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Tant va la cruche à l’eau

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Published : September 04th, 2012
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Il existe une telle attente à propos de l’intervention de la BCE que le risque d’une grande déception se renforce de jour en jour en attendant la réunion du 6 septembre. Mario Draghi, son président, se retrouve devant le Parlement européen sur la défensive en tentant de faire valoir sans convaincre que l’action de la banque centrale n’est pas assimilable à une création monétaire, ce qui n’augure pas d’une annonce répondant à l’attente des marchés qui ne voient d’issue, par défaut, que dans une intervention massive et rapide. En toute indépendance, la BCE s’enfonce dans une crise qu’elle n’a pas les moyens politiques de régler.


Les représentants des organisations internationales se désolent et le font savoir. Angel Gurría, le secrétaire général de l’OCDE, vient de déclarer que « la BCE est le bazooka, la puissance de feu, le muscle, la seule qui ait la capacité de faire comprendre aux marchés : oui nous le ferons » en parlant des achats d’obligations espagnoles et italiennes, dont il considère que, pour leur concrétisation, « le plus tôt sera le mieux ». Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI, explique que « le dogmatisme n’est pas de mise » en matière d’assainissement budgétaire et appelle à juger les gouvernements sur « la qualité des mesures qu’ils prennent plus que sur l’adhésion à des objectifs de déficits prédéterminés », une condamnation sans équivoque de la stratégie d’austérité budgétaire appliquée. Il n’est que Klaus Regling, le directeur du FESF, pour se déclarer convaincu qu’une solution à la crise européenne va intervenir d’ici « un ou deux ans », à condition que « tous les pays de la zone monétaire respectent strictement leurs engagements de consolidation budgétaire et continuent à améliorer leur compétitivité… ».


Le gouvernement espagnol est au bout du rouleau, sollicité par les régions qui les unes après les autres réclament l’aide financière du Frob – le fonds de soutien qui n’est toujours pas pleinement opérationnel et dont la dotation de 18 milliards d’euros faite de bric et de broc sera vite épuisée – et devant boucher d’urgence grâce au même Frob le trou de 4,5 milliards d’euros de Bankia, la 4ème banque du pays qu’il a nationalisée, sans pouvoir attendre que les fonds européens destinés au renflouement des banques lui parviennent. Dans les deux cas, le compte à rebours est lancé et mène au mieux à la fin du mois. Quelques 30 milliards d’échéances de dette attendent ensuite le gouvernement en octobre, et Mariano Rajoy tente toujours d’esquiver les contreparties d’un plan de sauvetage en bonne et due forme. Sans même parler de la Grèce pour laquelle aucune solution ne se profile, tout cela va se terminer par un sauvetage improvisé de l’Espagne auquel succéderont de nouvelles tensions que l’Italie va devoir supporter. Qui doit ensuite s’échauffer pour se préparer à prendre la suite ?


Après avoir rencontré Mario Monti demain mardi à Rome, François Hollande se rendra jeudi à Londres pour s’entretenir avec David Cameron. De quoi cette fébrilité soudaine est-elle le signe, si ce n’est de la recherche de compromis de dernière minute avec les uns et les autres, lesquels ne fondent pas une politique ? Les partisans de François Hollande appellent les députés de la majorité à resserrer les rangs et à voter en faveur du traité d’austérité budgétaire pour lui donner une marge de manœuvre vis-à-vis de la chancelière, mais Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, n’enregistre que le début de l’instauration « d’une relation de confiance » avec le président Hollande, qui fait contraste avec « la très bonne relation avec le président Sarkozy et son gouvernement » qu’il rappelle.


Jamais sans doute n’est apparu avec tant de clarté le décalage existant entre ces conciliabules et ces jeux de pouvoir avec la dynamique d’une crise qui se poursuit inexorablement.


Billet rédigé par François Leclerc


Son livre, Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de paraître


Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.



 

 

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