Comme je l’ai noté la
semaine dernière, l’un des plus gros problèmes auxquels font face les banques
centrales est l’argent liquide.
Le système financier est
majoritairement composé de monnaie digitale. Les dollars physiques (billets
et pièces) ne représentent qu’un total de 1,36 trillions de dollars. Ce n’est
qu’un peu plus de 10% des 10 trillions de dollars représentés par les comptes
bancaires. Et ce n’est qu’une minuscule fraction des 20 trillions de dollars
d’actions, 38 trillions de dollars d’obligations et 58 trillions de dollars d’instruments
de crédit.
Inutile de préciser que
si suffisamment de gens cherchaient à convertir leur dépôt en liquide, nous
ferions vite face à un problème systémique.
C’est précisément là ce
qui a causé l’effondrement de 2008, alors que près de 24% des actifs des
fonds du marché monétaire ont été liquidés en seulement deux semaines. Le
resserrement de liquidités qui en a découlé a failli faire imploser le système.
Pour cette
raison, les banques centrales et les régulateurs ont déclaré la guerre à l’argent
liquide dans un effort d’empêcher les gens de sortir leur argent du système.
L’une des politiques qu’elles
considèrent actuellement est d’imposer une taxe sur l’argent liquide, ce qui
signifie que vos billets perdraient graduellement de leur valeur une fois
sortis des banques. L’idée est d’en arrêter complètement l’utilisation.
Peut-être le
fait le plus inquiétant est-il que si une entité suffisamment importante pour
le système finissait par s’effondrer, tous les dépôts au-delà de 250.000
dollars seraient convertis en actions… et si ces actions venaient à baisser, votre
capital s’en trouverait évaporé.
La FDIC a récemment
publié en décembre 2012 un document qui propose cette exacte politique. En
voici quelques extraits qui devraient vous intéresser :
Ce document se
concentre sur l’application de résolutions stratégiques « du haut vers
le bas » qui impliquent un organisme de résolution unique exerçant son
pouvoir sur un groupe financier, en tant que société mère. Ce document
discute comme ces politiques stratégiques du haut vers le bas pourraient être
mises en place dans un contexte transnational pour un groupe financier
américain ou britannique.
Ces stratégies ont
été pensées afin de rendre possible pour les firmes complexes et
transnationales d’être refinancées sans que soit menacée la stabilité
financière, et sans que les fonds publics n’en soient affectés.
Un moyen efficace de
rétablir le G-SIFI pour le secteur privé serait d’échanger ou de convertir en
actions une quantité suffisante de dette non-sécurisée appartenant aux
créditeurs de la société en faillite. Aux Etats-Unis, ces nouvelles actions
pourraient devenir du capital pour une ou plusieurs entités opérationnelles
nouvelles.
Les déposants assurés
n’en seront pas affectés. Les dépôts non-assurés pourront être traités de la
même manière que les passifs du même type dans le cadre du processus de
résolution, et pourront être dépréciés.
http://www.fdic.gov/about/srac/2012/gsifi.pdf
En d’autres termes, tout
passif sera susceptible d’être déprécié si une banque venait à faire
faillite. Et devinez quoi ? Les dépôts sont perçus comme des passifs
selon la loi bancaire américaine. Les déposants sont donc perçus comme des
créditeurs.
Si une grosse banque
américaine venait à faire faillite, vos dépôts pourraient être dépréciés
(disparaître) ou se trouver convertis en actions de la compagnie. Une fois
vos dépôts convertis, vous devenez un actionnaire… et n’êtes plus protégé par
la FDIC.
Si la banque venait à
disparaître… il en irait de même pour votre dépôt.
Faisons un petit
récapitulatif.
Disons que la banque ABC
fasse faillite. Cette banque est trop importante pour être sauvée par la
FDIC.
1) La FDIC
prend la banque en charge.
2) Les
directeurs de la banque sont mis à la porte.
3) Les dettes
et passifs de la banque sont transformés en actions. Vos dépôts sont traités
à la manière de passifs.
4) Ce qui
arrive aux actions de la banque affecte votre capital. Si les actions baissent
parce que tout le monde réalise que la banque est en péril, votre capital
diminue aussi.
C’est précisément ce qui
s’est passé en Espagne pendant la crise bancaire de 2012. Et c’est
parfaitement légal aux Etats-Unis, dans le cadre de la loi Dodd-Frank.
Ce n’est que le début d’une
stratégie bien plus large de guerre contre l’argent liquide. L’objectif est d’empêcher
les gens de convertir leur argent en argent physique et de les forcer à
conserver leur capital au sein du système financier à tout prix.
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