L’étendue et l’existence de
l’Etat moderne ne se limitent uniquement qu’à sa capacité à emprunter de
l’argent ; une capacité qui dépend du maintien de la valeur de la
monnaie papier. Cette limite a désormais été atteinte. La Grèce n’est pas
seulement un pays qui s’est trop servi dans la bonbonnière du crédit peu
cher. La Grèce est le canari dans la mine de charbon de l’Etat moderne.
Quand l’or a été exclu du
système monétaire international en 1971, les intérêts des Etats-Unis étaient
de 6%. En 1980, ils sont passés à 21,5% afin de contenir les forces
inflationnistes déchainées suite à la rupture du lien entre l’or et la
monnaie papier. La séparation de l’or et de la monnaie était un évènement
sans précédent. Il en a été de même pour ses conséquences.
Le Rubicon a été
franchi : baisse des taux d’intérêt, destruction du capital et mort de
la monnaie fiduciaire
Les taux d’intérêt américains
baissent depuis maintenant trente-cinq ans. Sur le court terme, la baisse des
taux d’intérêt est perçue comme positive. La croissance est encouragée et les
investisseurs contractent du crédit peu cher pour enregistrer des rendements
plus importants encore sur des marchés en constante expansion.
Sur le long terme, en
revanche, la baisse continuelle des taux d’intérêt reflète un problème
fondamental ; l’équilibre entre le crédit et la dette, qui est
nécessaire au maintien de la croissance, a été brisé. Une baisse continuelle
des taux d’intérêt, comme la baisse continuelle de la pression sanguine, est
l’indication d’une pathologie monétaire ultimement fatale.
Dans son article intitulé Euthanasia
of the Pension Funds, (Part 1), le professeur Antal E. Fekete souligne
les dangers d’une baisse continuelle des taux d’intérêt :
Une structure de taux
d’intérêt en baisse constante a des effets négatifs sur le capital accumulé.
Du capital s’en trouve détruit simultanément, et à un rythme soutenu. Alors
même que les dommages commencent à être observés, il est déjà trop tard, et
des firmes sombrent dans la banqueroute. La tendance baissière des taux
d’intérêt est la cause peu reconnue de la dépression qui dévaste actuellement
l’économie mondiale.
Les derniers vestiges de
l’étalon or ont été abandonnés unilatéralement par le gouvernement des
Etats-Unis en 1971. Cet évènement a coïncidé avec le plus grand mouvement
giratoire des taux d’intérêt jamais enregistré à l’échelle mondiale. En
l’espace d’une décennie, les taux d’intérêt ont atteint des nombres à deux
chiffres. Puis un lent déclin s’est installé dans les années 1980, qui a
forcé les taux de plus en plus proche de zéro. La hausse initiale des taux a
été accompagnée d’une hausse de l’inflation, qui a détruit la valeur des
fonds de pension. Le deuxième mouvement des taux d’intérêt, qui se poursuit
encore aujourd’hui, a apporté avec lui la déflation. Ses effets corrosifs ne
se sont pas encore manifestés sur les fonds de pension. Il n’en est pas moins
que la baisse continuelle des taux d’intérêt soit responsable de l’érosion et
de la destruction du capital.
Baisse continuelle des taux
et croissance monétaire excessive
Vous trouverez ci-dessous un
graphique représentant la baisse des taux d’intérêt (greshams-law.com) ainsi
que la masse monétaire américaine (Fed de Saint Louis), et qui prouve de la
destruction du capital.
En raison de la hausse
continuelle de la masse monétaire, les dollars d’aujourd’hui ont une valeur
inférieure à ceux d’hier, et ceux de demain vaudront moins que les dollars
d’aujourd’hui. Nous avançons de plus en plus vite vers un désastre
inévitable.
p. 64, Time of the Vulture: How to
Survive the Crisis and Prosper in the Process, 3è
édition. (2012), Darryl
Robert Schoon
L’heure du vautour a sonné
Quand l’empire romain s’est
effondré, même les esclaves avaient peur de ce qui arriverait ensuite. La
situation n’est pas différente aujourd’hui.
Dans la première édition de
mon livre, Time
of the Vulture: How to Survive the Crisis and Prosper in the Process
(2007), j’ai prédit l’arrivée d’une crise financière plus dévastatrice encore
que la Grande dépression.
La dévastation d’aujourd’hui
sera plus grande encore, parce que la monnaie papier n’est plus garantie par
l’or. La dépression déflationniste qui fait son approche n’impliquera pas
seulement l’effondrement des marchés des capitaux, mais aussi une crise
cataclysmique des devises générée par la déstabilisation globale de la
monnaie.
Les actions qui perdent
leur valeur
Sont une chose terrible
Les maisons qui perdent
leur valeur
Sont une chose terrible
Mais les monnaies qui
perdent leur valeur
Sont la plus terrible de
toutes
Time of the Vulture (1ére
édition 2007)
A l’heure de la publication de
Time
of the Vulture, les taux d’intérêt de la Fed étaient de 5,25%. Au
début de la crise en 2008, la Fed a réduit ses taux d’intérêt pour les porter
à 0-0,25%, pour fournir aux marchés des niveaux de liquidité excessifs afin
de renverser la chute sévère de la demande globale en agrégats.
