Dans
l’attente des nouveaux rebondissements de la crise, la nouvelle donne
européenne est dans l’immédiat politique. A
l’impossibilité de reconduire le gouvernement de coalition grec,
qui rend la poursuite du plan de sauvetage du pays très
incertaine, s’ajoute la victoire de François Hollande en France,
qui ne remet pas en cause le pacte budgétaire mais veut
l’assouplir. Ce faisant, il renforce le courant de ceux qui veulent
l’amender, chacun avec sa petite idée sur la manière de
réveiller une croissance trop miraculeuse pour être vraie.
Mais
combien de temps va-t-il falloir pour que la relance recherchée, qui
va se faire prier, apparaisse pour ce qu’elle est : un accommodement
qui ne résout rien et qui continue d’éluder les questions
posées par l’implosion financière ?
Donnant
l’exemple, le refus grec augure d’autres rejets qui vont se
succéder. Selon l’échéancier du calendrier
électoral, ou bien à la faveur de mouvements sociaux
inédits, comme les Grecs et les Espagnols en donnent l’exemple.
Nous n’assistons pas seulement à une recomposition politique,
mais bien à la mise en cause, avec les moyens disponibles, d’une
stratégie qui a de toute façon atteint ses limites en Espagne.
Et dont l’inflexion se présente difficile à
négocier, dans l’attente d’un nouvel épisode de
crise la rendant inévitable. Avec comme ultime problème
qu’il n’y a pas de plan B crédible, comme la suite des
événements va le montrer.
Dans
un article du Financial Times, Wolfgang Münchau
s’efforce aujourd’hui de tracer le contour de ce qu’il
appelle « l’unique solution plausible à la crise de
l’eurozone ». Il suggère que les
États qui en ont besoin et le système bancaire, puissent faire
défaut dans un Mécanisme européen de stabilité,
qui serait lui-même financé par des euro-obligations, ainsi que
par la BCE, après avoir obtenu le statut d’établissement
bancaire…
La
possibilité qu’une telle solution sur le papier se
concrétise est à ce jour inexistante,
mais celle-ci est significative. Elle met en évidence qu’il
n’y a qu’une seule réelle alternative à la
stratégie actuelle de désendettement, reposant d’une
manière ou d’une autre sur une large remise de peine imposant
une restructuration en profondeur du système financier. Se refusant
à l’envisager, la solution proposée n’est toutefois
que le dernier avatar d’une lignée d’échappatoires,
même si elle mélange adroitement refinancement mutualisé
et monétisation de la dette.
Le
système est cassé et l’endettement trop poussé,
alors que les mécanismes censés le financer et en diluer le
risque ont sans rémission failli. Faute d’investisseurs, la
titrisation reste moribonde et va le rester tant qu’il s’agira de
relancer le crédit sur une grande échelle. Parallèlement,
les effets acquis de la mondialisation ont rendu illusoire la recherche
d’une croissance reposant sur une compétitivité
retrouvée et basée sur la baisse du coût du travail (ou
bien sur le repli derrière ses frontières).
L’équation se complique encore si l’on introduit les
nouvelles contraintes liées à la détérioration de
l’environnement et aux pénuries qui s’annoncent.
Petit
à petit, au fur et à mesure que surviennent les épisodes
de la crise, les contours d’une nouvelle donne se dessinent en creux.
Les impasses se précisent, pas les solutions : un vide manifeste
apparait. La crise avait jusqu’à maintenant comme principal
moteur les soubresauts d’un système ayant perdu son
équilibre. Un deuxième moteur vient de démarrer.
Billet rédigé par
François Leclerc
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