L’équipe Obama a fait une
belle bourde la semaine dernière en nommantt Blythe Masters, responsable des
ressources chez JP Morgan, au comité de la CFTC chargé de réguler les activités
sur les marchés papier du maïs, des côtes de porc, du café, du cacao – et de
l’or aussi, au passage, marché que JP Morgan est soupçonnée d’avoir manipulé.
Une affaire parmi celles qui ont surgi récemment, comme le fiasco de MF
Global de 2011 suite auquel des milliards de dollars de comptes clients se
sont comme par magie retrouvés chez JP Morgan en conséquences de mauvais
paris placés sur les obligations européennes. MF Global, maison de courtage
spécialisée dans le négoce de marchandises, a été liquidée en 2011. La CFTC
n’a jamais émis d’ordre de poursuite au Département de la justice et, bien
entendu, le PDG de la société, Jon Corzine, savoure encore à ce jour des
lattés au caramel dans les Hamptons. Voici à quoi ressemblent les
transactions Téflon des années Obama : rien ne colle aux basques des
fraudeurs.
La nomination de Blythe
Masters a causé un tel vent de scandale et
tant de réactions sur Twitter qu’elle a dû se retirer des membres
potentiels du comité avant la fin de la journée.
JP Morgan est l’une des
banques « privilégiées » dîtes indispensables à la finance
mondiale. Si l’une d’entre elles faisait faillite, la matrice d’obligations
globale – et donc de la monnaie globale – se réduirait à un nuage de fumée de
promesses brisées. Elles travaillent main dans la main avec leur partenaire
des ténèbres, la Fed, et leur mission première est d’acheter des bons du
trésor et des billets de banque au gouvernement pour les « vendre »
à la Fed (sans oublier d’obtenir des commissions en cours de route). La Fed
prête à son tour des milliards de dollars à ces banques à taux d’intérêt zéro
pour qu’elles placent ensuite cette monnaie « empruntée » auprès de
la Fed avec intérêts. Il est ici question d’obtenir de l’argent en échange de
rien du tout, et même de faibles taux d’intérêts permettent des profits
importants compte tenu des volumes impliqués.
Ce « carry trade » a
été mis en place parce que les banques privilégiées sont devenues insolvables
après 2008 et avaient besoin de « réserves » pour devenir saines à
nouveau. Mais ce concept était sommaire, puisque les standards comptables
avaient été abandonnés officiellement en 2009 suite à la déclaration par le
Financial Accounting Standards Board (FASB)que les banques pouvaient reporter
leurs actifs sur leurs bilans aux prix qui leur plaisaient. En clair, la
stabilité des plus grosses banques des Etats-Unis ne pouvait plus être
déterminée, point final. Les banques sont passées au-delà de la comptabilité
et de la loi. C’est à ce moment-là qu’elles ont commencé à déplacer les
instruments de prêts immobiliers et de produits dérivés à valeur inconnue
depuis leurs coffres vers ceux de la Réserve fédérale, où ils se trouvent
encore à ce jour et moisissent tels un paquet de steaks hachés dans les
sous-sols d’une chaine de hamburgers en banqueroute.
Toutes ces magouilles
incompréhensibles ont été imaginées parce que la dette du monde ne peut être
remboursée. L’économie du monde, construite dans l’urgence au fil des
décennies, ne peut fonctionner sans remboursements de dettes, qui est
l’essence du crédit – la confiance implicite fondamentale au système
bancaire. Vous obtenez du crédit parce que d’autres ont confiance en votre
capacité à rembourser. Après un moment, il n’est plus question que d’une
convention au milieu de millions de transactions. Ce qui s’est passé, c’est
que cette convention est restée en place et que la confiance à disparu. Elle
a notamment disparu pour ce qui concerne les too-big-to-fail.
Tout le monde est maintenant
parfaitement au courant de ce petit jeu et essaie désespérément de s’en
sortir, avec l’aide de la Réserve Fédérale. Plus personne n’a confiance dans
le système et la dette est coincée entre Charybde et Scylla, priant pour se
faire oublier, pardonner et en tout état de cause laissée tranquille
pour un petit moment encore. A propos,
la raison pour laquelle le crédit et la confiance se sont évaporés est parce
que le pétrole n’est plus bon marché et qu’en conséquence les économies
mondiales ne peuvent plus croître. Elles ne peuvent même plus assurer les
opérations de maintenance courantes de notre société techno-industrielle.
Elles ne peuvent plus que prétendre le faire.
Les marchés d’actions ne sont
plus que les carnets de score de joueurs qui ne peuvent plus que mentir et
tricher pour faire durer un peu plus le jeu.
Quelque part, toutefois, au-delà de la fraude et du maquillage des
comptes, il reste le vrai monde qui n’est pas prêt de disparaître. Nous n’avons juste pas la moindre idée de
ce à quoi il ressemblera lorsque le brouillard de fraude s’éclaircira.