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Tout le monde a maintenant bien
compris que le lobby bancaire et le pouvoir politique (en particulier les
“régulateurs”) en Occident sont tous deux responsables des
crises à répétition, dont les populations
aisées et pauvres sont également les victimes, parce que
l’un et l’autre sont entremêlés et se soutiennent
l’un l’autre pour ne jamais réformer ce qui doit
l’être, tout en jouant la comédie lors de chaque
réunion du G20 qu’ils progressent vers de nouveaux
équilibres. Tant que les activités des banques de
dépôts et commerciales d’une part, et des banques
d’affaires d’autre part, ne seront pas complétement
séparées; tant que la production de monnaie et/ou de
crédit sera effectuée ex nihilo par des banques centrales,
nécessairement aux ordres du pouvoir politique, ou par des banques
privées à réserves fractionnaires en
réalité structurellement insolvables, n’agissant que pour
le profit maximal de leurs dirigeants; le système financier, bancaire
et monétaire se rapprochera inéluctablement de sa perte.
Et cela parce que lesdites banques centrales n’ayant aucun moyen de
déterminer scientifiquement la bonne quantité de monnaie ou le
juste taux d’intérêt dont une économie ont besoin,
ce ne devrait pas être aux technocrates mais au marché libre de
les décider en fonction de la seule loi de l’offre et de la
demande sur la seule base des besoins réels des utilisateurs (ce qui
était le propre de l’étalon-or dans le cadre du
libéralisme authentique).
Ainsi, aux USA et en
Grande-Bretagne, la Federal Reserve et la Banque
d’Angleterre impriment (planche à billets) en masse de la fausse
monnaie gratuite (taux d’intérêt à court terme
zéro) qu’elles distribuent aux banques privées (qui
s’en servent pour spéculer pour leur propre compte voire pour la
placer dans les pays émergents) ou qu’elles utilisent pour
acheter les obligations émises par leurs Trésors publics
respectifs (monétisation), ce qui ne fait qu’augmenter
l’inflation et chuter le pouvoir d’achat du dollar US comme de la
livre sterling, sans du tout favoriser la reprise économique
réelle parce que la majorité des populations s’appauvrit.
Ainsi, dans l’Union européenne, la BCE fait de même
à un moindre degré tout rachetant les mauvaises créances
des banques privées qui détiennent trop de dettes publiques des
pays PIIGS au lieu d’inciter ces derniers restructurer leurs
endettements, ce qui force ces pays à s’endetter toujours plus
au seul profit de leurs banques créditrices, alors que leur croissance
économique s’effondre du fait de leur absence de
compétitivité, ce qui mine la crédibilité de
l’euro. Les deux méthodes anglo-saxonne et européenne de
nature étatiste et keynésienne sont également mauvaises,
alors qu’il faudrait laisser tomber toutes institutions publiques et
privées non viables afin de purger les endettements excessifs, faute
de quoi on ne fera que gagner un peu de temps tout en aggravant les crises
jusqu’à la chute finale. En réalité, on ne
sortira pas de l’impasse sans procéder à des
réformes structurelles comme l’arrêt des politiques
monétaires discrétionnaires ultra laxistes menées par
les banques centrales occidentales au moyen du rétablissement de
l’étalon-or ou du bimétallisme or/argent-métal. Les
politiciens ne feront pas ces réformes, c’est donc le
marché qui a commencé de s’en charger en faisant
progressivement monter les prix des deux métaux précieux
à des niveaux stratosphériques, ce qui obligera
nécessairement les pouvoirs publics occidentaux à les
réintégrer un jour d’une façon ou d’une
autre comme bases de la création monétaire et du crédit
quand les US Treasury Bonds en dollars US (qui
constituent encore l’essentiel des “réserves” des
banques centrales) s’écrouleront.
A noter que le rejet croissant
du dollar US, de la livre sterling comme de l’euro par leurs
utilisateurs entraine déjà l’immobilité
progressive de leurs fluctuations réciproques puisque ces trois
monnaies ne parviennent plus à monter ni à baisser sensiblement
les unes par rapport aux autres, ce qui est le signe que de plus en plus de
gens ne croient plus que les unes ou les autres puissent offrir
d’opportunité pour placer leurs capitaux, d’où la
fuite vers l’or et l’argent-métal quelle que soit la
monnaie dans laquelle on les traite. Ainsi, la parité euro/dollar
US (sur-achetée à court terme)
pourrait plus ou mois s’immobiliser, puisque ces deux monnaies de
papier sont aussi mauvaises l’une que l’autre, au profit
temporaire de quelques monnaies périphériques comme le franc
suisse et le dollar australien qui continueraient de s’apprécier
tant par rapport à l’euro qu’au dollar US,
jusqu’à ce qu’elles-mêmes à leur tour se
délitent. Parce que, comme l’avait déjà
remarqué Voltaire (1694-1778) : “Une monnaie de papier,
basée sur la seule confiance dans le gouvernement qui l’imprime,
finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque,
c’est-à-dire zéro”!
