La baisse des prix des métaux précieux
a sapé le moral des investisseurs, et pourtant, il semblerait que la demande
en métaux précieux demeure très élevée. Pour cette raison, de nombreux
observateurs ont conclu que ce sont l’or et l’argent papier, et non le métal
physique lui-même, qui en déterminent les prix. La vente actuelle est une
combinaison de la capitulation de positions à la vente sur des contrats
papier, de la prise de position à découvert par certains chasseurs de
tendances et, plus important encore, du rééquilibrage de leurs bilans par les
banques commerciales.
Une meilleure manière de
différencier les marchés à terme et la demande physique est d’observer les
premiers comme étant utilisés par des spéculateurs et la dernière comme
provenant de certains acheteurs à la recherche d’une protection financière
face aux risques systémiques. Entre les deux se trouvent ceux qui achètent
des contrats à terme pour demander la livraison de leur métal, mais ils sont
une minorité. Ces différences expliquent pourquoi les marchés papiers
semblent jouer un air différent de celui que jouent les marchés physiques.
Alors que les spéculateurs
commencent à se montrer nerveux, ils ignorent certains détails à prendre en
considération. Lors d’un récent entretien de l’ancien
secrétaire-adjoint au Trésor américain Paul Craig Roberts, ce dernier
expliquait que la Fed supprime le prix de l’or pour que les marchés ne
perdent pas confiance en le dollar et ne fassent pas grimper les taux
d’intérêts. Son raisonnement est clair, logique et bien informé. Le
secrétaire du Trésor, son patron, a pour mission de superviser le Fonds de
Stabilisation des Echanges, qui a été mis en place en 1940 en vue de
‘commercer en or et en devises étrangères ou tout autre instrument de crédit
jugé nécessaire’. Roberts sait parfaitement de quoi il parle.
Le second détail à côté duquel
ils passent est l’étude des importations et des exportations d’or des
Etats-Unis, menée par Eric Sprott et Shree
Kargutkar, qui analyse les statistiques
commerciales Américaines depuis 1991 pour conclure qu’au moins 4500 tonnes
d’or ont été exportées par les Etats-Unis en plus que leur production et de
leur métal recyclé– possiblement 11.200 tonnes une fois la demande du secteur
privée incluse. Cet or ne peut avoir été issu que par des sources
officielles, ce qui confirme les analyses faites ces dernières années par
James Turk et Frank Veronoso
selon lesquelles d’importantes quantités d’or ont été fournies sur les
marchés par les gouvernements Occidentaux et leurs banques centrales.
Le troisième détail à retenir
est mon article
écrit pour GoldMoney il y a un mois, dans
lequel j’explique que l’or monétaire placé auprès de la Banque d’Angleterre
ne peut s’élever à plus de 3320 tonnes, puisque 2220 tonnes au moins sont de
l’or non-monétaire détenu pour des gouvernements et des fonds souverains.
Contrairement aux apparences, un maximum de 60% de l’or qui se trouve dans
les coffres de la Banque d’Angleterre est de l’or monétaire.
En plus de cela, lorsque
d’importants évènements tels que la crise bancaire de Chypre font la une des
journaux, les gens vendent leur or et leur argent. Cette action que je
qualifierai de contraire à la logique est en accord avec l’intervention
désignée à supporter la confiance envers le papier monnaie. Nous avons la
preuve que les banques centrales et leurs agents ont supprimé le prix de
l’or, et Paul Roberts nous confirme pourquoi. Lorsque les banques centrales
manipulent les marchés, elles se lancent dans un jeu de truands. Pour ceux
qui savent reconnaître que les banques centrales sont tombées dans un trou
qu’elles ont-elles-mêmes creusé et duquel elles ne peuvent plus sortir, il
est tout à fait logique de posséder de l’or et de l’argent physique.
Plutôt que de nous inquiéter
de baisses de prix, nous devrions nous estimer heureux des prix actuels très
bas de l’or et de l’argent et en remercier les banques centrales.