Le président russe Vladimir Poutine a exposé mardi sa vision de la
situation en Syrie et des moyens de la régler, lors du sommet de
l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC: Arménie, Biélorussie,
Kazakhstan, Kirghizstan, Russie, Tadjikistan) à Douchanbe, la capitale
tadjike.Le chef de l’Etat russe a notamment appelé à renoncer aux ambitions
géopolitiques et à la politique de deux poids deux mesures pour mieux combattre
le groupe djihadiste Etat islamique (EI).
M.Poutine s’est dit préoccupé par l’ampleur des activités de l’EI qui
s’est emparés de vastes régions en Syrie et en Irak et envisage de prendre le
contrôle de La Mecque, de Médine et de Jérusalem et d’effectuer des attaques
en Europe, en Russie, en Asie centrale et du Sud-est.
Il faut cesser, selon lui, d’instrumentaliser certains groupes terroristes
en vue de renverser des régimes politiques considérés comme indésirables. On
ne pourra pas chasser les terroristes de Syrie sans coopérer avec Damas,
a-t-il ajouté.
D’après le président, l’exode massif des réfugiés de Syrie
n’est pas lié au soutien par Moscou du régime légitime dans ce pays, mais
s’explique plutôt par les hostilités provoquées de l’étranger par les
livraisons d’armes et d’autres matériels.Si Moscou ne soutenait pas le
président Bachar el-Assad, la situation en Syrie serait pire qu’en Libye et
la crise des migrants serait encore plus grave, a souligné M.Poutine. Il a promis
que la Russie aiderait toujours Damas à lutter contre les djihadistes, avant
d’appeler la communauté internationale à se joindre à ces efforts.
Le président russe a par ailleurs rappelé que le président Assad était
prêt au dialogue avec l’opposition et aux réformes dans son pays. « Il
importe d’envisager des réformes politiques dans ce pays. Nous savons que le
président Assad est prêt à inviter les forces saines de l’opposition à
participer à la gestion de l’Etat », a noté M.Poutine.
D’après les experts, l’idée de renoncer aux ambitions géopolitiques pour
combattre l’EI serait une méthode optimale de règlement du conflit en Syrie,
et le dialogue entre le président Assad et l’opposition syrienne est tout à
fait possible.Boris Dolgov, chercheur du Centre russe des études arabes et
islamiques, a indiqué que Damas était prêt depuis longtemps à communiquer
avec certains groupes d’opposition. « Les forces saines de l’opposition
syrienne, c’est avant tout l’opposition patriotique intérieure. Un système multiparti
fonctionne en Syrie depuis 2012. Il réunit plusieurs nouveaux et anciens
partis qui critiquent le gouvernement mais peuvent dialoguer avec lui »,
a noté M.Dolgov.
« Il y a également l’opposition extérieure. Ces forces non armées
sont prêtes à coopérer avec le régime syrien sous certaines conditions »
et un compromis à cet égard est possible, d’après lui.
D’ailleurs, la participation de l’opposition syrienne à la gestion du pays
ne signifie pas le départ du président Assad, note Elena Souponina,
conseillère du directeur de l’Institut russe des études stratégiques.
« Il s’agit seulement du pouvoir exécutif. La Russie estime que le
président Bachar el-Assad doit conserver son poste et ses fonctions »,
a-t-elle insisté.
« M.Poutine propose les moyens de régler ce conflit. Beaucoup de
forces, y compris en Syrie, peuvent se réunir dans l’espoir de mettre fin au
terrorisme en Syrie, mais il importe que les médiateurs internationaux jouent
aussi franc-jeu. Malheureusement, certains d’entre eux auront du mal à renoncer
à leurs ambitions géopolitiques. Une politique honnête, cela arrive, mais
c’est chose rare au Proche-Orient », a conclu Mme Souponina.
Moscou avait antérieurement exhorté la coalition internationale dirigée
par les Etats-Unis, qui lutte contre l’EI en Syrie et en Irak, à dialoguer
avec les autorités syriennes. En septembre dernier, M.Poutine s’est entretenu
par téléphone avec son homologue américain Barack Obama sur la création d’une
coalition antiterroriste internationale sous l’égide de l’Onu et comprenant
les pays de la région.