« Les « sages » allemands veulent la fin du QE de la
BCE »
Et le titre n’est pas de moi mais de cette dépêche passée relativement
inaperçue de l’agence Reuters (dont le groupe va d’ailleurs licencier
quelques milliers de personnes).
Traduisons tout de même avant toute chose pour celles et ceux qui
n’auraient pas suivi, que nous ne perdions personne. Le sigle BCE signifie
« Banque centrale européenne », et QE signifie « quantitative
easing » ou « assouplissement quantitatif » en français (à ce
niveau-là de l’explication ceux qui ne savaient pas, ne savent toujours pas,
alors pas de panique, l’économie c’est simple).
Toi besoin brouette pour acheter baguette
Un assouplissement quantitatif c’est une terminologie super sérieuse pour
faire croire qu' »ILS » sont des experts et vous, des M. et Mme
Michu, avec ou sans dents c’est votre affaire. Bref, un assouplissement
quantitatif c’est quand on assouplit sa façon de créer de la monnaie. En
encore plus clair, « moi y’en a imprimer beaucoup pognon » et quand
moi y en a imprimer beaucoup pognon à partir de rien, cela porter nom de
planche à billets… et généralement cela finit par pognon y en a plus valoir
grand-chose et toi besoin brouette pour acheter baguette…
Je vous le dis, l’économie c’est simple, c’est juste qu' »ILS »
ne veulent surtout pas que vous compreniez.
Cela dit ce n’est pas le cas du comité des conseillers économiques du
gouvernement allemand qui, lui, comprend les termes, mêmes ceux qui sont
bizarres, et qui demande que « les gouvernements de la zone euro mettent
en œuvre des réformes structurelles pour prendre le relais de la politique
expansionniste de la Banque centrale européenne, qu’il ne juge plus
appropriée compte tenu de la reprise économique »…
Les réformes structurelles généralement ce n’est pas bon pour nous les
Michu du coin. Car l’ajustement structurel, c’est sur notre structure à nous
qu’ils le font évidemment, pas avec leur « sousous » à eux !
« En conséquence, la Banque centrale européenne devrait ralentir ses
achats d’obligations et y mettre un terme plus tôt que prévu » !
Aïe… les marchés étant tous drogués aux injections de
liquidités, cela va faire mal !
Bon, d’un autre côté, ce n’est pas moi qui vais pleurer sur tout cet
argent gratuit qui augmente la masse monétaire et fait croire que nous avons
de la croissance alors qu’en fait, tout cela repose sur du vent et une
immense illusion, mais tout de même… cela va être douloureux.
C’est comme leur idée d’augmenter les taux aux États-Unis, et il y a
d’ailleurs un rapport entre les deux.
Si les taux montent aux USA (je maintiens qu’ils ne pourront pas aller
bien haut et qu’ils ne vont pas dépasser les 1,50 voire 2 mais alors en
cherchant bien), l’Europe ne va pas pouvoir, dans son coin, continuer à
imprimer tout plein de billets sans que l’euro ne s’effondre par rapport au
dollar et que tous les Européens aillent placer en plus leurs noisettes chez
tonton Trump ou tata Hillary.
Du coup, le mouvement imprimé par les Américains va arriver assez
rapidement jusqu’à nous, ce que savent fort bien la BCE et les économistes
d’eau douce allemands.
Et des taux en hausse avec moins de monnaie injectée dans une économie
européenne chancelante, cela risque de poser tout aussi vite de sérieux
problèmes auxquels vous devriez bien vous préparer.
Imprimer de la monnaie ne règle aucun problème et masque les
problèmes !
C’est en substance ce qu’ont dit nos gentils voisins germains, et ils
n’ont pas tort.
« Selon les experts, la politique de taux négatifs et de rachats
d’actifs de la BCE a été un « facteur clé » du redressement
économique de la zone euro mais elle masque ses problèmes structurels des
États membres et menace sa stabilité financière »…
Le petit souci c’est que les réformes structurelles ne se résument qu’à
une seule façon de voir les choses.
Moins d’État.
Moins de dépenses sociales.
Moins d’aides.
Moins de couverture et de protection sociale.
On connaît la chanson, et toutes ces politiques-là menées dans un moment
de faiblesse économique sont des mesures qui entraînent des récessions, qui
elles-mêmes mènent à des déflations, ce qui empire la situation.
Tout cela tout le monde le sait.
Nous sommes juste dans une période assez floue, un moment entre deux eaux,
où nous n’avons toujours pas fait le choix du moyen de nous donner la mort.
Choisirons-nous une mort par étouffement et déflation, ou une mort par
overdose de monnaie, par hyperinflation et perte généralisée de la
confiance dans la monnaie ?
Cette question n’est toujours pas tranchée.
Quoi qu’il en soit, je ne sais même pas si nous devons disserter encore
dessus car dans tous les cas, les conséquences seront les mêmes ou
sensiblement identiques. Ce qui veut dire que les solutions pour y faire face
sont également similaires.
Il est déjà trop tard. Préparez-vous !