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Existe-t-il, en ce monde tissé d’extorsions
et d’escroqueries, un baby boomer si borné qu’il pense
pouvoir échapper aux imminentes Foudres des Enfants du
Millénaire ? Ceci est si évident que seul un
économiste académicien pourrait manquer de s’en
apercevoir. Voici comment les choses se dérouleront : d’ici
quelques mois, alors que la crise financière continuera de
s’aggraver, que les chimères de la création
d’emploi se dissiperont, que les technocrates Européens,
tremblants de tous leurs membres, se réuniront nerveusement à
proximité d’un lac Suisse, et que Romney et Obama se dameront
mutuellement le pion quant à savoir lequel d’entre eux
possède la solution miracle aux déboires économiques, un
intéressant thème commencera à circuler sur internet,
portant les mots : ‘Enfants du Millenaire,
renoncez à vos prêts étudiants, et libérez-vous de
vos chaines !’.
Après quoi nous assisterons à
l’arrivée de quelque chose de merveilleux… A l’unisson,
ils priveront de son autonomie la génération d’escrocs
qu’est celle de leurs parents, de leurs professeurs, de leurs
banquiers, et de leurs chefs suprêmes, et confronteront une fois pour
toutes le système général de fraude que sont les
Etats-Unis à la dure réalité.
Je suppose que cela se produira ainsi, et je pense
même développer ce thème moi-même et le regarder se
répandre sur la toile. L’extorsion que représentent les
prêts étudiants sont une entreprise bien plus cynique encore que
celle des prêts immobiliers, parce que de nombreuses personnes qui
auraient mérité une meilleure éducation, les personnes
supposées intelligentes telles que les doyens
d’universités, les secrétaires de cabinets, les Yodas de groupes de réflexion, ont tous souffert
de la fausse promesse que le cargo de l’éducation
supérieure créerait sans cesse de nouveaux emplois –
alors qu’en vérité, le vaisseau d’espoirs et de
rêves sombrait déjà dans un océan de
ténèbres.
Existe-t-il un enfant du Millénaire qui croit
encore que le sachet de petits cadeaux qu’on lui a promis sous le nom
délusoire ‘d’emploi stable’ attend encore patiemment
de lui être délivré et de lui permettre fonder une
famille comme le voudrait le désormais obsolète Rêve
Américain ? Après un rêve, la réalité
peut paraître brutale. Le Rêve Américain était un
assez beau rêve, mais comme tous les autres, il disparaît avec
l’arrivée d’une nouvelle journée, laissant le
dormeur perturbé, anxieux et épuisé. Ils n’ont
plus rien à perdre, si ce n’est leur peur de leur distributeur
d’allocations chômage et du donjon que représente
l’empire des collecteurs d’impôts.
Cette idée devrait se développer dans le
même temps que la saison des élections approche. De la
même manière que les protestataires
anti-guerre d’août 1968 avaient brûlé leur
carte électorale dans les rues de Chicago, les enfants du
Millénaire devraient se rendre cet été dans les parkings
de Charlotte et de Tampa – il n’y a pas de rues dans ces villes
– et les assombrir de la fumée émanant de leurs contrats
de prêts. Ils devraient ensuite répudier bruyamment les deux
factions inutiles et mensongères que sont les partis politiques des
Etats-Unis, ainsi que leurs promesses de cent ans de gaz de schiste, de
création incessante d’emploi, et de relations personnelles avec
le Saint-Esprit ! Ils devraient les envoyer dans les boyaux de
l’Histoire, rentrer chez eux et prendre les choses en main à
l’échelle locale.
Les universités elles-mêmes finiront bien
sûr par imploser, de la même manière que toute autre
institution organisée à très grande échelle.
Elles ne sont pas plus préparées à ce qui est sur le
point de leur arriver que les escrocs du gouvernement, des banques, ou encore
de la médecine. Avec du recul, nous finirons par nous demander comment
ils sont un jour parvenus à obtenir 50.000 dollars par an pour leurs
absurdes promesses, et comment nous avons pu laisser des jeunes privés
de leur capacité de jugement jeter en l’air leur vie
financière et signer des contrats de prêts plus exigeants encore
que ceux de leurs parents. Lorsque les universités
s’effondreront, renvoyant leurs employés à tour de bras
dans le processus, il sera très intéressant de voir les
professeurs d’économie autrefois distingués apprendre à
planter des choux frisés et s’occuper de poulaillers aux
côtés de leurs anciens étudiants. J’imagine que la
situation aux Etats-Unis sera bien pire encore que la Révolution
Culturelle des années 1960 en Chine, durant laquelle les membres de
l’administration, les professeurs et d’autres personnes
d’influence furent paradés au milieu de la foule avec des
bonnets d’âne sur la tête. L’Histoire voit
naître de drôles de choses.
L’argent représenté par les
prêts étudiants ne sera de toute façon jamais
remboursé. La jeunesse du Millenaire se doit de mettre un terme
à des années d’escroqueries. Cet étrange
jubilé pourrait, et devrait, tout changer.
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