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Nikolai Kondratieff (1892-1938) était un
économiste Russe. Il est à l’origine de la théorie
voulant que les économies capitalistes traversent des cycles longs de 54
années – bien que j’ai pu observer tout au long de mes
recherches que sa théorie était utilisée pour justifier
des périodes économiques d’une durée variant de 40
à 60 ans. Chaque ‘cycle de Kondratieff’ est divisé
en quatre périodes portant le nom des quatre saisons. Chaque vague
commence par une phase de croissance économique et
s’achève par une période de ralentissement
économique pouvant durer plusieurs années. Cette période
finale de ralentissement économique est surnommée ‘hiver
de Kondratieff’.
Un
hiver de Kondratieff est caractérisé par une dépression
et une déflation, comme nous avons pu le voir au cours de la Grande
Dépression des années 1930. Les adeptes de cette théorie
pensent que nous traversons actuellement un nouvel hiver de Kondratieff.
Je ne
suis pas en accord avec la théorie de Kondratieff dans la mesure
où je ne pense pas que les évènements économiques
puissent être pré-déterminés
et suivent des cycles précis. Il n’en est pas moins que, en tant
qu’économiste Autrichien, je reconnaisse que les phases de
croissance économique soient générées par le
maintien artificiel des taux d’intérêt à des
niveaux très faibles, et que toute phase de croissance débouche
inévitablement sur une période de ralentissement
économique. En ce sens, si certains désirent appeler le
ralentissement économique actuel
un hiver de Kondratieff, je n’y vois aucune objection.
Tout
comme dans les années 1930, nous traversons actuellement une
période de dépression. De plus – si tant est que nous
utilisions une monnaie correcte pour calculer les prix -, nous dire que nous
sommes également en phase de déflation. La déflation
actuelle n’est que très peu reconnue, dans la mesure où
les gens n’observent les prix qu’en fonction de leur devise
nationale, et ne les comparent pas à l’or.
Les
prix des actifs en dollars, tels que ceux de l’immobilier, du
pétrole et des actions, chutent, mais cela ne permet pas de justifier
d’une déflation. Cela correspond simplement à la
réévaluation de prix surévalués vers des niveaux
plus adaptés à la réalité. Les prix des actifs
chutent en période de ralentissement économique dans la mesure
où l’excès de crédit issu de la période de
croissance est essoré du système. Cela correspond au processus
de destruction de richesses, qui est très différent d’une
déflation. La déflation, tout comme l’inflation, est un
évènement monétaire.
Les
prix de l’immobilier, du pétrole et des actions peuvent chuter
même si la devise utilisée pour les mesurer traverse une phase
inflationniste. Le dollar souffre actuellement d’une inflation, et ce
même selon l’indice des prix à la consommation officiel
mesuré par le gouvernement des Etats-Unis. Beaucoup de personnes, dont
moi, pensent que cet indice sous-estime le taux d’inflation réel.
Cela signifie que le dollar perd de son pouvoir d’achat. Contrairement
à la période actuelle, en 1930, le pouvoir d’achat du
dollar augmentait, ce qui est normal en période de déflation.
La raison pour laquelle le pouvoir d’achat augmentait à
l’époque est que la devise était liée à
l’or, premièrement à hauteur de 20,67 dollars par once,
puis à hauteur de 35 dollars par once après que Roosevelt ait
décidé de dévaluer le dollar.
Aujourd’hui,
le dollar est une devise fiduciaire. Il n’est plus soutenu par
l’or à un taux fixe, mais y est lié grâce à
un taux de change flottant, habituellement appelé ‘prix de
l’or’. Bien que l’or ne circule aujourd’hui plus que
rarement en tant que devise, il est toujours une monnaie. En
conséquence, il est encore aujourd’hui utile aux calculs
économiques – comme par exemple à celui des prix, afin de
déterminer s’il y a inflation ou déflation.
Considérons
par exemple le prix d’un bien populaire tel que le thé, ayant
augmenté de 49,6% en passant de 2,28 dollars par kilo en janvier 2000
à 3,41 dollars le mois dernier. Calculé en termes de grammes
d’or, le prix du thé a diminué sur la même
période, étant passé de 0,225 grammes d’or par
kilo à seulement 0,066. Pour dire les choses d’une autre manière,
0,251 grammes d’or permettaient le mois dernier d’acheter 3,8
fois plus de thé qu’en 2000. Cette importante hausse du pouvoir
d’achat de l’or est due à la déflation. C’est
là exactement la même chose que ce qu’il s’est
produit dans les années 1930. Une comparaison similaire du prix
d’une multitude d’autres biens nous mènerait aux mêmes
résultats. Les prix des biens et services mesurés en or
diminuent. En d’autres termes, le pouvoir d’achat de la
monnaie-or augmente en raison de la déflation.
Malheureusement,
aujourd’hui, tout le monde calcule l’évolution des prix
strictement en fonction du dollar ou de sa devise nationale. C’est
pourquoi nous entendons dire que ‘le prix de l’or
augmente’. Ce dont les gens devraient se rendre compte, c’est que
le pouvoir d’achat de l’or augmente. En période de
déflation, la monnaie permet d’acheter plus de biens, et
c’est ce qu’il se produit actuellement avec l’or, bien que
cette façon de voir les choses soit généralement
ignorée. Contrairement à ce qu’il se produisait dans les
années 1930, la déflation n’est uniquement visible
aujourd’hui qu’en calculant l’évolution des prix par
rapport à l’or.
Etant
donné les conditions économiques médiocres et la
déflation du prix de l’or, nous traversons bel et bien
aujourd’hui une période qui pourrait être qualifiée
d’hiver de Kondratieff. Afin d’être plus précis, je
préfèrerai appeler la période économique actuelle
une ‘bulle sur les devises fiduciaires’. Cette bulle a
gonflé au cours de ces 40 dernières années, alors que
les gens cessaient peu à peu de comprendre la nature essentielle de
l’or en se tournant vers une devise n’étant soutenue par
rien.
Du
simple fait que les bulles sont des phénomènes ne pouvant
perdurer, cette bulle sur les devises fiduciaires finira à son tour
par éclater. Lorsque cela se produira, ceux qui dénigrent
l’or ou ignorent ses attributs monétaires comprendront que les
caractéristiques qui ont fait de l’or la monnaie de
référence durant plus de 5000 ans n’ont aujourd’hui
ni disparu ni été détruites. Elles existent toujours,
bien qu’elles aient depuis longtemps été oubliées
ou ignorées. C’est cela même qui a permis à
l’émergence de la bulle sur les devises fiduciaires.
Lorsque
la bulle sur les devises fiduciaires finira pas
exploser, le prix de l’or grimpera et les devises fiduciaires
s’effondreront, tout comme cela s’est déjà produit
de nombreuses fois tout au long de l’Histoire. Lorsque la bulle
explosera, je m’attends à ce que l’or retrouve à
nouveau sa place sur la scène monétaire internationale. Je vous
conseille donc de continuer d’accumuler de l’or physique, ainsi
que de l’argent, afin de protéger votre capital et de vous
préparer à l’arrivée de cet
évènement destructeur. Bien que le pouvoir d’achat de
l’or ait augmenté au cours de ces dix dernières
années, son appréciation ne s’arrêtera pas
là…
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