Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
J’étais hier l’invité d’Ecorama ou nous avons longuement abordé le problème des indépendants et des dysfonctionnements du RSI. Pour voir ou revoir la vidéo c’est ici.
Je souhaitais juste vous poser une question. Une seule. Pourquoi les taux d’intérêt sont-ils négatifs en Europe mais pas aux États-Unis ? Si je vous demande cela, c’est juste parce que si l’on regarde les politiques monétaires menées outre-Atlantique par la FED (la banque centrale américaine), on ne peut pas dire que cette dernière ait lésiné sur l’impression de billets tous frais et tout neufs !!
Allons même plus loin… Cela fait presque 6 ans que les Américains impriment autant de fausse monnaie que nécessaire avec les différents QE (quantitative easing) alors que la BCE de Mario Draghi vient tout juste de s’y résoudre avec son plan massif de 1 000 milliards d’euros… Pourtant, en Europe, les taux sont négatifs et pas aux USA ? Une idée ? Une théorie ?
Dis papa, un taux négatif c’est quoi ?
C’est simple mon garçon, un taux négatif c’est une aberration économique puisque c’est quand celui qui prête est prêt à payer l’emprunteur pour lui prendre ses sous… En d’autres termes, il faut être sacrément con pour payer quelqu’un à qui tu prêtes ton propre pognon… Évidemment fils, je te déconseille de placer aussi stupidement ton argent… Éventuellement tu fais un don si tu veux avoir bonne conscience mais ton argent, bien sûr, tu ne le prêtes pas si c’est pour rien gagner du tout.
Alors si c’est aussi stupide, pourquoi les taux sont-ils négatifs en Europe et pas aux États-Unis ? Le financier européen est-il un abruti fini et plus ou moins fini que le financier américain ? Non… il y a visiblement autre chose.
Tenez, regardez, je vous donne un indice, c’est du côté du pays en pleine reprise économique, vous savez oui, c’est ça, le « miracle » espagnol avec ses 2 % de croissance reposant sur une augmentation de 7 % de la dette totale (je sais tout ira bien)…
La 4e banque d’Andorre secouée par un scandale de blanchiment
Voilà ce que l’on a appris aujourd’hui :
« Le secteur bancaire de la principauté d’Andorre est en pleine tempête avec pour première victime à l’international une filiale madrilène de la Banca Privada d’Andorra (BPA) suite à des accusations américaines de blanchiment d’argent et de liens avec la mafia.
Un des plus hauts responsables de la banque à Andorre, Joan Pau Miquel Prats, a été mis en examen lundi pour blanchiment d’argent et liens avec la mafia chinoise et incarcéré.
En Espagne, la filiale de la BPA Banco Madrid a déposé le bilan suite à une « très forte détérioration financière (…) conséquence des importants retraits de fonds de clients », a annoncé lundi la Banque d’Espagne qui en a pris le contrôle le 10 mars.
Cette filiale à 100 % de la BPA depuis 2011 est spécialisée dans la gestion de fortunes, avec quelque 15 000 clients privés et institutionnels en Espagne. Gestionnaire d’un total de 6 milliards d’actifs, elle s’est vu suspendre ses activités. »
À ce niveau-là de votre lecture, vous devez comprendre que 15 000 épargnants viennent de se faire royalement couillonner leur épargne… et qu’il vaut mieux, des fois, ne pas gagner beaucoup, voire rien du tout, plutôt que de risquer… perdre !
« Des personnes en colère dans de longues files d’attente ont tenté de retirer leur argent et de fermer leurs comptes, a constaté une correspondante de l’AFP.
Mais la banque a limité les retraits à 2 500 euros par personne, par compte et par semaine, a confirmé M. Cinca… »
Là vous devez comprendre qu’ils sont vraiment couillonnés et qu’ils ont perdu leur pognon mais qu’on leur refile royalement deux ou trois miettes pour pouvoir faire les courses ce soir…
Revenons à taux négatifs !
Bon, j’espère que vous avez compris mon message subliminal sinon je ne peux plus rien pour vous. Les banques SONT fragiles et toutes les nouvelles législations ont été faites sur mesure pour ruiner les épargnants en cas de faillite d’une banque en lieu et place du contribuable, ce qui est une bonne solution.
Cela veut dire en revanche une chose ! En tant qu’épargnant, vous avez intérêt à mettre vos sous dans une banque qui soit sûre et lorsque vous regardez les bilans des banques, ils sont presque tous moisis (inutile de m’envoyer un mail pour savoir si votre banque à vous est meilleure que celle du voisin, la réponse est non, elles sont toutes pourries).
MAIS… une très grande banque a nettement moins de chance de se voir laisser tomber par l’État qu’une petite banque et 15 000 clients, fortunés de surcroît, il n’y aura pas de quoi faire pleurer les madames Michus…
Cela veut dire que votre épargne, votre cash, vos dépôts bancaires sont soumis au risque de faillite de votre banque. L’écrasante majorité des épargnants français ne veulent pas le comprendre mais lorsque vous voyez que les taux sont négatifs, cela veut dire que les très gros épargnants (comme les fonds de placements, les entreprises, etc.), eux, l’ont parfaitement compris et ils préfèrent perdre un tout petit peu d’argent avec un taux négatif que de prendre le risque de tout perdre en cas de faillite de leur banque ! Eux non plus n’ont pas trouvé LA bonne banque, celle où tous les sous seraient en sécurité, et c’est logique car c’est tout le système bancaire européen qui bat de l’aile.
Autre chose d’ailleurs, si les taux sont négatifs en Europe et pas aux USA c’est que la vulnérabilité de l’euro, de notre monnaie « unique », fragilise directement et encore plus un système bancaire européen déjà moribond.
Ne vous y trompez pas, il faut débancariser et surpondérer les actifs tangibles. Comme vous le savez, cela va des métaux précieux à l’immobilier en passant par les lopins de terre ou les voitures de collection (que certains collectionneurs m’ont demandé avec humour de ne pas mentionner pour ne pas faire monter les cotes !). Faites ce que vous voulez mais n’oubliez pas une chose : les taux négatifs, cela veut dire quelque chose !
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)