Pour illustrer la difficulté que représente la mesure des
performances de l’or en termes de dollars, je me pencherai aujourd’hui sur
trois graphiques qui présentent le prix de l’or ajusté à l’inflation. Ma
méthode d’ajustement de prix à l’inflation a été discutée dans un article
publié au mois de décembre 2010 et disponible ici.
Regardons tout d’abord le graphique mensuel du prix de
l’or sur le long terme qui est habituellement utilisé pour déterminer ses
performances réelles. Ce graphique présente le prix du dollar d’une époque
précise par rapport à la valeur actuelle du dollar (décembre 2012), ce qui
signifie que les prix de l’or du passé ont été ajustés à la hausse pour
refléter le déclin estimé du pouvoir d’achat du dollar entre la période
étudiée et le moment présent. Par exemple, le prix de l’or de janvier 1980
était de 722 dollars, ce qui en dollars actuels équivaut à environ 3100
dollars. Cela signifie que selon mes calculs, il faut aujourd’hui plus de
quatre dollars pour acheter ce qu’un dollar aurait pu acheter en janvier
1980. Pour dire les choses autrement, disons que le dollar a perdu plus de
75% de son pouvoir d’achat depuis janvier 1980.
Je vous prierai de noter que le graphique ci-dessous
indique le prix de l’or à la fermeture des marchés. Le record de 3100 dollars
de janvier 1980 représente le cours de clôture mensuel du mois de janvier de
cette année. Si j’avais utilisé le cours intra-journalier du prix de l’or,
notre graphique indiquerait un prix de 850 dollars pour janvier 1980, soit
3600 dollars une fois ajusté à l’inflation.
Voici à quoi ressemble le prix
de l’or en dollars de janvier 1980 sur le long terme. En dollars de janvier
1980, le prix actuel de l’or est de 400 dollars.
Voici finalement le
graphique mensuel du prix de l’or en dollars de 1959. En dollars de 1959, le
prix actuel de l’or est de 250 dollars par once. Le fait que l’or coûte
actuellement 1650 dollars signifie qu’il faut désormais 6,60 dollars pour
acheter ce qu’un dollar pouvait acheter en 1959.
Les trois graphiques
présentés ci-dessus sont quasiment identiques. La seule différence réside en
l’axe Y, ce qui illustre bien le problème de la mesure des performances du
prix de l’or en fonction d’un point de référence qui ne cesse de changer (ou
dans le cas du dollar, de diminuer).
Il est intéressant de noter ici que si le dollar n’avait
pas été déprécié entre 1959 et aujourd’hui, c’est-à-dire si le dollar avait
conservé son pouvoir d’achat de 1959 au fil des âges, le prix de l’or ne
serait pas aujourd’hui de 250 dollars (en dollars de 1959). Il serait
certainement encore de 35 dollars. La hausse du prix de l’or en dollars de
1959 depuis 35 jusqu’à 250 dollars l’once représente un gain réel important.
Ce gain réel est dû à la dépréciation des devises sur le long terme.
Comme je l’ai déjà mentionné plusieurs fois par le passé,
si tout ce qui avait découlé de l’inflation monétaire était une réduction du
pouvoir d’achat d’une devise, alors l’inflation monétaire ne serait pas un si
gros problème que cela. Qui se soucie d’une augmentation uniforme des prix au
sein d’une économie ? Tout le monde aurait à dépenser plus d’argent,
mais tout le monde aurait aussi plus d’argent à dépenser.
Le problème n’est pas tant que les prix grimpent en
réponse à l’inflation monétaire, mais qu’en raison de la manière dont la
monnaie circule au sein de l’économie, les prix n’augmentent pas uniformément
et les taux d’intérêts sont distordus. Certaines personnes ou entreprises en
bénéficient aux dépens des autres. Cela entraîne également des booms de
l’investissement. Chaque boom de l’investissement se transforme tôt ou tard
en un gaspillage de ressources et débouche sur un effondrement. En clair,
l’inflation monétaire est responsable des cycles croissance-récession.
A mesure que l’économie oscille entre croissance et
récession, sur le long terme, le capital finit par être alloué de moins en
moins efficacement et le progrès économique ralenti. En plus de ça, les
efforts des banquiers centraux de répondre à un boom causé par l’inflation
par toujours plus d’inflation entraînent un redoublement des oscillations
économiques et un ralentissement toujours plus important de progrès
économique.
Le déclin sur le long terme du progrès économique est dû à
l’utilisation de plus en plus agressive de l’inflation monétaire en tant que
politique économique. L’un de ses effets secondaires est la hausse de la
propension à épargner en termes d’attributs monétaires qui ne peuvent être
dévalués par les banquiers centraux. C’est pourquoi l’or poursuit une
tendance à la hausse sur le long terme. C’est également pour cela que les
analystes qui tentent de calculer la valeur juste de l’or en ne considérant
que les changements en termes d’offre et de demande peuvent s’avérer trop
pessimistes quant à l’avenir de l’or.
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