L’inflation s’apprête-t-elle à l’emporter sur la déflation ?
Notre indicateur semble prouver qu’un retournement majeur est en train de se
produire.
Comme vous le savez, les banques centrales et les gouvernements ont un
besoin désespéré d’inflation.
Non pas parce que ce serait un signe de bonne santé économique, comme le
serinent les économistes à leur service. Simplement parce que l’inflation
permet de ronger leurs dettes et de tondre le contribuable sans même qu’il
s’en aperçoive.
L’inflation – une hausse des prix généralisée, sans valeur ajoutée – n’est
pas une bonne chose pour le pouvoir d’achat du citoyen ordinaire ; le
capitalisme honnête est déflationniste : il fait baisser les prix par le
jeu de la concurrence et des gains de productivité.
Mais comme vous le savez, cher lecteur fidèle et patient, nous ne vivons
pas dans un système de capitalisme honnête mais dans le créditisme.
Les débuts du créditisme (1971, fin des accords de Bretton-Woods et
rupture du lien entre le dollar et l’or) furent difficiles. Les gens étaient
sceptiques concernant cette monnaie purement fiduciaire. Les pays producteurs
de pétrole augmentèrent brutalement leurs prix. Une énorme inflation s’empara
des Etats-Unis et contamina le monde.
Les indices d’inflation gouvernementaux sont inutiles
Pour convaincre que la monnaie adossée à rien était bonne, que la dette
d’Etat adossée à des contribuables dociles valait autant que de l’or, les
gouvernements s’employèrent à tricher sur les mesures d’inflation. Les
« paniers » comportaient des choses d’utilité contestable mais dont
le prix avait le mérite de baisser, comme la balle de ping-pong en France,
mais oubliaient ou minimisaient des choses dont le prix s’envolait.
De manipulation en manipulation, les Etats sont aujourd’hui pris à leur
propre piège : les indices officiels indiquent que l’inflation est sous
contrôle alors que quiconque peut constater que ses dépenses (dont beaucoup
sont de plus en plus contraintes et obligatoires) augmentent.
Cependant, malgré 10 ans de création monétaire inédite, stupéfiante,
renversante, bouleversante, le niveau d’inflation n’est pas celui des années
1971-1980. Cette création monétaire reste cantonnée aux actifs financiers et
à l’immobilier. Imaginez cela comme une immense retenue d’eau (après tout, on
parle bien de « liquidités »).
La création monétaire représente
pourtant presque 40% du PIB mondial, la plus gigantesque masse de liquidité
jamais créée dans l’histoire.
Si le barrage psychologique cède,
si un peu de ces liquidités commence à ruisseler dans le reste des activités
économiques, l’inflation sera à la hauteur de la création monétaire qui l’a
précédée : gigantesque, échevelée, inouïe…
Comme les Etats sont surendettés, relever les taux sera impossible. Ce
sera une fuite éperdue devant la monnaie, la plus grave crise monétaire de
tous les temps.
Pour le moment tout est calme, aucune liquidité ne paraît suinter le long
d’une fissure du barrage. Vraiment ?
Un instrument adapté pour anticiper l’inflation
Mais quel instrument de contrôle avons-nous puisque les mesures ont été
faussées ?
Pour répondre à cette question cruciale, mon collègue américain Graham
Summers propose un indicateur simple.
Sa thèse est la suivante.
Une hausse du prix des bons du Trésor à long terme est un indicateur de
crainte de déflation. Les investisseurs en achètent lorsqu’ils pensent que
l’économie va ralentir et ils veulent parquer leur argent en sécurité.
La hausse du prix des bons du Trésor américain indexés sur l’inflation est
un indicateur de crainte d’inflation. Les investisseurs en achètent pour
protéger leur argent lorsqu’ils pensent que l’inflation va décoller.
Pour ces deux instruments, négociés quotidiennement par des millions
d’intervenants, il existe deux trackers : TLT pour les bons du Trésor à
long terme et TIP pour les bons du Trésor indexés sur l’inflation.
Le ratio TIP sur TLT vous indique donc le sentiment de M. le Marché quant
à l’inflation. S’il monte cela indique que les gens veulent se protéger
contre un retour de l’inflation. S’il baisse c’est que les gens veulent au
contraire se mettre à l’abri d’une baisse généralisée des prix.
Trois précisions à ce stade :
·
Cet indicateur est plus qu’un « sentiment » ; il
indique là où des millions d’investisseurs institutionnels mettent vraiment
leur argent.
·
Il est nouveau : pas d’antériorité avant 1971.
·
Il est évidemment bien plus avancé que l’évolution des relevés
de prix et des différents indices officiels.
Un mouvement tectonique commence ?
Voici ce que note Graham :
« Depuis 2011, le système financier a été dans une tendance largement
déflationniste. C’est pourquoi le pétrole et les autres matières premières,
les marchés émergents et les métaux précieux ont baissé durant cette période.
Les actions américaines constituèrent une exception, les quantitative easing
ayant fait monter leur prix.
Cette tendance est en train de se retourner pour la première fois de la
décennie. Si cela se confirme, c’est un mouvement tectonique du système
financier. »
Voici un graphique à long terme qui reproduit ces propos. Le canal bleu
matérialise la chute de cet indice inflation.
Maintenant, voyons un graphique plus court terme. Il indique que les
intervenants de marché privilégient désormais le scénario de l’inflation.
Le barrage serait-il en train de se fissurer ?
Dans l’affirmative, c’est maintenant que vous devez vous protéger, vous
aussi. Vous connaissez la méthode, cher lecteur : l’or qui n’est la
dette de personne et a toujours su conserver sa valeur dans ces cas-là.
Car n’oubliez pas : la méthode « hausse des taux » ne
pourra pas être mis en œuvre pour lutter contre la déferlante inflationniste.
Nous aurons une crise des monnaies fiduciaires.
Et si vous cherchez un effet de levier, à engranger des plus-values
lorsque tout le monde sera lessivé, là aussi, nous avons la solution. C’est
maintenant qu’il faut placer votre mise, pas quand le barrage aura déjà cédé.
Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.
Article de Simone Wapler, via les Publications
Agora.
Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora,
spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de
formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu
l’éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert
aujourd’hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais
celle des particuliers.
Elle a publié « Pourquoi la France va faire faillite » (2012), «
Comment l’État va faire main basse sur votre argent » (2013), « Pouvez-vous
faire confiance à votre banque ? » (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015)
aux Éditions Ixelles.