Un plaisant répit plane sur la
terre où maigrissent les rangs de ceux qui travaillent honnêtement – et où
bien trop nombreux sont ceux qui travaillent trop pour pas assez – alors que
la matrice du racket continue de nous faire croire que les arrangements
actuels de notre vie de tous les jours ont un avenir. Le quart-arrière en
football américain Colin Kaepernick est-il dans les esprits des millions de
gens qui attendent patiemment que chauffe leur barbecue dans leur
jardin ? J’applaudis son refus de se lever pour l’hymne national, bien
que je ne le défende pas pour les raisons qu’il a lui-même données. Je suis
fatigué du symbolisme vulgaire d’une culture déchirée qui demande plus que de
faux discours et des gestes ridicules.
Au cas où vous vous poseriez
la question, la raison pour laquelle nous sommes sujets à toutes ces
répétitions de The Star
Spangled Banner, - l’hymne national américain -, n’est pas la
promotion de l’amour pour le pays, mais plutôt le contraire : la crainte
que toutes ses promesses soient creuses. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi
chaque figure publique porte le drapeau des Etats-Unis épinglé sur son
veston ? Est-il nécessaire pour le Président des Etats-Unis de rendre
public son engagement à son devoir ? N’est-ce pas là quelque chose de
tout à fait logique ? Non. Ce drapeau signale une anxiété de grande
échelle et générale face à la difficulté de la situation, et face à la
possibilité que nous n’ayons plus la confiance ou la clarté de faire face aux
épreuves de notre temps. Le Président Obama pourrait tout aussi bien porter
sur sa veste un crucifix ou une tête d’ail.
En cette année d’élections
présidentielles, la Journée du travail nous permet à tous de reprendre collectivement
notre souffle avant de nous plonger dans une saison d’anxiété politique. Le
nombre d’électeurs potentiels qui sont dégoûtés de devoir faire un choix
entre deux monstres égocentriques est extraordinaire. Si WalMart vendait des
filtres à mensonges, il lui serait peut-être possible d’enregistrer des
profits au troisième trimestre. Autrement, attendez-vous à des performances
économiques de plus en plus décevantes, malgré les contes de licornes que
continuent de nous raconter le
New York Times et CNN.
Ce sont les évènements, et nos
les personnages politiques, qui nous démontreront où nous en sommes dans ce
cycle terminal de l’époque techno-industrielle. Les shamans de la Réserve
fédérale ont usé leur répertoire d’incantations, et ne peuvent plus faire léviter
les marchés financiers. Pire encore, ils ne peuvent plus soutenir la valeur
du dollar. L’or qu’ils servent a arrangé le monde réel de telle manière que
la foi nécessaire au maintien de leur influence illusoire devrait s’écouler
complètement à mesure qu’approche le 8 novembre. Ceux qui arpentent les
couloirs de l’Eccle Building doivent être terriblement nerveux.
La banqueroute soudaine de la
compagnie de maritime sud-coréenne Hanjin a de quoi glacer le sang de
nombreux avocats du globalisme. La fragilité est partout dans ce réseau de
promesses et d’obligations non-tenues. L’ancienne classe moyenne américaine a
perdu sa capacité à absorber davantage de smartphones et de mousse coiffante
Pure Glitz. Elle fait désormais les cent pas sur les faux planchers de ses
McHomes, jonchées de piles de factures impayées, à élaborer des plans pour
repousser l’arrivée de messieurs les huissiers alors que mamie sombre dans un
coma diabétique. Ce sont là les bonnes gens qui composent 70% de l’économie.
Les consommateurs. Peut-être en entendrons-nous parler la semaine prochaine
quand les barbecues du pays auront consommé leur dernier morceau de charbon.
Plus inquiétant encore est la
condition dans laquelle se trouvent les banques. Lorsque sera révélée leur
véritable insolvabilité – qui pourrait coïncider avec l’apogée de la saison
des élections – ne regardez pas vers le bas. La banqueroute d’une société
maritime ressemblera à une verrue sur le dos d’une baleine bleue en pleine
descente à mesure que d’innombrables opérations de négoce seront annulées de
peur que plus rien ne soit jamais payé. Et qu’arrivera-t-il ensuite ?
Ensuite, nous serons forcés de
prêter attention aux dynamiques qui s’installent aujourd’hui. Ou bien nous
continuerons de refuser de voir la vérité en face au point de devenir fous.
J’aime à penser que nous deviendrons fous. Nous n’avons que trop peu de
connaissances de la réalité. Nous préférerions nous écraser et brûler que
changer une once de notre comportement, ou de notre perception.
Trump et Hillary sont les
avatars parfaits de ce brutal atterrissage. Les désordres qu’ils seront tous
deux capables de générer seront le grand spectacle de notre temps.