Ceux qui recommandent l’abolition
plutôt que la réforme de l’Etat-providence sont souvent accusés d’être des « irréalistes ».
Certaines des accusations les plus sévères proviennent de libertaires qui
estiment que les défenseurs du « purisme » sacrifient des
opportunités de progresser vers une restauration de la liberté. Ces critiques
ne comprennent pas les nombreuses raisons pour lesquelles il est crucial pour
les libertaires de toujours défendre vigoureusement la pensée puriste.
Tout d’abord, pour commencer par
le point le plus important, ceux qui savent la vérité sont dans l’obligation
morale de dire la vérité. Ceux qui comprennent le besoin de changements
drastiques en termes de politiques étrangères, domestiques et monétaires ne devraient
pas prétendre que quelques manipulations suffiront à résoudre nos problèmes.
Ceux qui agissent ainsi sont tout aussi coupables de mensonge envers le
public que n’importe quel politicien qui n’a pas respecté ses promesses.
Tenter de promouvoir la liberté par le mensonge n’est pas seulement immoral,
c’est aussi une stratégie viciée qui est destinée à échouer.
L’échec inévitable des « réformes »
qui n’éliminent pas les distorsions de marché causées par l’intervention du
gouvernement sera toujours utilisé pour discréditer la philosophie de la
liberté et ses défenseurs. La conséquence en sera donc un soutien accru en
faveur de l’Etat-providence, de l’Etat guerrier et des devises fiduciaires.
Ainsi, ceux qui cherchent à éviter de discuter des causes de nos problèmes,
et non ceux qu’ils qualifient de puristes irréalistes, sont ceux qui
subvertissent la liberté.
De nombreux opposants à
Obamacare refusent par exemple de défendre l’idée d’un système de santé de
marché libre. Ils proposent en revanche diverses versions allégées d’Obamacare.
En acceptant le fait que le gouvernement puisse jouer un rôle majeur dans le
domaine de la santé, les défenseurs d’Obamacare lite renforcent la
position de ceux qui estiment que la meilleure manière de régler les
problèmes d’Obamacare est d’accorder davantage de pouvoir au gouvernement. Ainsi,
les défenseurs d’Obamacare lite soutiennent la cause d’une médecine
socialisée. La seule manière de nous assurer à ce qu’Obamacare ne soit pas
remplacé par quelque chose de bien pire est de promouvoir, sans faire de
concessions, un système de santé de marché libre.
Je ne suggère pas que les
libertaires devraient rejeter les mesures potentielles de transition. Une
transition graduelle est le meilleur moyen de parvenir à une liberté accrue
sans causer de perturbations sociales et économiques. En revanche, nous ne
devrions accepter que des compromis susceptibles de nous faire avancer dans
la bonne direction. Nous devrions donc rejeter un compromis budgétaire qui n’augmenterait
les dépenses « que » de 80%. Un budget de réduction des dépenses de
l’ordre de 20% serait par exemple une avancée positive.
Ceux qui défendent une position dite
extrême peuvent souvent forcer les débats politiques vers la position
libertaire la plus pure, ce qui peut apporter des avancées réelles, bien que
graduelles, vers la liberté. Plus important encore, la meilleure manière de s’assurer
de ne jamais parvenir à une liberté réelle est, pour les libertaires, de ne
jamais défendre l’idée de société libre.
Il arrive que des mouvements
idéologiques fassent passer des idées autrefois marginales dans la sphère
conventionnelle. Il y a quelques années, il était inconcevable qu’un nombre
significatif d’Etats légalisent le cannabis à des fins médicales, ou qu’une
majorité des Etats autorisent le port d’arme dissimulée à leurs citoyens. Le
succès de ces enjeux n’a pas été lié à un changement soudain de l’opinion publique,
mais à des années de dur labeur de la part d’activistes.
Le nombre croissant d’Américains
qui s’allient au mouvement de la liberté ne sont pas intéressés par la
réforme de l’Etat providence et guerrier. Ils ne cherchent pas à régler les
problèmes de la Réserve fédérale au travers de politiques monétaires basées
sur des règles. Ce mouvement vise à l’audit et à l’abolition de la Fed, ainsi
qu’à empêcher le gouvernement de contrôler l’économie, de contrôler le monde,
et de contrôler nos vies. Si nous nous en tenons à nos principes, nous
pourrons un jour restaurer une société libre, une société de paix et de
prospérité.