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Un monde merveilleux

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Published : January 13th, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Le bouclage du nouveau plan de sauvetage de la Grèce se révèle plus problématique que prévu, alors qu’il se confirme de toute part que la participation des créanciers privés ne va pas diminuer de 100 milliards d’euros la dette grecque comme escompté. La faute en est a une finance toujours dérégulée et des hedge funds qui n’en font qu’a leur tête. Qui peut s’en plaindre ?


C’est en tout cas l’une des raisons pour lesquelles Christine Lagarde rue dans les brancards en poursuivant au nom du FMI une tournée destinée à convaincre les dirigeants européens de mettre davantage au pot pour combler la différence. Philippos Sahinidis, le ministre adjoint des finances grec a sans attendre annoncé la couleur, arguant également de la détérioration de la situation économique d’un pays qui pourrait finir par connaître une explosion sociale, à force de sacrifices toujours renouvelés et toujours insuffisants.


Fin connaisseur du langage d’église, Mario Monti a choisi un autre angle et un autre ton pour exprimer la même préoccupation. Il a mis en garde contre la montée dans son pays d’un sentiment anti-européen et anti-allemand, si ses partenaires ne lui accordaient pas « la reconnaissance et l’estime ». Des termes que l’on a l’habitude d’entendre du côté de Palerme, alors que l’on observe les Mafias du pays prospérant sur la crise grâce à leurs systèmes de prêt parallèles. « L’Union européenne ne montre aucune bienveillance, par exemple sous forme d’une baisse du taux d’intérêt », en vient-il à regretter, faisant implicitement appel à l’intervention de la BCE dans une interview à Die Welt.


Nicolas Sarkozy ayant trouvé un allié pouvant susurrer tout haut ce que lui doit se résigner à penser tout bas, c’est sur un autre terrain que s’est en attendant placé la bagarre. La dernière version en date du grand projet de pacte budgétaire arrondit en effet les angles sur les questions les plus controversées. L’inscription de la règle d’or dans la constitution n’est plus que « préférable », les sanctions automatiques en cas de défaillance le sont de moins en moins. Mario Monti continue de son côté d’enfoncer des clous en réclamant que soit exclu du calcul de la dette les investissements.


Une question en amenant une autre, celle de la croissance revient, alors que l’OCDE confirme par ses prévisions la récession économique générale à l’Europe qui s’annonce et qu’un ministre belge annonce quinze ans à venir de récession, si la politique actuelle est poursuivie.


Mais nos sous-préfets sont aux champs et gèrent la crise européenne comme s’il s’agissait du montage d’un parquet de bal. Pourtant, plus l’on s’approche du mur de la dette qu’il va falloir franchir cette année, plus celui-ci semble élevé. Et le pari reposant sur la capacité des banques et des États à le franchir relève de l’incantation. Les commentateurs soulignent la baisse des taux obligataires intervenus ce matin à l’occasion des émissions espagnole et italienne, en omettant de souligner qu’aux niveaux où ils restent inscrits le poids financier de la dette va encore augmenter, en dépit de tous les efforts de rigueur.


Les banques ne sont pas mieux loties, à observer comment Commerzbank, le second établissement allemand, continue péniblement à réunir de toutes les manières disponibles des fonds pour répondre aux exigences de renforcement de ses fonds propres, afin d’éviter que l’État, déjà présent à hauteur de 25 % de son capital, ne continue d’y monter et même de devenir majoritaire.


En attendant, Jose Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, enfonce une porte ouverte en réclamant le renforcement du pare-feu financier, qui devrait sans attendre la dernière minute, comme à chaque fois, conforter les finances des pays qui menacent de tomber dans le trou. Mais prioritairement, il va falloir déjà régler le douloureux cas grec !


Pour couper court à toute velléité de l’impliquer dans les négociations sur la restructuration de la dette grecque, la BCE vient de faire savoir par la bouche de son vice-président Vitor Constâncio qu’elle ne pouvait pas l’être, puisqu’elles concernent le secteur privé. Mario Draghi, son président, a ensuite tiré la conclusion logique de cette défausse en appelant le gouvernement grec à « agir à nouveau sur le plan budgétaire, mettre en œuvre ses réformes structurelles, avancer sur le front de la consolidation ». L’exigence de faire participer le secteur privé à la restructuration des finances grecques, quoique « compréhensible », « a des conséquences sérieuses et non-intentionnelles, avec lesquelles nous devons vivre maintenant », a-t-il déploré, en reportant les conséquences sur les Grecs. « Tout le monde s’est rendu compte que nous ne voulions pas de participation du secteur privé à l’avenir » a conclu Mario Draghi


À l’initiative par rapport à ses collègues embourbés dans la faillite de leur propre stratégie, Mario Monti proclame que « L’Italie doit jouer un rôle actif pour aider l’Europe à reprendre le chemin de la croissance et de la stabilité », mais comment propose-t-il de s’y prendre, dans ce contexte de disette financière ? Il se fixe trois objectifs : « Assurer l’intégrité du cadre institutionnel de l’UE, éviter que l’on introduise des critères plus rigides [de discipline budgétaire] et des sanctions ultérieures, contrebalancer les normes sur l’assainissement par des règles en faveur de la croissance et la compétitivité ». Ces dernières règles ne sont pas précisées mais reposent sur les fameuses réformes structurelles qui trouvent leur inspiration dans le programme libéral, car Mario Monti prétend relancer la croissance sans augmenter la dépense publique.


Le monde de la finance ne l’a pas attendu pour se libérer des carcans que l’on voudrait lui faire porter, et dont Mario Monti veut soulager économie de leur poids. La banque suisse UBS vient en effet de proposer à sa clientèle choisie de hedge funds un nouveau produit financier qui permet de s’affranchir de l’interdiction de la vente à découvert nue, là où elle est en vigueur, et de continuer ainsi ses fructueux paris. Permettant un contournement de la loi et préfigurant ce qui pourra être fait si une taxe sur les transactions financières devait être instituée par certains pays.

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Les politiques par nature sont en retard d'un train, et les fonctionnaires par essence en retard de deux.

La finance se bat à coups de millisecondes, comment voulez vous qu'ils luttent ? Ils sont condamnés d'avance, et comme ce sont eux qui dirigent, nous aussi.
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Le plus drole dans tout cela, c'est que ces dirigeants qui ont manifestement perdu tout controle de leur FrankenEurope qui demandent plus de pouvoir pour régler les problèmes dont ils sont à l'origine.

Comme le disait Einstein, c'est folie que de croire que les responsables d'une erreur puisse être capables de la réparer...
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La majorité des problèmes provient des solutions.
Slogan pour les gouvernements : "vous détestez les problèmes que nous créeons".

"Attendez juste de voir nos solutions..."
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