En mettant fin aux contrôles des échanges, Margaret Thatcher a aussi
mis fin au besoin des épargnant de chercher une échappatoire…
La phrase « figure controversée de l’histoire politique
britannique » rendrez à peine hommage à la Dame de fer
Pas plus que la chanson de Renaud. La mort de Thatcher a re-divisé la nation britannique avec des hommages à ses
accomplissements politiques d’une part et des scènes de célébrations
populaires, les death party,
d’autre part.
Citant François d’Assise en amenant « l’harmonie où il y a discorde » à son entrée à Number 10 Downing Street, dans
ses nouvelles fonctions de Madame la Premier ministre, Margaret Thatcher
avait déjà créé des dissensions au sein de la cours de récréation de mon
école primaire. Bien sûr, nous ne savions rien alors, mis à part les
chamailleries du club de foot entre les rouges et les bleus. Mais les enfants
politiques de Thatcher ont depuis lors tout mélangé en un désordre violet.
Impérialiste sous l’administration travailliste dépensière de Tony Blair, ce
désordre est maintenant profondément patricien et à peine méritocratique sous
David Cameron et sa coalition de Conservateurs Démocrates.
La grande victoire de l’économie de marché de Thatcher (écrasant les
syndicats, les intérêts acquis des années 1970) a débouché sur une autre
conséquence ironique. Car grâce au Big
Bang(*) et à la déréglementation, nous sommes maintenant captifs des
banques, et d’un pouvoir également trop important et moralement douteux qui
s’évertue à nous traîner dans un déclin inévitable et prolongé.
A l’époque, peu de politiciens se souciaient du métal jaune. A part
bien sûr Madame Thatcher. Quelles que soient vos opinions sur Thatcher et son héritage, elle était au moins une amie
sûre de l’or. Bien avant la fin du contrôle des échanges en 1979, elle avait
aboyé contre l’arrêté du Parlement concernant les pièces d’or en 1966, le
qualifiant « d’indignité finale » de la mauvaise administration
économique du gouvernement travailliste d’alors.
Acheter rien qu’un souverain (ou sovereign)
était considéré comme un délit pour quiconque ne possédait pas déjà de sovereign au 27 avril 1966. « Cela en dit long sur
le gouvernement ! C’est un arrêté ridicule », avait proféré Madame
Thatcher lors d’un débat dans la Chambre des communes.
Amie de la liberté de détenir de l’or, la Dame de fer s’est avérée
cependant ne pas être amie des gold bugs purs et durs, ces perma-gold bugs. Ceux au contraire qui
sont passés à des investissements à plus fort rendement alors que les années
1980 commencèrent à jouir des plus hauts rendements réels des équités
britanniques sur deux siècles ou plus pouvaient la remercier. Même les
espèces à la banque rapportaient 4 ou 5% au-dessus de l’inflation pendant la
majeure partie des années 1980.
Observés sur une moyenne mobile de 10 ans, les rendements réels des
actions britanniques (dividendes exclues) étaient plus élevés dans les années
1980 que lors de toute décennie depuis au moins 1800. Les taux d’intérêts des
espèces ont augmenté de moins 3,05% par an pendant les années 1970 à plus
4,95% au-dessus du coût de la vie.
Cela a culminé à plus de 8% par an en 1990, le niveau le plus haut depuis
que la Grande-Bretagne a perdu son combat pour rester dans le régime de
l’étalon or, il y a de cela un demi siècle. Chose
amusante, pour défendre la valeur de la livre sterling, des taux d’intérêt
forts ont réussi là où les contrôles des échanges et les interdictions sur
les pièces d’or ont échoué si bien durant le déclin de l’empire et des
« répressions financières » des années d’après-guerre. Donc juste
au moment où ils pouvaient acheter tout l’or qu’ils voulaient, les épargnants
britanniques n’en avaient plus autant besoin.
En faisant disparaître les contrôles des capitaux, l’administration
Thatcher a aussi effacé le besoin pour les épargnants privés de chercher à
partir. Tandis qu’aujourd’hui, trois ans dans une nouvelle « répression
financière » via les taux d’intérêt sous zéro, les épargnants au
Royaume-Uni et ailleurs pourraient bien souhaiter qu’une telle championne de
l’épargne des ménages reviennent.
Et la quasi réapparition des contrôles des échanges qui a recommencé le
mois passé avec l’épisode de la Chypre, un membre de la zone de la devise
unique dont les douleurs d’accouchement ont joué un grand rôle dans son
déclin, ajoute une touche finale ironique à l’héritage de la Iron Lady.
La liberté économique semble battre en retraite. L’aptitude des
particuliers à épargner ce qu’ils ont gagné en travaillant pourrait peut-être
bientôt disparaître.
- (*) Le Big bang fait référence à la libéralisation des
marchés financiers britanniques en 1986, phénomène qui aurait marqué le
début de la banque d’investissement en Angleterre.