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Le
bouclage du nouveau plan de sauvetage de la Grèce se
révèle plus problématique que prévu, alors
qu’il se confirme de toute part que la participation des
créanciers privés ne va pas diminuer de 100 milliards
d’euros la dette grecque comme escompté. La faute en est a une finance toujours dérégulée et
des hedge funds qui
n’en font qu’a leur tête. Qui
peut s’en plaindre ?
C’est
en tout cas l’une des raisons pour lesquelles Christine Lagarde rue
dans les brancards en poursuivant au nom du FMI une tournée
destinée à convaincre les dirigeants européens de mettre
davantage au pot pour combler la différence. Philippos
Sahinidis, le ministre adjoint des finances grec a
sans attendre annoncé la couleur, arguant également de la
détérioration de la situation économique d’un pays
qui pourrait finir par connaître une explosion sociale, à force
de sacrifices toujours renouvelés et toujours insuffisants.
Fin
connaisseur du langage d’église, Mario Monti a choisi un autre
angle et un autre ton pour exprimer la même préoccupation. Il a
mis en garde contre la montée dans son pays d’un sentiment
anti-européen et anti-allemand, si ses
partenaires ne lui accordaient pas « la reconnaissance et l’estime
». Des termes que l’on a l’habitude d’entendre du
côté de Palerme, alors que l’on observe les Mafias du pays
prospérant sur la crise grâce à leurs systèmes de
prêt parallèles. « L’Union européenne ne
montre aucune bienveillance, par exemple sous forme d’une baisse du
taux d’intérêt », en vient-il à regretter,
faisant implicitement appel à l’intervention de la BCE dans une
interview à Die Welt.
Nicolas
Sarkozy ayant trouvé un allié pouvant susurrer tout haut ce que
lui doit se résigner à penser tout bas, c’est sur un
autre terrain que s’est en attendant placé la bagarre. La
dernière version en date du grand projet de pacte budgétaire
arrondit en effet les angles sur les questions les plus controversées.
L’inscription de la règle d’or dans la constitution
n’est plus que « préférable », les sanctions
automatiques en cas de défaillance le sont de moins en moins.
Mario Monti continue de son côté d’enfoncer des clous en
réclamant que soit exclu du calcul de la dette les investissements.
Une
question en amenant une autre, celle de la croissance revient, alors que
l’OCDE confirme par ses prévisions la récession
économique générale à l’Europe qui
s’annonce et qu’un ministre belge annonce quinze ans à
venir de récession, si la politique actuelle est poursuivie.
Mais
nos sous-préfets sont aux champs et gèrent la crise
européenne comme s’il s’agissait du montage d’un
parquet de bal. Pourtant, plus l’on s’approche du mur de la dette
qu’il va falloir franchir cette année, plus celui-ci semble
élevé. Et le pari reposant sur la capacité des banques
et des États à le franchir relève de
l’incantation. Les commentateurs soulignent la baisse des taux
obligataires intervenus ce matin à l’occasion des
émissions espagnole et italienne, en omettant de souligner
qu’aux niveaux où ils restent inscrits le poids financier de la
dette va encore augmenter, en dépit de tous les efforts de rigueur.
Les
banques ne sont pas mieux loties, à observer comment Commerzbank, le
second établissement allemand, continue péniblement à
réunir de toutes les manières disponibles des fonds pour
répondre aux exigences de renforcement de ses fonds propres, afin
d’éviter que l’État, déjà
présent à hauteur de 25 % de son capital, ne continue d’y
monter et même de devenir majoritaire.
En
attendant, Jose Manuel Barroso, le président de la Commission
européenne, enfonce une porte ouverte en réclamant le
renforcement du pare-feu financier, qui devrait sans attendre la
dernière minute, comme à chaque fois, conforter les finances
des pays qui menacent de tomber dans le trou. Mais prioritairement, il va
falloir déjà régler le douloureux cas grec !
Pour
couper court à toute velléité de l’impliquer dans
les négociations sur la restructuration de la dette grecque, la BCE
vient de faire savoir par la bouche de son vice-président Vitor Constâncio
qu’elle ne pouvait pas l’être, puisqu’elles
concernent le secteur privé. Mario Draghi,
son président, a ensuite tiré la conclusion logique de cette
défausse en appelant le gouvernement grec à « agir
à nouveau sur le plan budgétaire, mettre en œuvre ses
réformes structurelles, avancer sur le front de la consolidation
». L’exigence de faire participer le secteur privé
à la restructuration des finances grecques, quoique «
compréhensible », « a des conséquences
sérieuses et non-intentionnelles, avec lesquelles nous devons vivre
maintenant », a-t-il déploré, en reportant les
conséquences sur les Grecs. « Tout le monde s’est rendu
compte que nous ne voulions pas de participation du secteur privé
à l’avenir » a conclu Mario Draghi…
À
l’initiative par rapport à ses collègues embourbés
dans la faillite de leur propre stratégie, Mario Monti proclame que
« L’Italie doit jouer un rôle actif pour aider
l’Europe à reprendre le chemin de la croissance et de la
stabilité », mais comment propose-t-il de s’y prendre,
dans ce contexte de disette financière ? Il se fixe trois objectifs :
« Assurer l’intégrité du cadre institutionnel de
l’UE, éviter que l’on introduise des critères plus
rigides [de discipline budgétaire] et des sanctions
ultérieures, contrebalancer les normes sur l’assainissement par
des règles en faveur de la croissance et la
compétitivité ». Ces dernières règles ne
sont pas précisées mais reposent sur les fameuses réformes
structurelles qui trouvent leur inspiration dans le programme
libéral, car Mario Monti prétend relancer la croissance sans
augmenter la dépense publique.
Le
monde de la finance ne l’a pas attendu pour se libérer des
carcans que l’on voudrait lui faire porter, et dont Mario Monti veut
soulager économie de leur poids. La banque suisse UBS vient en effet
de proposer à sa clientèle choisie de hedge
funds un nouveau produit financier qui permet de
s’affranchir de l’interdiction de la vente à
découvert nue, là où elle est en vigueur, et de
continuer ainsi ses fructueux paris. Permettant un contournement de la loi et
préfigurant ce qui pourra être fait si une taxe sur les
transactions financières devait être instituée par
certains pays.
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