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Ces bruits effrayants, ces visions, ces odeurs que nous
porte le vent de cet hiver sans neige – telles des émanations
provenant de la cour intérieure d’un hôpital psychiatrique
– sont les signes d’une société ayant perdu la
tête. La hausse traumatisante des prix du pétrole
jusqu’à plus de 100 dollars le baril a poussé des tas de
monsieur et madame je-sais-tout à fulminer comme s’ils avaient
été enfermés dans le grenier de la nation depuis
Thanksgiving avec rien d’autre à faire que de jouer avec une
boîte de crayons. Les nombreuses affaires, plus absurdes les unes que
les autres, étant actuellement véhiculées par les
médias, sont sur le point de rendre la situation encore plus
compliquée qu’elle ne l’est déjà –
comme l’aurait fait tout autre amas de mensonges.
L’une des calomnies les plus grossières que
j’ai récemment entendues est que la production de pétrole
des Etats-Unis est actuellement si importante que l’Amérique est
à nouveau sur le point de devenir un pays exportateur de
pétrole – ce qui est absolument faux. Ce mensonge est né
d’un croisement entre des pensées utopiques et une mauvaise
utilisation statistique. Il a été diffusé à grands
coups de trompettes par le très crédule Tom Friedman dans son
article écrit pour le Sunday New York Times,
et est la preuve même de l’efficacité de la campagne de
propagande dont l’industrie pétrolière des Etats-Unis
fait aujourd’hui l’objet.
Bon nombre de ces idées fausses sont
développées par les secteurs du pétrole et du gaz de
schiste eux-mêmes. Ces publicités que vous voyez sur les
chaînes du câble à l’heure du journal
télévisé ont pour objectif de lever des fonds
auprès de personnes âgées ayant été
escroquées par le marché des obligations et ne sachant pas
où placer leur pension de retraite. Le pétrole et le gaz de
schiste peuvent paraître à leurs yeux comme étant un pari
intéressant, plus particulièrement pour ceux d’entre eux étant
coincés dans des maisons de retraites au fin fond de l’Alabama
et de la Floride, où ne pas pouvoir conduire représente une
peine de mort virtuelle.
Le gouvernement des Etats-Unis est bien entendu de
mèche dans cette propagande offensive, tout particulièrement
l’Energy Information Agency (EIA), qui publie
régulièrement des rapports optimistes au sujet du devenir de la
production pétrolière des Etats-Unis. Cette prise de position
politique ne représente qu’un nouvel effort de répandre
un nouveau mensonge au sujet de
‘l’indépendance énergétique’ des
Etats-Unis. Vous saurez que nous y serons parvenus lorsque vous aurez
à vous rendre au travail à pied, en marchant le long de champs
de pommes de terre. Cette propagande a été
développée par les hommes politiques afin de leur éviter
d’avoir à dévoiler la réalité à
leurs électeurs, par peur des conséquences que cela pourrait
avoir sur leur carrière. Le secrétaire du Département de
l’Energie, Steven Chu, sera bientôt vu comme un homme passif et
pathétique, ayant cru que garder le silence était la position
la plus patriotique et la plus honnête qu’il puisse adopter.
En réalité, cette propagande est
basée en grande partie sur l’incapacité des
Américains à imaginer leur vie sans leur voiture. L’une
des personnes les plus actives de cette campagne de propagande est John Hofmeister, ancien PDG de Shell. Pas plus tard que la
semaine dernière, il débattait avec Tad
Patzek, ingénieur pétrolier de
l’Université du Texas. Le point de vue de Hofmeister
est basé sur une idée principale fallacieuse: la vie aux
Etats-Unis ne pourrait uniquement
suivre son cours que si les voitures et les camions continuaient de rouler.
Toute autre alternative est pour lui impensable, voire impensable. Il insiste
également sur le fait que l’identité nationale et le
destin des Etats-Unis sont liés aux moyens de transports privés
et à la dépendance aux véhicules motorisés. Ce
débat était bien entendu des plus absurdes, et Patzek est resté bien trop poli pour contester
l’idée de Hofmeister.
La mauvaise compréhension du public a
été accentuée par les fausses déclarations qui se
sont développées ces dernières années, tout
particulièrement celles concernant le pétrole de schiste du
bassin de Bakken dans le nord du Dakota, les
nombreux gisements de gaz de schiste dispersés de part et
d’autres du pays, et les sables bitumeux du Canada (que nombreux
considèrent comme appartenant aux Etats-Unis). En
réalité, le secteur pétrolier des Etats-Unis ne fait
qu’injecter des quantités astronomiques de monnaie dans
l’extraction d’un pétrole toujours plus difficile à
atteindre. Nous sommes entrés dans la phase terminale d’un long
cycle de dette, et l’une des choses dont nous pouvons être
certains est la diminution de notre capital d’investissement,
d’où la propagande frénétique visant à
injecter toujours davantage de monnaie dans l’industrie du
pétrole et gaz de schiste.
Nombreux sont ceux qui s’imaginent encore que les
Etats-Unis disposent de réserves de gaz naturel suffisantes pour
pouvoir durer encore cent ans. Le président Obama est responsable de
ces bobards. Un commentateur financier, Bert Dohmen,
a récemment déclaré lors d’un podcast
ayant été publié sur Financial Sense
News Network, que les Etats-Unis disposaient encore de réserves
suffisantes pour pouvoir durer encore mille ans. C’est là une
déclaration irresponsable qui finira un jour par enflammer un public
déjà escroqué par des autorités en qui il
désire désespérément pouvoir faire confiance. La
vérité, c’est que les Etats-Unis ne disposent
certainement pas de plus de sept ans de réserves de gaz de schiste, et
de peut-être vingt ans de gaz au total. Ces chiffres pourraient
également être réduits par les désordres dont
souffre aujourd’hui le système bancaire.
Dans tous les cas, cet amas de mensonge finira par entrer
en collision avec la volatilité des prix, et l’électorat
Américain n’en ressortira que plus en colère que jamais.
Ceci, bien sûr, ne fera qu’entraîner toujours plus de
mensonges, de déblatérations de bobards et de flagellations de
la part de la sphère politique. Il deviendra d’autant plus
difficile pour le public de discerner le vrai du faux. Entre temps, les
désordres financiers deviendront hors de contrôle. Les choses
deviennent de plus en plus critiques. Je pense que de plus en plus de
violences politiques apparaîtront lors des campagnes politiques de cet été.
Les semaines à venir s’annoncent intéressantes.
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