiance est encore basse
(reliquat de l’hiver).
- Été : ralentissement économique accompagné d’une
inflation élevée et d’un marché boursier en baisse. Cette phase se
termine souvent en conflits.
- Automne : phase de plateau qui se caractérise par
la fièvre spéculative, la croissance économique financée par la dette,
la désinflation et un niveau élevé de confiance.
- Hiver : phase durant laquelle la capacité
excédentaire est réduite par la déflation et la dépression économique.
La dette est remboursée ou répudiée. Les marchés actions s’effondrent
tandis que le chômage de masse et les conflits sociaux s’ensuivent.
Joseph Schumpeter a particulièrement modifié le concept original en liant
les cycles aux innovations. Leur accumulation débouche sur des révolutions
technologiques qui transforment les sociétés et déclenchent le cycle de
Kondratiev.
5 révolutions de ce type ont eu lieu durant l’histoire des économies
capitalistes modernes :
- La révolution industrielle, qui a démarré vers 1771 ;
- L’âge de la vapeur et du rail (1829) ;
- L’âge de l’acier et de l’ingénierie massive (1875) ;
- L’âge du pétrole, de l’électricité, de l’automobile et
de la production de masse (1908) ;
- L’âge de l’information et des télécommunications (1971).
Le graphique ci-dessous met en exergue les 3 derniers cycles, qui
correspondent de façon approximative au ratio cours/bénéfice inversé sur 10
ans du S&P 500. Lorsqu’une nouvelle technologie entre en scène, le
rendement moyen commence à augmenter. Lorsqu’elle approche ses limites, le
rendement baisse.
Nous sommes actuellement dans le 5e âge, mais la 6e révolution technologique
arrive. Préparez-vous à l’âge de la cybernétique, de la haute technologie et
de l’énergie propre. Songez à tous ces progrès : les nanotechnologies, la
biotechnologie, les énergies renouvelables, l’apprentissage machine,
l’intelligence artificielle, l’impression 3D, l’Internet des objets, la
robotique, les véhicules autonomes, etc.
Et l’or dans tout ça ?
Ok, les robots c’est cool, mais quel est le rapport avec l’or ? Eh bien,
chaque nouveau cycle long offre de nouvelles méthodes pour faire les choses
de façon plus efficace, pour augmenter la productivité et doper la
croissance. Certains économistes expliquent la grande récession et la reprise
timide que nous connaissons par le fait que nous arrivons aux limites de la
technologie actuelle. Donc, lorsque la 6e révolution se manifestera, l’or
pourrait souffrir.
Cependant, les aficionados du métal jaune ne doivent pas désespérer. La
diffusion de la technologie prend du temps, et cela se fait souvent dans la
douleur. Les innovations technologiques débouchent sur des changements
sociaux, ce qui peut créer des conflits ou même des guerres (les nouvelles
technologies donnent le pouvoir à certaines personnes de remettre en cause
les élites du passé). Certains analystes affirment que le 3e cycle a en fait
atteint son pic durant la Première Guerre mondiale pour prendre fin durant la
Seconde Guerre mondiale. Comme Kondratiev l’a écrit :
« C’est durant les périodes d’émergence des cycles longs, durant les
périodes de tensions élevées durant l’expansion des forces économiques que,
la plupart du temps, les guerres les plus longues et les plus désastreuses et
les révolutions ont lieu. »
Les conséquences sont claires. La nouvelle révolution technologique
apportera la prospérité, mais elle émergera dans la douleur. Et quel est le
meilleur antidouleur ? Oui, vous avez raison, l’or brillant de mille feux qui
offre une assurance contre les turbulences économiques. Reste à savoir dans
quelle phase du cycle nous somme en ce moment.
Alors que l’économie mondiale s’est redressée pour désormais croître, que
l’inflation est basse et que les actions continuent de grimper, nous
profitons du printemps. C’est pourquoi la demande pour l’or est en dents de
scie depuis quelques années. Cependant, alors que la prochaine révolution
technologique arrive, la confiance est en train de grimper tandis que l’on
commence à s’inquiéter de l’augmentation des prix. Nous pourrions entrer dans
la phase estivale dans un futur proche. Et tandis que l’inflation est de
sortie pour prendre le soleil durant l’été, l’or devrait profiter de la
situation.
Article d’Arcadiusz Sieron, publié le 16 mars 2013 sur SafeHaven.com