Les
hommes politiques et les banquiers centraux tentent désespérément de
convaincre les investisseurs que l’économie s’en est retournée à ce qu’ils
appellent la « normalité d’avant-crise ». Mais la vérité, c’est que
l’économie globale n’a jamais été aussi fragile qu’aujourd’hui. Pour vous
donner un exemple de la précarité des bulles sur les actifs qu’a généré la Fed, tous les gains enregistrés par les
marchés des marchandises américains en 2014 ont été annulés par une série de
mauvaises journées de trading au mois d’octobre.
Le
Dow Jones, le S&P 500 et le NADAQ ont enregistré des moyennes négatives
après les dix premiers mois de l’année dernière. Les investisseurs ont
préféré conserver leur argent et attendre un meilleur point d’entrée, comme
celui de mi-octobre. La solidité des marchés et de l’économie dont l’on
entend parler partout n’est qu’illusoire.
Les
investisseurs ont besoin d’allouer leurs portefeuilles en fonction de la
volatilité des actifs, comme nous l’avons déjà vu, parce que la manipulation
des marchés anciennement libres par le gouvernement ont
entraîné la perte par certains actifs de la moitié de leur valeur. C’est ce
qui s’est passé en 2000 et en 2008-09. Nous sommes en passe de traverser une
nouvelle crise dans un avenir proche. Les montagnes russes de
l’investissement qui génèrent et font éclater les bulles sur les actifs
deviennent plus extrêmes à mesure que les interventions des banques centrales
se font plus intrusives.
Nous
en sommes désormais à un point où les banques centrales ne pourront jamais
cesser d’acheter des obligations, parce qu’elles ne peuvent pas prendre le
risque de laisser se normaliser les taux d’intérêt. Le meilleur exemple de
tout cela est le Japon. Permettre aux taux d’intérêt de se renverser
forcerait le pays à utiliser l’intégralité de ses revenus pour le service de
la dette. Une fois qu’un marché se rend compte que l’ensemble des revenus
d’une nation doit être utilisé pour payer les intérêts de sa dette, il est
certain que le pays se trouve forcé de faire défaut de son principal. Cette
condition a toujours mené à des crises de devises, d’obligations, d’actions
ou économiques.
Tout
au long de l’histoire économique, de tels phénomènes ont toujours été isolés,
et ils n’ont très souvent concerné que des républiques bananières. En
revanche, à l’heure actuelle, une majorité d’économies développées font face
au même destin : le Japon, la Chine, l’Europe et les Etats-Unis ne
peuvent pas laisser les taux grimper… jamais.
Il
semble logique d’en conclure que ceux qui impriment de la monnaie finiront
éventuellement par parvenir à leurs fins. Après tout, si l’achat des actifs
des banques ne suffit pas à stimuler la masse monétaire, les banques centrales
peuvent directement écrire de chèques au public. En contournant le système
bancaire privé, voilà qui nous garantit de voir apparaître l’inflation tant
désirée par les créateurs monétaires. Une fois que l’inflation deviendra
hors-de-contrôle et que les bulles prendront des proportions inimaginables,
les taux d’intérêt devront être rééquilibrés, sans quoi les investisseurs
perdront toute confiance en les devises fiduciaires. L’insolvabilité est le
seul résultat possible de la normalisation des taux d’intérêt, c’est pourquoi
les banques centrales se battront jusqu’au bout.
Il
n’en est pas moins que dans leurs efforts de générer une inflation galopante,
la déflation est devenue le problème principal. C’est ce qui se passe à
chaque fois que la Fed essaye de mettre fin à ses programmes de QE. La
déflation se répand tout autour du globe.
Les
haussiers permanents des médias financiers glorifient la baisse du prix du
pétrole comme la panacée des consommateurs. Mais elles se trouvent également
coïncider avec une cascade du prix des métaux de base et des obligations à
l’échelle globale. Peut-être est-ce parce que presque toutes les économies de
notre planète flirtent avec la récession. La déflation est une bonne chose
pour les consommateurs sur le long terme, c’est un fait. Mais l’éclatement
des bulles sur les actifs, bien qu’il soit nécessaire, n’est jamais une
partie de plaisir. L’effondrement des marchés boursiers et immobiliers, ainsi
que la hausse du taux de chômage et la multiplication des récessions ne
seront pas évités par votre capacité à quitter la station essence avec un peu
plus de sous en poche. Le prix du brut WTI à 33 dollars n’a pas immédiatement
sauvé les consommateurs en mars 2009, et il ne les sauvera pas non plus
aujourd’hui.
La
seule véritable croissance qu’n puisse encore trouver dans le monde est celle
des bilans de la Banque du Japon – et de la dette des gouvernements. Elle ne
concerne en rien le PIB global. Si le prix du pétrole baisse, c’est parce que
la croissance économique prend la direction de zéro, et que la déflation sera
dans un premier temps la condition qui prévaudra.
Les
investisseurs auraient tort de croire que les Etats-Unis pourront échapper à
la déflation et à la récession globale. Les ventes qui ont déjà eu lieu au
début de l’année 2015 sont les conséquences du ralentissement économique, qui
commence à dénouer le carry trade du yen.
Mais
la déflation est devenue l’ennemi public numéro un pour les banquiers
centraux. Il serait donc plus fou encore de croire que la Réserve fédérale fera
grimper les taux d’intérêt en cet environnement de déflation et de récession.
Au contraire, les planches à billets chauffent déjà dans l’anticipation de QE
4. Le gros choc de 2015 sera le rebondissement des investissements qui
profitent d’un dollar affaibli.
La
Fed est persuadée que la normalisation des taux d’intérêt pourra se produire
dans le contexte d’une croissance économique robuste. En revanche, un
détournement des politiques monétaire inflationnistes de ces six dernières
années ne fera que lancer le train vers l’abysse d’une dépression
déflationniste.