Lorsqu’on estime qu’un actif est surévalué, la question suivante
émerge tôt ou tard : s’agit-il d’une bulle ? Pour y répondre, on tente
de s’appuyer sur des éléments objectifs : les bénéfices, les
perspectives de bénéfices d’une société, la valeur de ses actifs, etc., en ce
qui concerne les actions. Mais comment faire pour l’or ou Bitcoin ? En
analysant leur valeur intrinsèque, soit en calculant leur coût de production,
notamment en termes énergétiques.
Bitcoin a une valeur intrinsèque
Contrairement à ce que certaines personnes affirment, Bitcoin a bien une
valeur intrinsèque vu que le processus de « mining » d’une unité
requiert de puissants processeurs qui doivent résoudre des problèmes
mathématiques, et qui ont donc besoin d’électricité. Mais combien
d’électricité, au juste ? Steve Angelo, du SRSRoccoReport, s’est penché
sur la question. Son article, qui se base notamment sur les travaux de
Marc Bevand, est intéressant à de nombreux titres.
Il faut plus d’énergie pour créer un Bitcoin qu’une once d’or !
Qui l’eut cru ! Pour produire une once d’or ou un bitcoin, il faut
1,4 baril de brut pour le métal jaune et 10,1 barils pour la cryptodevise.
C’est presque 10 fois plus, ce qui confirme bien que dire qu’un Bitcoin n’a
aucune valeur intrinsèque n’est que l’étalage de la méconnaissance du
processus de création de ses unités monétaires. Seule Mme Yellen peut
créer des dollars, seul M. Draghi peut créer des euros, le seul élément
nécessaire est leur volonté. N’importe qui peut créer du bitcoin, mais
il faut investir. Comme tout le monde peut produire de l’or.
Coût de production d’un Bitcoin et d’une once d’or
Nous vous renvoyons vers la lecture complète de l’article pour tous les
détails, mais sur base de ces 2 derniers mois les coûts de production
d’un Bitcoin (électricité, matériel, data center et main-d’œuvre) sont
d’environ 1 800 $. En ce qui concerne l’or, le coût de production d’une once
est de +- 1 115 $. Il s’agit d’estimations moyennes, mais qui sont
néanmoins très proches de la réalité.
Une bulle ?
Maintenant que nous connaissons la valeur intrinsèque de ces 2 actifs,
nous sommes en position de déterminer si une ou des bulles sévissent. Avec
l’or qui se situe juste en dessous de 1 280 $ l’once, on ne peut évidemment
pas parler de bulle vu que c’est à peine grosso modo 150 $ de plus que les
coûts de production moyens. Pour Bitcoin, il y a plus matière à débat :
entre 1 800 $ de coûts de production et sa valeur actuelle de 6 900 $
(qui sera peut-être 7 500 ou 6 200 lorsque vous lirez ces lignes…)… c’est
bien plus qu’un profit confortable que les producteurs encaissent.
Bien entendu, cette valeur intrinsèque ne peut être utilisée seule pour
déterminer l’existence d’une bulle : il faut également prendre en compte
la demande. Déterminer avec précision quel est le potentiel d’adoption de
Bitcoin est beaucoup plus compliqué que de réaliser les calculs ci-dessus. À
moyen terme, la base d’utilisateurs de bitcoin sera toujours limitée par les
difficultés techniques posées par cette devise (essayez d’expliquer à votre
mère le concept d’une cryptodevise, le principe du wallet, des frais de
transaction qui détermineront la rapidité à laquelle la transaction est
traitée… sans parler des hard fork et compagnie…).
Un avis sur cette question est donc plus du domaine de l’opinion que de
l’analyse implacable. La mienne est que Bitcoin a encore beaucoup de marge pour poursuivre sa
folle ascension, notamment au gré de sa financiarisation (des contrats à
terme vont faire leur apparition au CME, ce qui devrait réduire la
volatilité, des rumeurs affirment qu’Amazon pourrait accepter ce moyen de
paiement, etc.). Cela ne m’empêchera pas de continuer à investir dans les MP
plutôt que dans Bitcoin. Quand on est à la recherche d’une assurance et d’une
réserve de valeur sans contrepartie, il n’y a pas photo. Tout comme la
cryptodevise s’impose pour ceux qui souhaitent spéculer et faire « un
gros coup »… avec tous les risques que cela comporte.