Le système des retraites est condamné. Les caisses de retraite américaines qui souhaitent baisser le montant des retraites commencent à se manifester depuis la loi de 2014 permettant de telles diminutions en raison de l’ombre des faillites qui plane. Si cet élan de bon sens, aussi dramatique soit-il, est le bienvenu, on reste toujours dans le domaine de l’absurde : dans le cas qui nous occupe, celui du Central States Pension Fund, les mesures auxquelles s’opposent de nombreux retraités et socialistes ont pour objectif « de donner 50 % de chances à la caisse de retraite d’opérer durant les 30 années à venir. » Autrement dit : le système des retraites est un Ponzi, comment faire pour le faire perdurer le plus longtemps possible ? Article du Washington Post, publié le 20 avril 2016 :
« Plus d’un quart de million de routiers en activité et à la retraite, ainsi que leur famille, pourrait bientôt voir le montant de leur retraite baisser sévèrement, même si leur caisse dispose encore de plusieurs années de liquidités devant elle.
D’ici quelques semaines, le Département du Trésor doit rendre une décision attendue concernant son approbation ou son rejet de réduction des retraites de l’une des caisses les plus importantes du pays.
Les baisses potentielles sont autorisées depuis la législation ratifiée par le Congrès en 2014. Pour la première fois, les caisses de retraite sont autorisées à baisser le montant des retraites si cette mesure permet d’améliorer sa solvabilité. Cette loi a affaibli les garanties fédérales qui, pendant plus de 40 ans, protégeaient l’un des derniers piliers sur lesquels les travailleurs pouvaient se reposer afin d’assurer leur sécurité financière durant leur retraite.
Pour de nombreux travailleurs, la promesse de revenus garantis à vie, un avantage dont ne bénéficient plus la plupart des dernières générations, était parfois suffisante pour les convaincre de faire une croix sur une augmentation de salaire ou un poste plus valorisant. Mais après des décennies de défis qui ont placé de nombreuses caisses de retraite en position financière délicate, certaines personnes sont en train d’apprendre que les promesses qui leur ont été faites en termes de retraite pourraient bientôt ne pas être tenues.
Le Central States Pension Fund, qui gère les retraites des membres du syndicat de chauffeurs routiers Teamster actif dans plusieurs états comme le Texas, le Michigan, le Wisconsin, le Missouri, l’État de New York et le Minnesota, fut le premier à demander de pouvoir tirer profit de la nouvelle loi en réduisant les retraites.
Des avocats protégeant les consommateurs qui suivent le dossier affirment que cette décision pourrait encourager des douzaines d’autres caisses de retraite américaines, qui éprouvent des difficultés financières, à procéder à des réductions similaires.
« Cela va déboucher sur une crise nationale pour des centaines de milliers, peut-être des millions de retraités et leurs familles » a déclaré Karen Friedman, vice-présidente exécutive du Pension Rights Center.
Comme bien d’autres plans de pension, le Central States Pension Fund a enregistré de lourdes pertes sur ses investissements durant la dernière crise financière, qui a rogné sur les liquidités disponibles pour payer les retraites. Si les marchés actions se sont redressés entre-temps, l’embellie n’est pas suffisante pour compenser des pertes qui se sont creusées lorsqu’une série de sociétés alimentant la caisse se sont abstenues tandis que le nombre de retraités bénéficiant de paiements a augmenté, a déclaré Thomas Nyhan, directeur du Central States Pension Fund.
Ce déséquilibre signifie que cette caisse de retraite paye 3,46 dollars de retraites pour chaque dollar de contribution qu’elle reçoit. Ce trou a conduit cette caisse à payer chaque année 2 milliards de dollars de retraites supplémentaires par rapport à ses revenus.
Si rien n’est fait, la caisse de retraite pourrait être insolvable d’ici 2025, a déclaré Nyhan. Et vu la taille de son institution, sa chute pourrait dépasser la Pension Benefit Guaranty Corporation, l’organisme chargé de garantir les caisses de retraite privée en cas de faillite, a déclaré Nyhan. (…)
Si le Trésor approuve la demande, le chèque de ces retraités pourrait baisser dès le 1er juillet. Dans ce cas, la caisse disposerait de 50 % de chances de survivre pour 30 nouvelles années au lieu de faillir d’ici 10 ans en cas d’immobilisme, a déclaré Nyhan. Une décision est attendue le 7 mai. (…)
Ava Miller, 64 ans, et son mari Ed Northtrup, 68 ans, pourraient voir leurs revenus chuter de 7 000 à 3 000 $, d’après la lettre qu’ils ont reçue en octobre. Si le plan devait être validé, Miller a déclaré qu’ils devraient puiser dans leurs économies afin de rembourser leur crédit hypothécaire de 1 300 $, payer leur facture de chauffage ainsi que les coûts engendrés par leurs voyages pour visiter sa mère de 84 ans. Northrup, chauffeur routier à la retraite, a commencé à postuler à des postes de chauffeur routier afin de compenser une partie du manque à gagner.
Les adversaires des baisses des retraites affirment que la caisse dispose encore de temps pour trouver une solution (sic). Certains retraités et d’autres se sont rassemblés derrière la loi proposée par le candidat démocrate à la présidentielle Bernie Sanders, qui prévoit l’annulation de la loi permettant les baisses des retraites. Il incomberait à l’État de voler au secours des caisses de retraite en difficulté. (…) »