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Le
monde glisse lentement vers une époque dangereuse où les nations
ne seront plus capables de commercer les unes avec les autres
puisqu’elles n’auront plus confiance en les institutions qui
contrôlent le capital, c’est-à-dire en les banques
centrales, banques commerciales et gouvernements. Nous en arriverons
là lorsque les fournisseurs de ressources internationales, notamment
les producteurs de pétrole, refuseront d’accepter les lettres de
crédit émises par des intermédiaires peu fiables. Et une
fois plongées dans les ténèbres, les nations
libèreront leur vent de colère. Et les Etats-Unis seront le
bébé le plus bruyant de l’aire de jeu.
Les
Etats-Unis se transforment en un espace psychologique qui ne ressemble pas
que peu à l’esprit sauvage dans lequel s’est
trouvée emportée l’Allemagne au XXe siècle :
les forêts profondes de la paranoïa, où nos propres
échecs seront projetés sur ces autres qui ne peuvent nous
vouloir que du mal. Bien évidemment, même les paranoïaques
ont des ennemis. Il est certain qu’il y en a qui se feraient un plaisir
de faire du mal aux Etats-Unis, les paralyser, les pousser contre
l’influence de leur propre culture et leur propre économie. Mais
la tendance n’en sera pas moins à grossir les supposées
insultes tout en fermant les yeux sur notre propre comportement suicidaire.
Les
historiens remarqueront certainement que les évènements se sont
précipités en un mois d'août ensoleillé propice
aux nuits à la belle étoile, alors que les Hamptons
étaient emplis d’égos satisfaits d’eux-mêmes,
et que personne ne semblait prêter attention aux fraudes qui se sont
développées au printemps, sans parler des saisons de mauvais
comportement qui les ont précédé. Quand tout le monde
sera rentré de vacances, le monde sera en crise. Quelle surprise.
Les
Etats-Unis ne semblent pas vouloir se rendre à l’évidence
malgré les faits qui leurs volent en pleine figure : ils ne
peuvent pas continuer comme ils l’ont fait jusqu’à
présent. Ils refusent de prendre les décisions
nécessaires à un retournement de situation. Ils tentent de
contrer leurs pertes par la fraude comptable et continuent de
prétendre que tout fonctionne comme il le devrait. Mais la fraude
comptable n’a fait qu’amplifier le désordre bancaire. Ce
désordre a infecté notre devise, et l’infection se
propage. Est-il surprenant que la première maladie pandémique
à prendre le dessus sur le système immunitaire global
n’ait pas été la grippe aviaire mais une infection
monétaire ?
Au
centre de cette infection monétaire se trouve la blitzkrieg qui a
affecté l’or et l’argent au printemps dernier, durant
laquelle des ventes ont été effectuées dans
l’objectif de faire perdre leur caractère monétaire aux
monnaies métalliques. La conséquence en a été un
flux de l’ancienne monnaie depuis les mains de ceux qui la
prétendait sans valeur vers celles d’autres qui n’ont
jamais adopté cette idée. Ce qui s’est trouvé mis
à mal par ce mouvement n’est autre que l’actif qui
prétend plus que tout autre posséder de la valeur, j’ai
nommé les obligations souveraines, et particulièrement les bons
du Trésor émis par les Etats-Unis. Après tout, les bons
du Trésor sont, dans les yeux des banquiers, l’équivalent
de paiements en cash. Il se trouve malheureusement que le monde a
commencé à s’étouffer dessus – y compris la
banque centrale Américaine elle-même, qui se goinfre au buffet
d’enchères mensuel depuis des années et est
aujourd’hui pleine à craquer. A dire vrai, elle est tellement
grasse qu’elle ne pourrait plus quitter la pièce dans laquelle
le buffet a été dressé.
Quelle
que soit votre approche de la chose, nous ne pouvons échapper à
la crise de confiance. Les grosses banques et bourses qui se cachent
derrière l’effondrement de l’or du printemps 2013
n’ont plus aucun tour dans leur sac, ni d’or avec lequel nous en
jouer à nouveau. Leur partenaire, le gouvernement des Etats-Unis, est
lui aussi à court d’idées : une confiscation de
l’or à la Franklin Roosevelt ou peut-être des taxes
punitives sur les ventes privées d’or. Ce qui fonctionnait en
1933 pourrait ne plus fonctionner aujourd’hui, dans notre monde
où tout un chacun est armé jusqu’aux dents. Pour ce qui
est de la taxe punitive, j’irai jusqu’à dire que de
nombreux investisseurs sur l’or investissent justement parce
qu’il ne pourrait bientôt plus exister de gouvernement sur lequel
dépendre pour prendre de mauvaises décisions. Dans le palais de
papier, les taux d’intérêts des obligations
Américaines sur 10 ans gagnent un point de base ici, un point de base
par-là, à la manière d’un niveau de la mer qui ne
cesserait de monter. Il n’en faudra pas beaucoup plus pour que la
Réserve Fédérale se retrouve les pieds dans l’eau.
Je
ressens de la pitié pour Mr Obama, qui n’a fait que se
déplacer dans son pays pour apparaître héroïque sans
pour autant avoir fait quoi que ce soit pour chasser le monstre de notre
temps. Mais lorsque nous entendrons les rumeurs quant à la nomination
imminente de Larry Summers en tant que nouveau
directeur de la Fed, il ne me sera plus possible de ressentir de la
pitié en son égard. Je me contenterai d’être
désolé pour la nation qui devra persister sous le joug
d’aspirants magiciens.
Je
ne vois pas comment le monde financier pourrait ne pas exploser cet automne,
lorsque les restes digérés d’une huître pas
fraîche passeront au travers du périnée de la plus jolie
fille de Sag Harbor.
Lorsque tout explosera, la NSA aura au moins préparé sa liste
de choses à faire, et peut-être que les chômeurs pourront
être employés pour huit dollars de l’heure pour s’en
prendre à ceux qui essaient encore de vivre leur vie en paix. Le
tremblement que vous entendrez à l’horizon au moins de septembre
sera celui des banques tombant comme des châteaux de cartes, suivies
par le reste de l’économie dont la machinerie prendra une halte
soudaine. Après ça, il ne retentira plus que le craquement de
coups de feu.
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