Aujourd’hui, 90% des économies
du monde ont porté leurs taux d’intérêt à zéro, voire en-dessous.
En plus de cela, les banques
centrales ont créé des quantités excessives de monnaie et émis des trillions
de dollars d’obligations, au travers par exemple de QE1, QE2, QE3 et QE4.
Elles ont forcé des quantités sans précédent de nouvelle monnaie sur les
marchés globaux pour contenir la menace déflationniste globale. Bien que leurs
efforts aient échoué à contenir la déflation, des niveaux de liquidité
excessifs circulent aujourd’hui sur les marchés sans destination
prédéterminée, à la manière d’œdèmes monétaires moribonds.
Quand viendra la fin du
capitalisme, plutôt que de circuler au sein de l’économie, ils se trouveront
accumulé sur les marchés financiers. Les bulles en sont les conséquences, non
l’expansion économique. Et à mesure que diminuera la demande en agrégats, il
en ira de même pour la vélocité de la monnaie.
http://chartramblings.blogspot.com/2014_04_01_archive.html
Le
capitalisme, tel un vélo, ne s’en tire pas si bien à faible vitesse
Dans les années 1930, alors
que s’effondrait la demande globale, les pays se sont confrontés pour les
parts d’un marché rétréci en levant des taxes sur les produits issus de
l’importation. La taxe Smoot-Hawley imposée aux Etats-Unis a concerné 20.000
produits d’importation et porté leurs prix à des niveaux record. Ayant eu
pour objectif de protéger les marchés domestiques face aux importations de
produits étrangers, cette législation a eu pour conséquence d’accélérer
l’effondrement des échanges internationaux.
http://www.theautomaticearth.com/2010/07/the-rise-and-fall-of-trade/
Comme en 1929, les échanges
internationaux ont chuté en 2009. Mais cette fois-ci, certains pays ont pris
des mesures de protection de marché non pas en imposant des taxes, mais en
dévaluant leur propre devise grâce à la création monétaire, rendant ainsi
leurs produits d’exportation moins chers pour les autres marchés.
La dévaluation d’une devise
dans l’objectif d’un avantage commercial n’est pas sans rappeler le proverbe
chinois « boire du poison pour apaiser la soif, 飲鴆止渴 ».
Bien que les avantages en soient temporaires, les conséquences ne le sont
pas.
En novembre 2012, j’ai écrit
ceci :
Les banquiers n’ont plus
que deux solutions. Soit l’élan de la déflation forcera les économies en
faillite du monde d’aujourd’hui vers un effondrement déflationniste, soit la
création continuelle de nouvelle monnaie pour contrer cet effondrement nous
mènera à la dévaluation totale des devises papier dans une explosion
hyper-inflationniste.
Schoon, The
Tipping Point (2012)
La création monétaire
excessive qui est aujourd’hui à l’ordre du jour, qu’elle vise à tirer un
avantage commercial ou à prévenir un effondrement déflationniste, nous mènera
à l’effondrement cataclysmique des devises fiduciaires actuelles et à la
chute des marchés globaux et des Etats souverains.
L’or physique – une
assurance vie face aux monnaies fiduciaires
Quand
la monnaie papier sombrera, les conséquences en seront spectaculaires.
L’or
est volatile quand les conditions sont volatiles
L’or
est stable quand les conditions sont stables
C’est aussi simple que ça.
Plus les conditions monétaires sont chaotiques, plus le prix de l’or est
chaotique. L’or est un baromètre de l’incertitude économique. Lorsque
l’inflation menace, l’or fluctue à la hausse te à la baisse. Lorsque la
déflation menace, l’or fluctue à la hausse et à la baisse. Lorsque les deux
menacent, l’or fluctue rapidement à la hausse et à la baisse.
P. 127, Time of the Vulture, 3è
édition 2012, Schoon
Après 2001, l’or a entamé une
tendance haussière pour passer de 250 à 1.900 dollars en 2011. Depuis 2011,
l’or a perdu 42% de ces gains, ce qui a eu un effet négatif sur de nombreux
investisseurs. C’était là l’objectif de la guerre perpétrée par les banquiers
contre l’or en 1971.
Pour ceux qui comprennent les
forces financières et géopolitiques qui sont en jeu aujourd’hui comprennent
qu’elles ne combattent désormais plus pour leur suprématie, mais pour leur
survie. L’or demeure une valeur de réserve en période de chaos monétaire et
de détresse économique.
En mars 2007, j’ai prédit
l’arrivée d’une crise économique. Et elle est arrivée. Cette crise devra
encore laisser place à un monde meilleur. Dans ma vidéo Dollars & Sense, Darryl's New Prediction, https://youtu.be/qZJCTCO36DM,
j’ai récemment fait une autre prédiction.
Nous vivons à une époque intéressante.
Vous devriez vous y faire.
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