Prix de l’argent
en dollars sur cinq ans (Thomson Reuters)
Un climat d’incertitude et de
confusion règne à Londres, deux jours seulement avant le lancement du nouveau
fixing de l’argent – qui a été baptisé le « prix de l’argent de Londres ».
Le Financial
Times mentionnait la nuit dernière l’incertitude qui plane au-dessus du
fixing de Londres, lancé il y a déjà 117 ans :
« Mettez-le en place
et ils viendront. C’est du moins ce que les participants au marché de l’argent
de Londres au 1,6 trillion de dollars annuel espèrent. Nous n’avons plus que
trois jours ouvrables à attendre avant que le remplacement électronique du
fixing de Londres soit lancé, et des doutes planent encore au sujet de l’identité
de ceux qui y participeront vendredi ».
Puisqu’il n’existe pas de
compensation centralisée pour les marchés des métaux précieux, les
utilisateurs initiaux du nouveau repère de prix devraient selon certains être
les onze teneurs de marché membres du LBMA, dont Crédit Suisse, JPMorgan, Goldman Sachs et UBS.
Mais jusqu'à présent, personne
n'a déclaré son implication dans le nouveau système, bien que les essais qui ont
été effectués se soient déroulés sans problème. Le CME Group, dont le Comex
offre le plus gros contrat à terme sur l’argent, fournit la plateforme de
prix électronique et l’algorithme qui seront utilisés pour déterminer le prix
d’ouverture de l’enchère. Thomson Reuters sera responsable de la gouvernance
et de l’administration du prix de l’argent de Londres.
Chose intéressante, le FT a
également rapporté la possibilité de voir se développer les achats d’argent
au cours des prochains jours :
« Des rumeurs
circulent déjà sur le marché au sujet de producteurs et consommateurs d’argent
qui se prépareraient à placer de nombreux ordres sur le marché ».
Voilà qui pourrait générer la
liquidation forcée des positions à découvert dont beaucoup de participants au
marché et analystes parlent depuis un certain temps.
Selon le FT, la liste des
participants au nouveau système de fixation du prix de l’argent de Londres
pourrait n’être publiée que vendredi.
Ce climat d’incertitude
alimente cependant les inquiétudes des participants qui dépendent du fixing.
Il existe actuellement un gros manque de transparence, et très peu d’informations
ont été publiées au sujet du fonctionnement du nouveau repère de prix.
Tout ce qui est clair est que
le fixing de l’argent mis en place il y a 117 ans est actuellement remplacé
par un nouveau « prix de l’argent de Londres ».
Ce prix de l’argent de Londres
sera administré en le nom du LBMA par le CME Group et Thomson Reuters.
Nous ne savons pas si le
nouveau prix sera rendu public via des fournisseurs de données, des courtiers
ou autres.
Voici ce que Bullion Desk nous dit de la situation :
Selon les termes de l’accord,
le prix de l’argent de Londres devrait être rendu disponible en temps réel
aux vendeurs participant. Avec seulement deux jours qui nous séparent de son
lancement, nous ne savons pas encore, en tant que vendeurs, si nous serons
capables de suivre la détermination du prix de l’or pour la transmettre à nos
inscrits et à nos clients.
Ce que nous savons est que le
mécanisme de détermination du prix de l’argent sera établi grâce à un système
d’enchères électronique. Il n’y aura pas de président, mais un algorithme qui
fera fluctuer le prix de l’argent à la hausse ou à la baisse jusqu’à ce que
les ordres d’achat et de vente soient équilibrés avec un écart maximum de
300.000 onces.
Le nouveau fixing devrait
avoir un plus grand nombre de participants que le précédent, bien que nous ne
sachions pas qui ils seront.
Il devrait être possible de
suivre la détermination du prix de l’argent en temps réel et d’observer l’offre
et la demande nettes pour chaque prix proposé. L’accès au prix de l’argent de
Londres devrait initialement être libre et gratuit, mais après une période d’introduction
de six mois, des frais seront imposés.
Beaucoup de questions restent
encore sans réponse. Nous ne savons pas à quoi ressembleront les données publiées
pendant l’enchère, ni ce que coûteront les frais de participation à la
détermination du prix de l’argent en temps réel.
Dan Rees, directeur de
stratégie pour les marchandises chez Thomson Reuters, a déclaré le mois
dernier qu’afin de faciliter la transition entre les deux systèmes, aucune altération
majeure ne serait faite au cours de ces six prochains mois, après lesquels
des frais seront imposés à ceux qui seront désireux d’accéder à la
détermination du prix de l’argent.
L’ancien fixing de l’argent a
pris fin en avril dernier, après le retrait de Deutsche Bank suite à l’annonce
d’une enquête approfondie sur les fixings de l’or et de l’argent par une
agence de régulation allemande. Il ne restait alors plus que deux banques à
la tête du fixing - Bank of Nova Scotia et HSBC
Holdings, qui sous la pression auraient aussi pu décider de cesser de
participer au fixing.
Le LBMA s’est donc penché sur
une possible alternative, alors que les régulateurs de marché s’intéressaient
aux repères de prix du secteur financier suite à un scandale impliquant la
manipulation de taux d’intérêts, de taux de change et d’autres marchés.
De mon propre point de vue, le
remplacement d’une poignée de banques par CME et Thomson Reuters est une
chose positive. En revanche, le diable se cache dans le détail, et il est
important que le nouveau mécanisme de détermination de prix soit transparent
et qu’il soit contrôlé par des agences de régulation.
Le CME Group est le plus gros
marché des Etats-Unis et le deuxième plus gros marché du monde pour les
contrats à terme, et le nouveau fixing pourrait être dérivé du trading électronique et de contrats à termes plutôt que
de l’offre et de la demande en or physique.
Mon inquiétude est liée aux
abus que nous avons pu observer avec les traders malhonnêtes et les
programmes de négoce à haute fréquence. Le CME Group lui-même a déclaré que
les marchés étaient manipulés à l’aide de ces programmes. Les participants au
marché ont besoin d’être rassurés et d’être certains que de telles
manipulations n’auront pas lieu d’être sur le nouveau fixing de Londres.
La récente manipulation du
prix de l’or, qui a été mise au grand jour suite aux découvertes de l’Autorité
de conduite financière au sujet de Barclays, laisse espérer que les agences
de régulations suivront de près le nouveau système de détermination du prix
de l’argent de Londres.