Wallace,
Idaho – Je raconte cette histoire chaque année,
premièrement parce que c’est une histoire vraie,
deuxièmement parce qu’il y a forcément quelqu’un,
quelque part, à qui elle puisse parler.
Quand
j’étais enfant, Noël était pour moi la plus
incroyable des aventures. J’ai grandi sur la côte est de
Vancouver Island, dans une petite ville de mineurs de charbons et de
pêcheurs, où Noël signifiait avant tout un voyage dans le
brouillard depuis Malahat Pass
jusqu’à ma Mecque, qui portait le nom très Anglais de
Victoria.
Je ne
peux qu'imaginer ce que ce voyage représentait à chaque fois
pour mes parents. C’était un peu comme traverser les montagnes Camel’s Hump en plein
hiver, et dans un trafic monstre. Mais pour nous, les enfants, ce
n’était que joie et excitation.
J’ai
été à Disneyland et à Victoria. Les deux endroits
n’avaient rien de comparable. Disneyland avait des montagnes de papier
mâché, mais Victoria avait teck et laiton, l’Empress Hotel, les Crystal Gardens, Ship Chandlers, un musée de cire et un grand
rond-point.
Elle
avait aussi T. Eaton, Simpson-Sears, et
l’Hudson Bay Company,
et un endroit depuis lequel vous pouviez voir la Chine, et de la laine et du
tweed Anglais.
Ce qui
est le plus important aux yeux d’enfants qui grandissent dans une ville
où tous les bâtiments sont à un seul étage, ce
sont les escaliers et les ascenseurs. Aujourd’hui, tous les enfants ont
besoin d’être distraits par Mario Bros.,
mais pour Marc et moi, des escaliers qui bougent, des petites salles qui
montent et qui descendent, c’était beaucoup mieux que
Disneyland.
Nos
parents nous ont une fois laissé devant un escalator d’Hudson Bay Co et donné rendez-vous une heure plus tard.
Et ils se sont en-allés faire des achats de Noël. Et moi aussi.
C’est la première fois que je participais aux achats.
J’avais des sous. La source de mes revenus était mon job de
livraison de journaux, qui me rapportait 4 dollars par mois. J’ai
économisé pendant deux mois. Quel sérieux !
J’ai
abandonné mon jeune frère et suis allé au dernier
étage de l’Hudson Bay Co. Quand vous
avez huit ans, et que vous êtes un garçon, votre mère est
tout ce qu’il y a de plus romantique. J’ai cherché un
cadeau à lui offrir dont elle puisse se souvenir à jamais. Je
suis arrivé au rayon parfums, et un nouveau monde
d’émerveillement s’est dévoilé à moi.
J’ai senti toutes les bouteilles, et après une étude
d’une bonne demi-heure, j’en ai choisi une. Son odeur
transcendait le plus élégant des cuirs de Trans-Canada
Airlines. Elle était douce et merveilleuse, comme ma mère.
J’ai
payé 3 dollars, ait fait emballer mon cadeau, et l’ai mis dans
ma poche jusqu’à la veille de Noël, où je l’ai
déposé sous le sapin. Je me souviens de ce Noël, parce que
c’est le premier Noël qui m’a gardé
réveillé toute la nuit.
Ce
Noël était spécial, il était différent. Je
ne pouvais pas dormir parce que je ne pouvais plus attendre de voir la
réaction de ma mère devant la beauté et
l’excellence de mon cadeau.
J’avais
découvert ce que c’était que de donner.
Et
lorsque le 25 décembre 1959, ma mère a ouvert mon
précieux cadeau, cette bouteille d’Old Spice
après-rasage pour homme, elle a souri d’un sourire radieux.
J’ai appris, bien que quelques années après, que les
meilleurs acteurs du monde ne sont jamais
récompensés par des Oscars. Joyeuses Fêtes, et que vos
Noël sente aussi bon que notre maison ce jour-là.
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