Il ne reste plus qu’une paire de semaines pour achever cette année 2020 fort pénible, mais ce n’est pas une raison pour échapper à quelques nouveaux rebondissements : on apprend soudainement qu’Emmanuel Macron, le chef de l’État d’urgence, aurait attrapé un petit virus.
Les tests divers et variés sont formels : le président de la République est positif bien au-delà de son caractère naturel puisqu’il a semble-t-il chopé le coronavirus.
Cette information est importante, mine de rien.
Il faut isoler l’exécutif. Vite
D’une part, officiellement contaminé, notre brave président va devoir s’isoler.
On frémit déjà à l’idée d’être privé de ses envolées lyriques pour le jour de l’an si jamais la maladie devait s’installer ou, pire encore, à l’image déplorable d’un président tousser comme un catarrheux en nous souhaitant une excellente année 2021 entre deux quintes pulsées au rythme de ses petits poumons maltraités.
On imagine déjà la vacance du pouvoir que cette absence entraînerait : le flot des décisions exécutives précises et bien pensées s’arrêterait alors net ; finies alors, les déclarations trépidantes d’une présidence effervescente ne renonçant jamais à une convention citoyenne artificielle, un référendum bidon pour amuser la galerie ou un aphorisme traversant la rue, les médias et le seuil de décence. L’angoisse d’un silence élyséen compact s’installerait, à peine rompu de petits « kof kof kof » souffreteux.
On se rassure cependant en se disant qu’avec les traitements modernes qui existent à présent ainsi que la poudre de perlimpinpin que notre frétillant président ne manquera pas de s’envoyer dans les nasaux, le silence salvateur sera de courte durée hélas.
Il reste néanmoins la question des contacts qui papillonnent sans arrêt autour du président : sans même chercher à savoir quel félon a bien pu lui refiler cette chtouille chinoise, force est de constater qu’il va falloir, maintenant, isoler aussi, en plus du chef de l’exécutif, le premier ministre, la cohorte d’inutiles froufroutants les entourant ainsi que Brigitte qui, compte-tenu de son âge, devra évidemment prendre des précautions supplémentaires et arrêter d’asperger des personnes fragiles avec ses miasmes. Qu’on se rassure : la bûche élyséenne sera découpée loin d’elle qui restera en cuisine, comme le préconisait récemment certaines autorités médicales.
Par principe de précaution, du reste inscrit dans la constitution et dont on sait que le Président s’attachera toujours à la respecter à la lettre (quitte, d’ailleurs, à lui en ajouter quelques paquets à coup de référendums plus ou moins bien troussés), il va donc falloir confiner notre gouvernement pour des raisons sanitaires, sur l’ensemble de la durée des fêtes de fin d’année.
Gageons que Jean Castex saura limiter ses interactions sociales au strict minimum et deviendra un exemple parfait pour le reste de la Nation qui ne manquera pas de le scruter attentivement pendant cette période. Après tout, lui et sa brochette de clowns ministres ont édicté des règles qu’on s’attend à les voir suivre avec scrupule.
L’arroseur arrosé
D’autre part, il est évident que le président a contracté le vilain virus dans ses activités précédentes. On comprend que la charge dont il est investi suppose justement pas mal de contacts et que la distanciation sociale ne soit pas toujours possible mais on ne peut s’empêcher de se demander comment il a bien pu…
« Les ténors de LREM et du MoDem étaient réunis jusqu’à minuit et demi mercredi soir autour du chef de l’État, qui ne présentait alors aucun symptôme. »
Ah oui alors bon bref : apparemment, la règle des six personnes à table, c’est seulement pour la famille proche, la famille politique et apparenté ne rentrant pas dans la définition.
Il semble que le virus, dont on sait déjà qu’il est particulièrement pointilleux en termes d’horaires pour infecter ses victimes (jamais aux heures de pointe, seulement après 20h et avant 6h, typiquement), est aussi très ergoteur lorsqu’il s’agit des accointances : les quatre ou cinq membres de famille sont clairement des risques, les trente collègues de bureau, c’est moins sûr et les deux cents passagers de la rame de métro bondée, c’est clairement non.
Bref : le président a donc attrapé son virus sans qu’on puisse réellement déterminer ni où, ni quand.
Ni pourquoi, du reste, tant il est évident que tous les gestes barrières, distanciations sociales, petits plexiglas sanitaires et autres lavages de mains compulsifs ont été respectés, c’est très clair.
Se pose alors une question : ces gestes sont-ils les bons ? Si ce n’est pas le cas, on se demande pourquoi notre Mr. Propre élyséen s’emploie donc à en faire la publicité… Et s’ils sont si efficaces mais qu’il a, malgré tout, attrapé le virus, c’est bien qu’il ne les respectait pas, ce petit polisson qui n’a pourtant guère hésité à prodiguer des leçons à la terre entière, jusqu’au président Trump.
Voilà qui est étonnant pour un homme dont l’un des proches rappelait encore récemment à quel point il était important de faire attention et que si, malgré tout, on attrapait la maladie, c’est parce qu’on n’avait pas fait assez attention…
.@RichardFerrand : "Si on est malade c'est qu'on n'aura pas fait aussi attention que nécessaire(…)Nous devons être en grande vigilance(…). Ce n'est pas une question de faute, c'est une question de responsabilité" #le79Inter pic.twitter.com/XIRgsJyzJw
— France Inter (@franceinter) October 29, 2020
L’autre explication possible serait que ces gestes barrière plus ou moins grotesques ne servent à peu près à rien et que l’épidémie suit donc son cours inexorablement, à peine ralentie par les totems sanitaires imposés par un gouvernement maintenant en quarantaine.
Il reste qu’au bilan, cette péripétie gouvernementale permettra probablement à nos dirigeants de ne pas piocher dans le stock de vaccins – c’est commode : le vrai virus va les « vacciner » de fait – et va peut-être diminuer leur présence dans nos médias pendant une période où on va surtout avoir besoin de penser à autre chose que l’invraisemblable succession d’imbécilités et d’âneries qu’ils nous auront débitées tout au long de 2020 avec la constance et l’obstination que seuls les cuistres et les imbéciles déploient lorsqu’ils s’agitent niaisement à des postes importants.
Et puis parfois, un petit virus peut faire de gros dégâts. Rien qu’y penser, c’est un peu Noël avant l’heure.