« Il dit ce qu’il pense
vraiment. » C’est l’explication que l’on nous donne souvent pour
expliquer le succès politique de Donald J. Trump. Et il semblerait que les
médias américains soient passés complètement à côté de ce que cela signifie :
le reste de la scène politique américaine refuse de dire ce qu’elle pense
vraiment. Pourquoi, et comment est-ce possible ?
La réponse à cette question est
très simple : ils ont peur de ce que cela donnerait à la télévision. Un
mot de travers, et c’est la crucifixion politique assurée. Le secret de
Trump, c’est que chaque mot qui sort de sa bouche sans filtre – et de l’esprit
hypothétique qui y est rattaché – souligne et célèbre une libération de cette
peur. Trump est un peu comme le blaireau de miel célèbre sur YouTube :
il se contrefiche de tout. Il continue d’avancer au travers d’une opposition
mordante, piquante, aboyante, odieuse et empoisonnée. Il n’a en tête que sa
récompense.
Une réponse un peu plus complexe
est que les Etats-Unis sont devenus une matrice de rackets basés sur la
fraude, l’escroquerie et l’extorsion qui ne peut être maintenue que par le
mensonge, qui forme l’armature de tous ces rackets. Voilà qui explique l’un
des grands mystères du double-mandat de M. Obama à la Maison blanche :
pourquoi son Département de la justice n’a jamais poursuivi (ou osé enquêter
sur) les crimes bancaires après la débâcle des obligations hypothécaires en 2008.
La Sainte Trinité de la fraude bancaire : Rubin, Geithner, et Summers,
lui ont téléphoné après les élections et lui ont dit « Voyez-vous, cher
Président, un seul faut mouvement de votre part dans la direction de vos amis
qui se croient accomplir le travail de Dieu, et tout ce château de cartes s’écroulera ».
C’est pourquoi Obama a offert au trio des positions d’autorité et de conseil,
et la raison pour laquelle les rackets se poursuivent aujourd’hui aux dépends
du reste d’entre nous.
Les enjeux étaient apparemment
trop abscons pour être compris du public, et ont été ignorés au-delà des
délais de prescription. Bien évidemment, le problème des opérations basées
sur le mensonge est que, tôt ou tard, la vérité vient reprendre ses droits,
et la correction devient impossible à ignorer. Il y a des chances que ce soit
là le cadeau d’adieu que réserve le destin à Obama. Il sortira comme il est
entré : en pleine tourmente.
En tant qu’exemple des dommages
collatéraux causés par ce filtrage de la réalité, l’une des conséquences en
est les taux d’intérêt à zéro pourcent (une escroquerie destinée à soutenir les
banques) : les gens ordinaires qui ne sont plus en âge de travailler ne
peuvent obtenir de revenus de manière traditionnelle au travers de leurs
comptes épargne, de leurs certificats de dépôt et de leurs obligations. En
raison de mon âge avancé, je reçois des emails constants de la part d’un
organisme appelé AARP et prétendant être l’American Association of Retired
Persons (je n’ai aucune intention de prendre ma retraite, soit dit en
passant). Aucun de ces messages incessants ne mentionne les dommages causés
par les taux d’intérêt à zéro pourcent pour les gens les plus modestes qui n’ont
plus grand-chose d’autre que leur épargne pour survivre. S’ils se trouvent
posséder quelques milliers de dollars d’épargne, disons 38.000 dollars, ils
ne peuvent pas générer suffisamment de revenus pour rembourser leur ration
annuelle d’Ibuprofène. Parce que l’AARP ne représente pas les intérêts de ce
groupe. L’AARP est un racket d’assurance. L’AARP est un simulacre destiné à
priver ses victimes malheureuses de leurs actifs.
Je trouve ironique que l’antidote
que l’on nous conseille pour faire face à la pandémie du mensonge qui fait
rage aux Etats-Unis soit un escroc du développement immobilier et un magnat
des jeux d’argent. La grande entrée de Trump et de sa bouche sans filtre dans
l’arène politique devient un argument préliminaire en faveur de l’abandon d’un
bagage politique sclérosé qui pendant quatre générations a été suffisamment
chanceux pour vivre dans un monde qui lui a brièvement permis de défier les
lois de la physique et de la nature humaine. Ce dont nous devons réellement
nous inquiéter est ce qui suivra la montée en puissance de Trump, aussi bien
en termes de circonstances déplorables que de personnages qui se débattront
contre elles.