| C’est la débandade chez Pimco, le méga fonds d’investissement américain, et l’heure du départ a sonné chez BNP Paribas. Après Mohamed el-Rian, un ancien expert du FMI, Bill Gross prend la poudre d’escampette après 43 années à sa tête, dans le contexte de l’annonce d’une enquête de la Securities and Exchange Commission (SEC) qui a valu à cette figure légendaire de la finance d’être interrogée par ses soins. Baudoin Prot va pour sa part quitter la présidence de BNP Paribas à l’insu de son plein gré. Un scandale de plus couve dans les milieux financiers, qui cette fois-ci porte sur les Trackers (ou Exchange Traded Funds, ETF), et plus particulièrement sur une espèce de ceux-ci dénommée Trackers actifs, qui ne représente encore que 1% de leur volume total (1,65 milliers de milliards de dollars), mais est en pleine expansion. Comme d’habitude, le nouveau miracle annoncé de cette famille de produits financiers pourrait tourner au vinaigre. À l’origine, un Tracker est un fond côté qui réplique fidèlement la performance d’un sous-jacent : action, obligation, indice de toute nature… Sa performance en est automatiquement reproduite, sans intervention d’un trader. Elle peut même être amplifiée dans le cas d’un Tracker à effet de levier, nous faisant entrer dans le domaine des Trackers actifs dont Pimco était précisément le grand spécialiste. D’autres comportements sont alors possibles, comme par exemple voir sa valeur varier de manière inverse à celle de son sous-jacent ! Dans ce contexte, un trader peut aussi intervenir, et c’est alors que tout devient possible ! Dans le cas de Pimco, un gonflement artificiel du rendement de leur Tracker vedette est soupçonné par les enquêteurs, destiné à faire valoir une performance destinée à attirer les investisseurs… A suivre ! On connait mieux les circonstances qui ont conduit Baudoin Prot – énarque et inspecteur des finances, pur produit de l’establishment à la française – à quitter pour convenance personnelle la présidence de BNP Paribas, une fois une période de décence respectée. La banque a dû payer aux autorités américaines une amende de 6,52 milliards d’euros pour avoir enfreint un embargo financier du Soudan et de l’Iran (dont elle peut espérer récupérer un tiers sous forme de déduction de l’impôt sur les sociétés), Baudoin Prot étant à l’époque des faits directeur général opérationnel de BNP Paribas et pouvant difficilement avoir ignoré les faits. Mais, dans ce monde bancaire feutré (pardon pour le cliché), un arbre ne cacherait-il pas la forêt ? Le délai de mise en œuvre de la sanction frappant Baudoin Prot a-t-il pour seule fonction de respecter des usages qui veulent que celles-ci ne doivent jamais intervenir à chaud, et que leurs véritables raisons ne doivent pas être dévoilées ? Ou vise-t-il également à brouiller encore plus les pistes et à protéger celui qui pourrait être considéré comme dirigeant de fait de BNP Paribas, Michel Pébereau, l’un des juges de paix du capitalisme à la française ? Ce dernier a en effet gardé un siège au conseil d’administration de la banque, qui pourrait bien ne pas être un simple poste d’observation destiné à occuper sa retraite et est également connu pour veiller aux affaires dans leurs moindres détails… Jean Lemierre, un inspecteur des finances passé par la Direction du Trésor, qui va assurer au 1er décembre la succession de Baudoin Prot, se trouve par le plus grand des hasards être un proche de Michel Pébereau. Vous avez dit capitalisme de connivence ? | |