Nous restons convaincus que
l’or et l’argent-métal finiront par monter progressivement
(avec des corrections intermédiaires plus ou moins violentes) vers
2.550 et 150 USD l’once, soit leurs prix nominaux de 850 et de 50 USD l’once atteints en
1980 multipliés par un facteur 3 pour tenir compte de
l’accroissement de l’inflation, de l’augmentation de la
masse monétaire ex nihilo et de la chute du pouvoir d’achat
depuis cette année-là. On notera ici que plusieurs pays
sud-américains et africains sont proches de procéder à
la prise de contrôle directe de leurs ressources naturelles, en
particulier via la nationalisation de leurs mines d’or,
d’argent-métal et d’autres métaux, comme
l’avaient fait les pays arabes dans les années 1970 avec la
nationalisation de leur production (et du raffinage) de pétrole. Ce
qui est fortement haussier pour les prix desdits métaux mais
très baissiers pour les actions des sociétés
minières. Cette politique, sur le modèle de celle
appliquée par Chavez au Venezuela, pourrait être suivie par Humala s’il devenait prochainement président
du Pérou (1er producteur mondial d’argent-métal,
2éme de cuivre et 5éme d’or) mais aussi par Morales en
Bolivie (gros producteur d’étain, de plomb,
d’argent-métal et de cuivre), comme par Mugabe au Zimbabwe,
voire d’autres leaders qui estiment (à tort ou à raison)
que les populations de leurs pays sont injustement privées des revenus
de leur sous-sol. Si l’on ajoute à cela
l’instabilité grandissante au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
en relation avec les révoltes populaires et la poussée
inflationniste globale provenant du laxisme monétaire occidental; tout
indique que les prix du pétrole, des métaux et des
matières premières en général devraient
poursuivre leur ascension. L’or et l’argent-métal
étant devenus le meilleur placement puisque, quelle que soit la
monnaie dans laquelle on les achète, ils montent tour à tour:
si le dollar US baisse, ce sont leurs prix exprimés en dollars US qui
montent et si le dollar US monte, ce sont leurs prix exprimés dans les
autres monnaies montent! Autrement dit, il faut acheter les deux
métaux précieux dans plusieurs monnaies. Mais ne pas
traiter platine et palladium, plombés par la récession
japonaise suite au tsunami et la chute de la production automobile.
Pour revenir sur la connivence
entre le lobby bancaire et le pouvoir politique, cette semaine a
été marquée par la saga sans fin des manipulations
réalisées par Goldman Sachs, le Congrès US ayant enfin
clairement établi la double responsabilité de cette banque
devenue un État dans l’État et des
“régulateurs” (mais aussi des agences de notation
payées les banques) dans la crise des subprimes
et autres produits toxiques crées par Goldman qui les commercialisait
à ses clients pendant qu’elle spéculait contre eux (en
vendant ces mêmes instruments qu’elle savait pourris pour son
propre compte). Cette semaine aussi, Goldman Sachs s’est
illustrée par une recommandation stupide de vente du pétrole
brut, des métaux et autres matières premières qui ont
accusé le coup en baissant brutalement pendant quelques jours puis
sont remontés à leurs niveaux de prix initiaux et parfois au
dessus. Cette recommandation était-elle motivée par le
désir de Goldman Sachs de les acquérir pour elle-même
à de meilleurs cours? Indépendamment, de la réforme
bancaire visant à séparer les activités des banques de dépôts
et d’affaires, il faudrait interdire en attendant aux banques de
pratiquer des activités spéculatives de trading
pour leur propre compte, ce que les responsables politiques se gardent bien
de faire d’0ù le caractère inaudible de leurs
recommandations visant à limiter les bonus des traders puisqu’on
ne peut pas traiter l’effet sans en supprimer la cause! Idem pour les bullion banks qui manipulent
à la baisse les métaux précieux depuis des années
avec la bénédiction des “régulateurs” puis
finiront par demander aux banques centrales ou aux Etats
(c’est-à-dire aux contribuables) de couvrir leurs pertes sans
évidemment les avoir fait bénéficier de leurs gains
passés!
On notera, par ailleurs, que
les prix de l’essence continuent de monter aux USA et ailleurs (1er
graphique ci-dessous), ce qui provoquera le retour des économies
occidentales en récession, et que la hausse du pétrole est
structurellement baissière pour le S+P500 (2éme graphique
ci-dessous), lequel devrait se retourner durablement à la baisse avec
les autres marchés d’actions (à partir de mi-juin 2011
probablement), la première alerte de ces derniers jours semblant
enrayée. Pour ceux qui sont familiers des cycles économiques,
on peut donc dire que l’Occident est toujours dans l’hiver de Kondratieff, qui est traditionnellement favorable aux
actifs réels (métaux précieux, matières
premières) par rapport aux actifs de papier (monnaies, actions,
obligations), dont il ne sortira qu’après la
dépression hyper-inflationniste qui détruira tous les
excès d’endettement, même si les banques centrales
occidentales tentent inutilement par tous les moyens de prolonger au maximum
la pyramide du crédit qu’elles devraient au contraire laisser
s’écrouler pour sortir enfin de la crise et repartir sur des
bases assainies.
A court terme, les actions US
pourraient remonter mais elles ne devraient pas dépasser notablement
leur double top vers 1340-1350 sur le S+P500, surtout si la Fed ne continue
pas tout suite son Quantitative Easing massif
après fin juin 2o11.
Pierre
Leconte
Article originellement
publié ici
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