Le marché de l’or actuel n’a rien
à voir avec celui qu’a pu connaître votre père, et
encore moins avec celui qu’a pu connaître votre grand
père.
Au cours de la Grande Dépression, l’or
était une affaire de dents, de bibelots et de sécurité
économique. Vers la fin des années 1970, il est devenu une
affaire mêlant Krugerrands, contrats à
termes, et ces fameux ‘certificats de confiscation’, obligations
du gouvernement aux rendements bien inférieurs à
l’inflation.
A la fin des années 1970, des pièces
d’or venues d’Afrique du Sud affluaient vers le continent
Européen, alors que les Américains concentraient toute leur
énergie sur les produits dérivés. Après une
décennie, le prix de l’or avait été
multiplié par plus de 20, les bibelots et dents en or dont nous avons
fait mention auparavant inondant le marché pour combler la demande. La
mort lente de l’inflation, due à un taux
d’intérêt à deux chiffres, a également
entraîné la mort de l’or. Que pouvait bien être
l’utilité de l’or si plus personne ne pouvait se permettre
d’acheter des bijoux dans le même temps que plus personne ne
nécessitait de défense contre l’inflation ?
Penchons-nous à présent sur
l’année 2011. La demande en or est plus importante
aujourd’hui que lors de son pic de trois ans au cours des années
1980. A l’heure actuelle, la demande en barres et pièces
d’or ne cesse d’augmenter.
Il serait imprudent de penser que le marché de
l’or se comportera dans un futur proche de la même manière
qu’il a pu le faire par le passé, comme l’annonçait
le Gold
Demand Trends, dernier
rapport publié par le Conseil Mondial de l’Or. Au cours de ces
40 dernières années, les caractéristiques fondamentales
de l’offre et de la demande en or, ainsi que l’état
général du marché, ont connu des changements des plus
drastiques.
Dans ce rapport, graphique après graphique
– dans la sous-partie 'The Evolving Structure
of Demand & Supply'
-, nous pouvons observer ces changements sur le marché de l’or
décennie après décennie, depuis 1970
jusqu’à 2010.
Le changement le plus évident, comme vous
pourrez l’apercevoir ci-dessus, est la transformation de la dynamique
de marché, s’étant de plus en plus stabilisée au
fil des décennies, tant au niveau de la demande en or qu’au
niveau de l’offre.
‘Oui,
il est clair que les achats d’or effectués cette année
par la Chine seront supérieurs aux niveaux de l’an dernier et
iront jusqu’à surpasser ceux de l’Inde pour ce qui est du
domaine de la bijouterie’, annonçait Marcus Grubb
de chez WGC.
‘Mais avec 28% de la demande totale, la Chine
n’est en aucun cas le seul pilier dominant. En effet, l’Europe
est devenue pour la première fois l’un des marchés les
plus importants en termes d’investissement sur l’or – plus
important que la Chine ou les Etats-Unis’, poursuivait-il. Alors que
l’accumulation d’or physique se poursuit en Asie, le reste du
monde enchérit sur l’or. C’est là un
caractère très différent du marché de l’or
des années 1980. Assez étrangement, il en a été
ainsi depuis l’arrivée du marché baissier il y a une
dizaine d’années, comme nous pouvons l’observer grâce
au graphique ci-dessus.
La demande en barres et pièces d’or
continue de croître en Inde et en Chine et, comme
l’annonçait Michael Grubb, ‘nous
pensons que ce phénomène n’est pas près de
s’essouffler’. Il est difficile de s’imaginer comment les
demandes chinoise et indienne pourraient bien diminuer, du fait de la
croissance démographique et de l’importance des taux
d’épargne dans cette région du monde.
Les taux de croissance peuvent ralentir et rencontrer
une certaine volatilité, plus particulièrement à des
prix élevés tels que ceux dont souffrent actuellement les
acheteurs indiens. Cela pourra éventuellement ralentir la demande sur
le court terme, mais une diminution de l’appétit de l’Asie
pour l’or sur le long terme demeure improbable. Le marché
haussier n’est pas uniquement le fruit de la ruée vers
l’or des investisseurs occidentaux cherchant à fuir la crise
économique. Il est également supporté par les achats des
banques centrales et des particuliers asiatiques (les pays d’Asie sont
ceux qui actuellement connaissent la plus rapide croissance
économique) ; et par la diminution du nombre de nouvelles
découvertes par les compagnies minières malgré des
records de dépenses en termes de projets d’exploration.
|