Le capitalisme de connivence est destructeur
d’opportunités, de richesses, d’emplois et
d’adhésion républicaine, comme l’a très bien
montré l’émission Capital de M6 Réaction à chaud.
Deux émissions de télévision sont venues
cette semaine ajouter un peu plus à l’écœurement du
simple citoyen que je suis, quand bien même je suis
déniaisé depuis longtemps quant à la pourriture de notre
classe politique.
Mercredi, c’est « Cash
Investigation » qui montrait comment syndicats, patronats et
partis politiques détournaient sans vergogne une grande part de
l’argent de la formation professionnelle de son but initial.
Hier soir, c’est « Capital » qui
s’est attaqué aux lobbys qui sclérosent la France.
J’ai raté le début, mais la seconde moitié valait
son pesant de vomissures.
Un exemple : un entrepreneur fonde dans le sud de la France un
service de VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) low cost. La
boite s’appelle EasyTake et semble
connaître un franc succès au démarrage. Panique des taxis
qui vont réussir à couler le concurrent… avec
l’aide du ministère de l’intérieur qui va changer
deux fois la loi, par peur d’une grève des taxis :
§
Une première fois pour imposer une longueur minimale
des véhicules, de 10cm supérieure aux 4m40 choisis par Easytake. Celui-ci est obligé de renouveler sa
flotte de véhicules. On peine à comprendre pourquoi un
véhicule de 4m40 serait impropre au transport de passagers
payants…
§
Comme l’intrus n’a pas renoncé, le lobbying
des taxis fait, un peu plus tard, changer la puissance minimale du moteur
obligatoire. EasyTake doit jeter
l’éponge, ne pouvant pas renouveler deux fois en 6 mois sa
flotte. Faillite, investisseurs ruinés, 20 chauffeurs à
pôle emploi.
Il s’agit d’un « petit scandale
ordinaire » du capitalisme socialisé, ou
« capitalisme de connivence ». Un entrepreneur a
été spolié, ruiné, par la complicité
d’un syndicat de taxis puissant et de l’État.
Bien sûr, cet entrepreneur ne peut en aucun cas
espérer obtenir une quelconque réparation du braquage, pardon,
du préjudice subi, de la part de ceux qui ont manigancé sa
perte. Le vol légal parfait. L’histoire ne dit pas si le
ministre qui a cédé sous la menace des taxis n’a pas, en
contrepartie de sa bonne composition, reçu quelque compensation. Je
n’en serai pas outre mesure surpris. Mais qu’importe : aucun
acteur de ce massacre législatif ne sera jamais
inquiété.
Une boite qui offrait un service utile à un prix
inférieur à celui de ses concurrents est morte. Ce n’est
évidemment pas le drame du siècle. Mais on imagine sans peine
que chaque année, plusieurs dizaines de petits nouveaux entrants qui
tentent de bousculer tel ou tel lobby établi se font casser les reins.
Ce n’est pas qu’un problème
économique. C’est le signe que notre État de droit est en
train de mourir.
La dernière partie de l’émission a
présenté quelques moyens par lesquels des lobbyistes
professionnels, mandatés par tel ou tel groupe
d’intérêt, faisaient passer auprès de
l’assemblée des amendements favorables à leur point de
vue. L’envers du décor, en quelque sorte. Un amendement sur deux
serait en fait préparé par des officines
spécialisées, qui fourniraient les députés en
amendements prêts à voter.
Rappelons que tout ceci n’a rien à voir avec le
libéralisme, car évidemment, il se trouvera toujours quelques
gauchistes pour affirmer le contraire. Les libéraux sont pour la
compétition. Pour que les modèles de business nouveaux et
efficaces remplacent les anciens. Ils sont contre l’usage de la force
réglementaire ou fiscale de l’État pour
privilégier untel ou untel. Ce qui se passe en France n’a pas
vraiment de nom labellisé. Oligarchisme, Kleptocratie, Capitalisme socialisé, de
connivence… Quel que soit le nom qu’on lui donne, ce
« modèle » d’organisation de
société est destructeur d’opportunités, de
richesses, d’emplois, et plus encore, d’adhésion
républicaine.
Le ras-le-bol des français vis-à-vis de cette
concussion permanente dont ils sont les cocus, et le réflexe
manichéen des profiteurs de ces prébendes de faire accuser un
libéralisme qui n’existe que dans leurs fantasmes, risque de
jeter des masses d’honnêtes gens dans les bras de joueurs de
pipeau extrémistes, qui se contenteront à leur tour de
détourner la force coercitive de l’État au profit de
leurs protégés. Et pour que les dénonciateurs se
taisent, ils rogneront encore plus sur notre liberté d’exposer
leurs turpitudes.
Le seul moyen d’en finir est de retirer à
l’État le pouvoir d’accorder des privilèges. En
1905, nous séparions la religion de l’État. De la
même façon, nous avons aujourd’hui besoin d’une
grande loi de séparation du capitalisme et de l’État,
voire d’une VIème république vraiment libérale.
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