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Temps de travail, tant de travail

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Chroniques en liberté
Published : February 21st, 2019
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Category : Editorials

Dans un précédent billet, je rappelais un principe économique important : le travail ne consiste pas à occuper des gens mais à créer des richesses.

 

Car c’est seulement à partir de cette richesse additionnelle que l’on pourra tirer le revenu permettant de rémunérer le travail. Autrement dit, si aucune richesse n’est créée, directement par le secteur marchand ou indirectement par le secteur public, alors le travail sera payé en « monnaie de singe ». Ce que le salarié aura gagné d’un côté (le salaire) sera perdu de l’autre côté par la montée des prix (inflation) dans la mesure où la distribution de salaire aura nourrit une augmentation de demande ne correspondant à aucune création de richesses susceptibles d’être redistribuées.

 

Dans les pays communistes, les gens avaient l’habitude de dire qu’ils faisaient semblant de travailler et le gouvernement faisait semblant de les payer. Mais au-delà de la pure analyse économique, permettez-moi de m’arrêter un instant sur un symbole. C’est aussi le même mot « travail » qui désigne aussi le processus par lequel une femme met un enfant au monde.

Or, les économistes savent que la seule richesse qui soit, et qui donne toute sa valeur aux autres, c’est l’homme (ou le capital humain dans le langage académique des experts). Certes, on dit aussi que l’homme détruit la planète et son environnement. Mais ce souci de préserver l’environnement provient du fait qu’il existe des hommes conscients sur cette planète. Ils sont conscients que pour produire, il faut consommer ; pour créer, il faut détruire ; pour qu’il y ait la vie, il faut la mort.

 

 Et pour l’instant, c’est la seule espèce vivante à être tourmentée par cette flamme de la conscience qui met à jour ces paradoxes apparents. Y a-t-il des habitants pour se soucier de l’environnement de Jupiter ou Saturne ? Y a-t-il des êtres conscients pour admirer les paysages de Saturne ? La beauté de la nature elle-même est une richesse s’il existe un observateur conscient pour l’apprécier, s’il existe un cerveau à l’intérieur duquel se forgent une image et une conception de l’esthétique, s’il existe une âme pour ressentir l’émoi devant cette beauté. En somme, s’il existe des êtres humains.

 

 

 

L’être humain est la mesure de toute chose. Encore faut-il produire des êtres humains. Certes, la conception peut prendre tout au plus quelques minutes ; la grossesse quelques mois et l’accouchement quelques heures. Mais quand le bébé vient au monde, ce n’est que le début d’une aventure qui consiste à faire de l’enfant un adulte. Quel travail !

 

 Et il prendra des années. Pendant toutes ces années, il faut tant de travail et d’amour, d’abnégation et de sacrifices, de patience et de confiance, de souffrances et de plaisirs. Mais finalement, ce sont les ingrédients de tout processus de création de richesses. Celui qui crée son entreprise en parle comme de son bébé. Et le développement de son entreprise lui prendra l’essentiel de son temps et de son énergie. Il faut le vouloir. Il faut en avoir l’envie et la motivation. C’est aussi fort qu’un acte d’amour. La prospérité économique est d’abord fondée sur la création des richesses, la création comme un engagement avant d’être fondée sur la consommation.

 

Les générations qui ont relevé la France après 1945 ont construit une économie du travail qui a aboutit à la prospérité. La génération 68, en se révoltant contre cette société du travail (qui suppose autorité et discipline et qui n’est pas toujours drôle en effet), a voulu consommer tous les fruits de ce travail laborieux, ce qui a débouché sur une société de consommation fondée sur le consumérisme généralisé et la satisfaction instantanée de plaisirs immédiats [1]. Dès lors, toute contrainte était assimilée à une perte de liberté alors qu’elle est l’instrument de la liberté comme le tuteur qui permet à l’arbrisseau de devenir un arbre.

 

Toute frustration était assimilée à un frein à l’épanouissement alors qu’elle est l’instrument du développement progressif de la personnalité dans la mesure où l’on n’apprécie jamais ce que l’on obtient tout de suite sans effort. Apprécie-t-on d’avoir dix doigts ? Par contre, on éprouvera un bonheur intense à interpréter une pièce de Bach ou une chanson des Beatles au piano. Les dix doigts, on les a normalement à la naissance sans aucun effort ni mérite.

 

La maîtrise du piano, il faut tant de travail… [1] Rappelons qu’un des slogans en vogue sur les barricades en 68 et sur les murs des facultés étaient « Ne travaillez jamais ! ».

 

Et dire que certains trouvent encore cet élan animé par le génie.

 

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Docteur en sciences économiques de l'université de la Méditerranée et Maître de conférences – HDR - à l'IAE de l'université de Perpignan. Médaille du Bibliographical Institute of Cambridge (London, 2012), il est spécialiste de croissance économique ainsi que chercheur en tourisme international et consultant pour l’Organisation Mondiale du Tourisme (Nations-Unies). Il signe des chroniques économiques dans la presse nationale (Les Echos, Le Monde, le Figaro, Economie-Matin) et internationale (l’AGEFI le quotidien suisse des finances, le Boston de Providence aux USA, le Québécois Libre à Montréal). Il anime enfin, depuis plus de 15 ans, un blog à vocation pédagogique, Chroniques en liberté, à l'attention de ses étudiants et du grand public. Ouvrages [1] Les défis économiques de l'information, la numérisation, L'Harmattan, Paris 1996. [2] L’innovation dans l’industrie du tourisme - Enjeux et stratégies. En co-écriture avec B. Solonandrasana, L’Harmattan, Paris, 2001 [3] L’épopée de l’innovation – Innovation technologique et évolution économique, L’Harmattan, Paris, 2005. [4] L’innovation dans l’industrie du tourisme. Enjeux et stratégie, avec B. Solonandrasana, L’Harmattan, Paris 2006. [5] Fondements d’économie du tourisme. Acteurs, marchés, stratégies. De Boeck Université, Bruxelles 2007. [6] Le modèle français dans l’impasse, Tatamis Editions, Paris 2013. [7] Histoire thématique et contemporaine des faits économiques, Ellipses, Paris 2015. [8] Analyse de la finance internationale : le grand naufrage, en co-écriture avec Faouzzi Souissi (Trader),The Book Edition, Paris 2019.
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