L’or a toujours été considéré comme une ressource particulièrement
rare sur Terre, et c’est vrai que la totalité de l’or extrait depuis
les origines de l’humanité ne représenterait « seulement » qu’un
cube d’une vingtaine de mètres de côté. C’est d’ailleurs en grande partie ce
qui lui confère son caractère précieux ainsi que son prix
relativement élevé. Pourtant, des scientifiques ont récemment confirmé des
travaux publiés il y a 5 ans qui montraient qu’en réalité, notre planète
recèlerait assez d’or pour recouvrir toute la surface du globe sur
une épaisseur de 4 mètres au moins !
En 2011, l’annonce fut publiée sans tambours ni trompettes, relayée par
quelques magazines scientifiques avant d’être reprise sous forme de brève à
la fin de quelques journaux mainstream, histoire de combler leur
rubrique « Sciences » un peu faiblarde. La Terre contiendrait des
millions de milliards de mètres cube d’or totalement inexploité.
L’ennui, c’est que tout cet or est également, et très probablement,
inatteignable !
Une histoire d’atomes crochus… métalliques
Depuis l’antiquité, on considère que 175 500 tonnes d’or ont été
sorties de terre, soit environ 9000 m3. Toutefois, la totalité de ce
minerai provient des couches superficielles de la croûte terrestre et ne
représente qu’une infime partie de ce qu’on trouve plus profondément. Très,
très profondément.
Pour mieux comprendre ce phénomène, rappelons qu’il existe certains métaux
que l’on qualifie de sidérophiles (traduisez : « qui
aiment le fer »), c’est à dire que l’on trouve plus ou moins fréquemment
associés au fer en raison de leur plus ou moins grande affinité pour cet
élément, notamment à l’état liquide (c’est plus facile de mélanger des fluides
que des solides…). Et du fer à l’état liquide, on n’en trouve qu’à un seul
endroit en grande quantité : au cœur de notre planète. En
effet, le noyau de la Terre est composé à 80% de fer. Du fer à 5000° C, donc
liquide.
Conjointement à cette « attirance » pour le fer, les métaux
sidérophiles se caractérisent également par une moins grande affinité avec
l’oxygène. Ainsi, plus un métal est susceptible de se lier à l’oxygène et
plus il aura tendance à rester à la surface de l’écorce terrestre…
et à s’oxyder. A contrario, moins il aura d’affinité pour l’oxygène (moins
oxydable) et plus on le retrouvera en grande profondeur, irrésistiblement
attiré par le noyau de fer brulant qui palpite au centre de notre planète. L’or
ne s’oxyde jamais, et son affinité avec le fer est tellement forte
qu’il a migré massivement en même temps que lui vers les profondeurs de la
Terre dès les premiers temps de la formation du système solaire. À tel point
qu’il ne devrait normalement plus y avoir une once d’or (ou même de fer) à
moins de 3000 kilomètres de la surface.
Tout l’or du monde… n’est pas de ce monde
Et pourtant, il y en a, et peu de gens savent qu’en réalité cet or
que l’on extrait des mines depuis l’Antiquité (mais c’est valable
pour un grand nombre d’éléments particulièrement rares comme le platine ou
l’iridium par exemple) vient tout simplement… de l’espace !
Ce sont les météorites, comètes et autres astéroïdes nés des collisions
originelles du système solaire qui ont ensemencé notre planète de tous ces
métaux qu’ils contenaient naturellement, en venant s’écraser à la surface de
la Terre depuis 3,9 milliards d’années. Et de cet or extra-terrestre,
on considère qu’il subsiste encore environ 52 000 tonnes à récupérer,
soit un peu plus de 2000 milliards d’euros au cours actuel.
Mais quid de l’or réellement terrestre qui serait donc piégé dans les
profondeurs insondables de notre planète ? Là, les quantités ne sont plus les
mêmes puisqu’on estime que tout l’or contenu dans et autour du noyau serait
suffisant pour recouvrir la totalité du globe sur 4 mètres d’épaisseur, soit
un volume de 2 000 000 000 000 000 m3 (deux millions de milliards de
mètres cubes). En tonnes, on arrive à près de 40 000 000 000 000 000
(quarante millions de milliards) soit 228 milliards de fois plus que tout
l’or déjà extrait. Tous ces chiffres sont ridiculement élevés et notre esprit
ne peut tout simplement pas les imaginer. Pour vous achever et terminer dans
l’absurde, sachez qu’au cours du jour tout cet or vaudrait 1 500 000 000 000
000 000 000 000 € (1,5 million de milliards de milliards d’euros).
Ce qui ne veut réellement plus rien dire…
Ce qui est certain en revanche, c’est que cet or est, et restera,
définitivement inaccessible, ne serait-ce qu’en raison de la profondeur où il
se trouve, ainsi que des formidables températures et pressions qu’il faudrait
combattre pour simplement s’approcher à mi-chemin. Mais c’est plutôt
une bonne chose car, si l’or est si précieux, c’est justement parce
qu’il est rare (et maintenant que vous le savez, peut-être aussi un peu parce
qu’il nous vient de l’espace…). Que se passerait-il si, subitement, on était
en mesure de multiplier la masse d’or disponible au-delà de ce qui est
imaginable ? Inévitablement, les cours s’effondreraient, au
point que même le premier caillou venu vaudrait mille fois plus que n’importe
quelle pépite. Peut-être même qu’on finirait par construire des villes
entières en alliage doré, des routes aux bâtiments en passant par le mobilier
urbain et même les véhicules, car le métal jaune sera alors devenu le plus
commun de tous les matériaux. Pour info, l’Homme utilise 6 milliards de
mètres cubes de béton et 1500 milliards de mètres cubes d’acier par an.
Seulement.